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PSG-Real: palmarès, jeu, management... quel souvenir a laissé Ancelotti à Paris?

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Opposé au Real Madrid en huitièmes de finale de la Ligue des champions (15 février et 9 mars sur RMC Sport), le PSG va retrouver Carlo Ancelotti, resté sur le banc parisien de janvier 2012 à juin 2013, avec un bilan contrasté.

Un costume cravate parfaitement ajusté, des cheveux grisonnants bien peignés et beaucoup d'assurance dans la voix. Une certaine idée de la classe à l'italienne, en somme. Il est un peu plus de 15h ce 30 décembre 2011 lorsque Carlo Ancelotti arrive dans la salle de projection du Parc des Princes. Malgré un titre honorifique de champion d'automne, Antoine Kombouaré vient d'être viré quelques heures plus tôt, sacrifié sur l'autel du clinquant par des propriétaires bien décidés à faire entrer leur club dans une nouvelle dimension. "Bonjour, je suis ravi d'entraîner le PSG, un club fantastique. Je pense que je peux faire un bon travail ici, pour que Paris devienne un grand club d'Europe", lance le "Mister", en français s'il vous plaît, aux côtés d'un Leonardo à l'aise dans son rôle de maître de cérémonie.

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"Il a mis trois jours pour apprendre ses phrases", se marre le directeur sportif parisien, tout heureux de voir débarquer un entraîneur au CV long comme le bras: deux Ligues des champions, deux Supercoupes d’Europe, un Mondial des clubs, un Scudetto, une Coupe d’Italie, une Supercoupe d’Italie, une Premier League, une Cup ou encore un Community Shield.

C'est cette culture de la gagne que les dirigeants qataris sont allés chercher. Un manager habitué à gérer les egos, les situations de crise et la pression médiatique. Un tacticien censé mettre fin aux passe-droits et offrir au PSG une véritable identité tactique en même temps qu'une vitrine internationale. Entre les deux, l'amour aura duré un an et demi. Le temps de réussir de bonnes... et de moins bonnes choses.

Un seul titre remporté

Revenu l'été dernier au Real Madrid, que le tirage au sort a placé sur la route des Parisiens en huitièmes de finale de la Ligue des champions (15 février et 9 mars sur RMC Sport), Ancelotti a laissé derrière lui un bilan contrasté dans la capitale française. En termes de style et de résultats.

Premier coach choisi par QSI, il est d'abord celui qui accompagne la croissance express du club parisien avec un titre de champion de France - le premier du club depuis 19 ans - et une belle aventure en Ligue des champions lors de la saison 2012-2013, avant son départ pour le Real. Cette année-là, son triomphe en Ligue 1 est sans ambiguïté puisque Paris termine en tête avec 12 points d’avance sur son dauphin marseillais et 16 sur Lyon. En C1, il passe tout près d’éliminer en quart de finale le Barça de Lionel Messi (2-2 à l'aller, 1-1 au retour), ce qui aurait été une sacrée performance.

Mais à côté de ce joli parcours européen, le PSG version Ancelotti, c’est aussi des échecs. Comme cette première saison terminée à trois points de Montpellier en Ligue 1. Comme ces éliminations précoces en Coupe de France et en Coupe de la Ligue. A Paris, Ancelotti n'arrive pas à insuffler une motivation sans faille à ses joueurs, qui en auraient eu besoin pour apprendre qu'un grand club européen ne se relâche jamais. Encore moins en quarts de finale de Coupe de France contre Evian Thonon Gaillard (défaite aux tirs au but en 2013). Les supporters auraient aussi aimé un jeu plus flamboyant. Même face à des adversaires plus modestes, le PSG d'Ancelotti brille le plus souvent comme une équipe de contre, capable de très bien défendre mais pas toujours très enthousiasmante sur le plan offensif.

Sirigu, Thiago Silva, Ibrahimovic et Ancelotti à Paris le 19 mai 2013.
Sirigu, Thiago Silva, Ibrahimovic et Ancelotti à Paris le 19 mai 2013. © AFP

Une gestion optimale des egos

Problématique pour Doha, qui réclame toujours plus de spectacle. Surtout après avoir sorti le chéquier. A l'hiver 2012, le PSG lâche un peu moins de 20 millions d'euros pour enrôler Thiago Motta (Inter Milan), Maxwell (FC Barcelone) et Alex (Chelsea). L'été suivant, les signatures de Zlatan Ibrahimovic (Milan), Thiago Silva (Milan), Ezequiel Lavezzi (Naples), Gregory Van der Wiel (Ajax), Lucas Moura (São Paulo) et Marco Verratti (Pescara) pour 147 millions d'euros font du PSG le club le plus dépensier d’Europe devant Chelsea. L'une des forces d'Ancelotti est d'avoir réussi à faire cohabiter toutes ces stars arrivées en Ligue 1 sans parler un mot de français. Sa réputation le précédait mais encore fallait-il parvenir à gérer un vestiaire parfois divisé par le passé entre les francophones et les autres. Son nom, son palmarès et son expérience ont permis d'attirer de grands joueurs et de les intégrer parfaitement.

L'Italien joue en plus un rôle dans l'émergence au plus haut niveau mondial de certains éléments comme Blaise Matuidi, vite devenu incontournable au milieu. Apprécié pour son management, Ancelotti met en place des choses essentielles pour permettre au PSG de grandir au cœur d'un véritable projet. C'est lui qui propose de placer des dispositifs GPS sur les joueurs lors des entraînements pour analyser leurs déplacements et leurs efforts. Au centre d'entraînement, les pièces sont repensées à sa demande pour répondre à l'élargissement du staff technique. Sans leur imposer, il propose à ses joueurs de partager petit-déjeuner et déjeuner sur place en insistant sur l'importance de la diététique.

L'importance des détails

"Au début, nous avons eu énormément de travail à accomplir car il fallait changer les mentalités et les structures qui étaient un peu dépassées, raconte-t-il dans son livre "Mes Secrets d’Entraîneur" publié en 2015. Disons-le clairement : même si je me trouvais à la tête d’une équipe qui avait de bonnes qualités techniques, il n’y avait pas les bases pour réaliser les nouvelles ambitions que nous avions esquissées. (…) C’était la première fois que je me trouvais avec les autres membres du club, à construire, en partant pratiquement de zéro, un cadre de travail qui serait le fruit de toutes mes connaissances professionnelles, acquises au fil des ans, et donc en parfait accord avec mes exigences. Le terreau était assez vierge, et le modèle de travail suivi sur le terrain assez traditionnel."

Même neuf ans plus tard, cette exigence dans les moindres détails est toujours utile au PSG. Un club que l’homme au sourcil toujours levé avait fini par quitter avant l'été 2013 pour plusieurs raisons. Parce qu'il n'avait pas apprécié quelques mois plus tôt le coup de pression et l'ultimatum fixé par ses dirigeants après une zone de turbulence marquée par trois défaites en championnat en cinq matchs, et une élimination en Coupe de la Ligue. Un ressort s'était cassé, y compris avec Leonardo. Et puis il avait trop envie de dire oui au Real Madrid. "Quand je me suis engagé à Paris, je croyais en un projet, dira-t-il dans les colonnes de L'Equipe. De nouveaux joueurs arrivaient, une équipe allait se créer et tout cela prend du temps. Les six premiers mois étaient bons. Mais, l’année d’après, j’ai compris que les décideurs du club avaient changé de point de vue. On n’était plus dans l’idée d’un projet mais dans l’idée de résultats immédiats".

Du chemin, Paris en a parcouru depuis le départ d'Ancelotti. Et il compte bien lui rappeler lors de ce choc de Ligue des champions. Comme en 2017 quand Kylian Mbappé et sa bande avaient collé un 3-0 à son Bayern Munich en phase de poules. Il avait pris la porte dans la foulée.

https://twitter.com/rodolpheryo Rodolphe Ryo Journaliste RMC Sport