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PSG-Real: comment Vinicius Junior a changé de dimension cette saison

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Après des débuts contrastés au Real Madrid, Vinicius Junior a passé un cap cette saison sous les ordres de Carlo Ancelotti. Plus tueur, le Brésilien de 21 ans est en pleine confiance à l'heure d'affronter le PSG en huitième de finale aller de la Ligue des champions (ce mardi à 21h, sur RMC Sport 1).

"Il fait n'importe quoi. Frère, joue pas avec lui, la vie de ma mère. Il joue contre nous." Qu’il semble loin ce 27 octobre 2020. Ce jour-là, Karim Benzema se lâche dans les couloirs du Borussia-Park. A la mi-temps d’un match de Ligue des champions contre Mönchengladbach (2-2), les caméras de télévision filment le buteur français en pleine discussion avec Ferland Mendy. Agacé, tendu, il lui demande clairement d’arrêter de servir un de leurs coéquipiers au Real Madrid. Ce partenaire, c’est Vinicius Junior. Et il a bien grandi depuis cet épisode. Un temps raillé pour son manque d’efficacité devant le but, ses maladresses techniques et sa propension à courir la tête dans le guidon, le Brésilien de 21 ans est aujourd’hui un tout autre joueur. Il sera l’un des principaux dangers pour le PSG ce mardi en huitième de finale aller de la Ligue des champions (21h sur RMC Sport). Peut-être même l’atout numéro un des Madrilènes en cas d’absence de Karim Benzema au coup d’envoi.

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Il y a encore quelques mois, Paris ne se serait pas vraiment méfié de l’ancien ailier de Flamengo. Il a fallu attendre l’arrivée de Carlo Ancelotti pour qu’il passe un nouveau cap, jusqu’à former l’un des duos les plus efficaces d’Europe avec "KB9". Arrivé en Espagne à l’été 2018, il a d’abord eu du mal à justifier les 45 millions d’euros posés par le Real pour devancer Barcelone et une poignée d’autres clubs dans ce dossier. Trop de pression ? Un transfert difficile à assumer ? Un système peu adapté à ses qualités ? Ses premiers pas ont été compliqués. Il a eu besoin d’être couvé par Zinedine Zidane. Avec le champion du monde 1998, Vinicius a gagné en rigueur, au point de devenir un bourreau de travail toujours prêt à faire du rab après l’entraînement ou à la salle de musculation. La clé pour bosser son endurance et son explosivité. Un cuisinier et un préparateur physique ont aussi rejoint son staff personnel. Objectif : tout mettre en place pour espérer un jour faire aussi bien que Cristiano Ronaldo, un de ses modèles.

Le rôle majeur joué par Ancelotti

Malgré ce boulot de l’ombre et ce souci du détail, ses matchs se sont accompagnés d’un sentiment de frustration. Comme s’il lui manquait une dose de confiance pour gommer ses derniers défauts. Décrié, sans cesse remis en question par des supporters intransigeants, il a longtemps enchaîné les mêmes actions : des raids en solitaire gâchés par des ratés incroyables dans la zone de vérité. Des séries de dribbles conclues par des frappes en tribunes qui exaspéraient tout le monde comme Benzema lors de cette rencontre de C1. Le déclic, Vinicius a fini par l’avoir grâce à un homme : Ancelotti. Dès son retour sur le banc du Real l’été dernier, l’Italien lui a fait comprendre qu’il miserait sur lui en toute circonstance. Des paroles suivies d’actes. Finies les sorties à l’heure de jeu ou les passages sur le banc... Son temps de jeu a tout de suite augmenté. Et ses progrès ont été fulgurants. Tout en gardant son coup de reins et sa faculté à torturer les défenses par ses arabesques, il est devenu plus puissant et régulier. Plus tueur, aussi. Avec un jeu basé sur le spectacle et la prise de risques.

"Il est extraordinaire. C'est un joueur qui a quelque chose de spécial dans les pieds, dans son physique. Ce qui me surprend chez lui, c'est sa capacité à marquer des buts. Sa qualité individuelle en un contre un, on la connaissait, on savait qu'en dribbles et en vitesse, il était très fort. Mais ce qui surprend tout le monde, c'est sa capacité à marquer, qu'il n'avait pas avant. Savoir être décisif quand tu n'as pas d'opportunités de t'illustrer dans ton point fort, le un contre un, c'est une autre étape pour devenir l'un des meilleurs du monde", confiait à son sujet Ancelotti en novembre dernier. Avec le "Mister", Vinicius s’est libéré. Lui qui n'avait jamais marqué plus de trois fois lors de ses trois premières années en Liga en est déjà à 12 buts cette saison. "C'est le fruit de beaucoup de travail, de nombreuses heures d'entraînement à Valdebebas, expliquait le principal intéressé dans un entretien pour AS en septembre. Depuis le début de la saison, je me sens très bien. J'ai la confiance du coach. C’est la clé pour un attaquant. Ancelotti me dit qu’il est préférable de jouer en une ou deux touches de balle avant de conclure. C’est mieux pour moi, et les stats sont là pour en attester. Nous nous créons plus d’occasions et marquons aussi davantage."

Une complicité évidente avec Benzema

Comme Ancelotti, Benzema a joué un rôle majeur dans son évolution. Les propos maladroits tenus par l’ancien lyonnais fin 2020 ne doivent pas faire oublier qu’il a participé à rendre meilleur son compère d’attaque. Ces deux-là ont appris à combiner ensemble, à laisser l’un prendre le côté gauche pour permettre à l’autre de s’infiltrer dans l’axe. Leur complicité se retrouve dans leurs courses, leurs prises de décision et dans les espaces réduits. Le jeu déroutant du Brésilien se marie parfaitement à l’intelligence de jeu rare du Français. "Nous n'allons retenir que le truc que j'ai dit, ceci, cela. Mais je sais ce que je lui ai apporté, rappelait Benzema dans les colonnes de France Football le mois dernier. Il faut lui poser la question. Aujourd'hui, il n'est plus le même joueur. Il fait ce qu'il devait faire depuis longtemps et tu ne peux rien lui dire. C'est un jeune joueur, très bon. Il faut juste lui parler. Je sais qu'il était capable de produire beaucoup plus. Donc, en deux ou trois phrases sur le terrain, en deux ou trois mouvements, je lui ai montré des choses, surtout dans les vingt derniers mètres. Il doit prendre la décision lui-même, centrer pour la passe décisive, pas pour rien, ou tirer pour marquer. Il lève la tête, il regarde avant. Il a mis ça en marche. Aujourd'hui, voilà, c'est du Vinicius !"

Devenu plus qu’un complément du capitaine madrilène, Vinicius est une menace permanente. Un poison qui sait à peu près tout faire. Comme s’amuser de cinq défenseurs avant de finir du gauche (face au Shakthar le 19 octobre). Ou offrir la victoire aux siens d’un missile du droit depuis l’extérieur de la surface (contre Séville le 28 novembre). Au moins, le PSG est prévenu. Même sans un Benzema au top de sa forme, le Real se présentera au Parc avec une arme de destruction massive.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport