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Faut-il s'inquiéter pour Chelsea, mis en vente par Abramovich?

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Mis en vente par Roman Abramovich, sous pression en raison de la guerre en Ukraine, Chelsea est dans le flou. Thomas Tuchel l'a reconnu, face à la presse. Mais plusieurs éléments suggèrent que les supporters n'ont pas à se faire de sang d'encre pour l'avenir du club.

Dans sa situation de "privilégié", terme employé par lui-même, Thomas Tuchel manque de chance. Au Borussia Dortmund, l'attaque à l'explosif contre le bus de ses joueurs avait précipité son départ. Au Paris Saint-Germain, la pandémie est venue perturber son aventure qu'il jugeait déjà trop "politique". Et voilà qu'à Chelsea, où tout avait très bien débuté avec une victoire de Ligue des champions, la guerre en Ukraine a remis en question l'avenir du club du jour au lendemain. Car en raison des liens du propriétaire Roman Abramovich avec le chef d'État russe Vladimir Poutine, le club a été publiquement déclaré en vente dans la soirée de mercredi. Faut-il pour autant réellement s'inquiéter pour le futur plus ou moins proche des Blues?

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Après la victoire étriquée 3-2 contre Luton Town en huitième de finale de FA Cup, Thomas Tuchel a voulu être rassurant. Mais son discours au micro de la BBC a tout de même traduit une pointe d'inquiétude: "Même si je voulais vous répondre, je ne sais pas exactement. À très court terme, pour nous en tant qu'équipe, le staff et les joueurs, j'espère [que ça ne changera] pas grand chose, voire rien".

"On ne vit pas sur une île déserte, les gars ont internet à l'hôtel et la télé, donc on a bien vu les informations. On avait entendu les rumeurs toute la journée (...) et quand on se réunissait ou quand on mangeait ensemble, les gars en parlaient", a aussi confié l'entraîneur allemand.

"La réalité est que Chelsea sera OK"

Avant l'arrivée d'Abramovich, l'amoire à trophées de Chelsea n'était pas très grande avec entre autres un titre de champion d'Angleterre en 1955, trois en FA Cup et deux en League Cup. Avec le Russe, qui a acquis le club en 2003, le club s'est offert 21 titres majeurs (dont deux sacres en Ligue des champions), soit plus que tout autre concurrent sur cette même période.

Avec son multimilliardaire, à la fortune estimée à plus de 10 milliards d'euros, les supporters étaient relativement tranquilles. Plusieurs indices supposent que ce sera toujours le cas après la vente. "La réalité est que Chelsea sera OK", a d'ailleurs estimé l'ancien international anglais Gary Neville sur Sky Sports.

Des reins solides

Cet optimisme s'appuie d'abord sur la puissance financière qu'est aujourd'hui Chelsea. Les comptes sont si solides qu'un bénéfice de 36,5 millions d'euros a pu être réalisé sur la saison 2019-2020, pourtant perturbée par le coronavirus. Sur l'année 2021, des pertes ont été enregistrées. Mais le chiffre d'affaires est reparti à la hausse et s'est rapproché des 530 millions d'euros, seuil dépassé avant la crise sanitaire. De quoi contenter les potentiels repreneurs. Par ailleurs, les dernières promesses d'Abramovich doivent aussi rassurer les fans. L'oligarque a promis d'effacer la dette que la société mère du club lui doit et qui est estimée à 1,8 milliard d'euros.

Certes, la prochaine direction ne sera peut-être pas aussi passionnée que le Russe, qui dit avoir investi avec le "coeur". Le prêt qu'il a consenti suggère que les nouveaux apports demanderont peut-être un peu plus de prudence, notamment au niveau de la masse salariale (estimée à 225 millions d'euros annuels), comme l'analyse The Guardian. Mais les chiffres au vert, conjugués à la bonne santé sportive du club et à la présence de joueurs à forte valeur dans l'effectif, font que le futur propriétaire (qui ne sera peut-être pas une unique personne physique mais un consortium) ne sera a priori pas obligé de mener une rude politique d'austérité.

En ce qui concerne le futur immédiat, Roman Abramovich, qui s'est mis en retrait au profit des administrateurs, n'est pour le moment toujours pas visé par les sanctions prises par le gouvernement britannique contre de nombreux acteurs économiques proches du Kremlin. L'intéressé a de surcroît fait savoir qu'il n'allait pas bâcler le processus de vente. Les considérations pour l'avenir proche sont donc essentiellement sportives, actuellement. En la matière, la défaite en finale de League Cup et la qualification difficile en FA Cup pourraient être le signe d'une nouvelle méforme. En Premier League, Chelsea, 3e, ne joue plus le titre et n'a plus que trois points d'avance sur Manchester United, 4e. Mais les coéquipiers de N'Golo Kanté, tout juste sacrés champions du monde des clubs, comptent deux matchs en retard par rapport aux Red Devils. Et en Ligue des champions, la victoire 2-0 à domicile contre Lille a largement ouvert les portes des quarts de finale avant le retour prévu le 16 mars à Pierre-Mauroy (en direct sur RMC Sport 1).

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport