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Guardiola peut-il instaurer un vrai règne de Manchester City façon Ferguson à United?

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UN CLUB, UNE QUESTION. Avant la reprise de la Premier League, RMC Sport vous propose une présentation des vingt clubs du championnat anglais à travers une question sur les ambitions de chacun. Aujourd’hui, dernier épisode avec le champion en titre Manchester City, emmené par un Pep Guardiola qui prendrait furieusement des airs d’Alex Ferguson…

Il aurait donc pu être l’élu. Le roi Alex Ferguson est « mort » (pas encore et, souhaitons-le le plus tard possible), vive le roi Pep Guardiola ! Depuis 2013, Manchester United vit sous l’ombre d’un fantôme aussi glorieux que pesant, bien qu’il n’ait jamais voulu l’être, et ne parvient pas à retrouver son aura fergusonienne. Il y eut l’énorme raté David Moyes, le mauvais choix Louis van Gaal et désormais le décrié José Mourinho.

Ferguson rêvait d’en faire son héritier

La cible initiale est partie chez le rival City. Et les supporters des Red Devils s’en mordent sans doute les doigts aujourd’hui. Dans son livre – sa bible sur le management – Leading, Alex Ferguson admet avoir contacté Pep Guardiola en décembre 2012, quelques mois avant d’annoncer sa retraite. Lors d’un dîner, le mythique manager de Manchester United a ainsi profité de l’année sabbatique du Catalan pour lui demander de le contacter en priorité avant d’accepter une offre de la part d’un club. Ce que l’ancien technicien du Barça n’a pas fait, acceptant l’offre du Bayern.

"Mon anglais n’était pas bon à l’époque, expliquera Pep Guardiola cinq ans plus tard. Pas comme il l’est désormais. Et je n’ai peut-être pas vraiment compris ce que Sir Alex me disait. Nous nous sommes rencontrés dans un magnifique restaurant pour dîner, et je pense qu’il m’a suggéré quelque chose à propos d’une éventuelle venue à Old Trafford. Mais je ne m’en souviens vraiment pas! On a parlé de la vie, du football, de Premier League. Mais il n’y avait pas de mot passé sous la table à propos de United. Je crois que je m’en souviendrais!" Est-ce l’accent et le débit de l’Ecossais qui ont enrayé ce plan initial ?

City a dépassé United… pour un long moment?

Le constat doit être un brin amer pour Alex Ferguson à la veille de la troisième saison de Pep Guardiola… chez les Cityzens. Non pas qu’il ressente de la rancœur envers le Catalan, mais plutôt sans doute le sentiment d’une terrible occasion manquée. Car tandis que ses très chers Red Devils pleurent après une saison blanche et se morfondent d’un mercato étrange dénotant d’un manque de maîtrise, les Skyblues enchaînent record sur record, viennent de conquérir une Premier League qui se présente sur le papier comme la première d’une longue série et ont débuté leur saison sur une victoire dans le Community Shield…

Faut-il y voir un changement de hiérarchie à moyen voire long terme dans le football anglais? Un règne de Manchester City après la domination sans partage de Manchester United sous Alex Ferguson? Si l’on en croit la progression effectuée en deux ans, c’est possible. Troisième lors de sa première saison sous impulsion catalane, Manchester City a dominé le championnat de la tête et des épaules… En témoignent tous ces records accumulés: premier club de Premier League à atteindre les 100 points, record de succès (32 sur 38 matches), de points d’avance sur le deuxième (+19), de buts inscrits (106) et de différence de buts (+79)… Une pluie de statistiques hallucinantes.

"Je vais essayer de rester le plus longtemps possible"

Autant de raisons qui ont poussé les dirigeants à prolonger Pep Guardiola, désormais sous contrat jusqu’en 2021. "Je vais essayer de rester le plus longtemps possible pour aider City à continuer à avancer et à rester en haut", confiait-il déjà en début de saison dernière. Tout en se montrant conscient que son avenir à long terme dépendrait de ses résultats.

Il n’est pas question de laisser entendre que Pep Guardiola est là pour plus de 20 ans: l’heure des Arsène Wenger et Sir Alex semble désormais révolue compte tenu des enjeux financiers et médiatiques de plus en plus importants. Le manager espagnol conservera en prime toujours le cœur barcelonais. Mais le fameux cycle des trois ans, il peut largement le dépasser.

Une montée en puissance

Les bases avaient été posées dès la première saison de Pep Guardiola : des recrues à prix d’or et en nombres, avec la volonté de doubler les postes, l’acceptation d’une saison blanche pour mettre en place le jeu et instaurer une révolution dans le football britannique, le tout pour une troisième place en championnat en 2017 qui augurait forcément une progression vers le chef d’œuvre de l’an dernier.

Il suffisait, pour se convaincre de la supériorité de cette équipe guardiolesque de Manchester City, de lire le Telegraph le 27 juillet dernier, avant donc le dénouement final du mercato anglais. Le quotidien britannique y détaillait les équipes-type attendues pour les membres du Big Six. Pour les Cityzens, le journal avait carrément mis… deux équipes différentes possibles. Oui oui, deux onze entièrement différents.

United pas en mesure de rivaliser

Tous les postes sont doublés – même si Pep Guardiola souhaitait au départ un autre milieu défensif pour entrer en concurrence avec Fernandinho – et les joueurs ont désormais tendance à privilégier City à United. Question de jeu, de manager, d’ambitions, de résultats… En seulement deux saisons – et en s’appuyant tout de même sur l’excellent travail de Manuel Pellegrini avant lui –, le Catalan a réussi à propulser le club mancunien au sommet de la hiérarchie de la ville et du pays. En termes de résultats donc mais surtout d’aura médiatique. Car l’équipe présente le package intégral: titres + jeu enthousiasmant + joueurs impressionnants. Sans avoir à imiter qui que ce soit, pas même le Barça de la grande époque, les Skyblues ayant adopté un jeu moins stéréotypé.

Liverpool adversaire numéro 1

Le voisin United n’a plus qu’à pleurer… "Je ne vois tout simplement pas United se rapprocher de City, se désole la légende des Red Devils Paul Scholes sur la BBC. City a vraiment une bonne équipe, un grand manager, de grands joueurs, une façon de jouer qu’ils connaissent par cœur… Manchester United donne l’impression de ne pas comprendre ce qu’il se passe. On ne connaît pas bien l’équipe, on ne connaît pas bien les joueurs, on ne sait pas bien ce qu’ils vont faire d’une semaine à l’autre… j’espère me tromper mais je ne les vois pas être dans la bataille pour le titre." Cette année… voire les suivantes, si rien ne change. Liverpool, avec son recrutement intelligent, fait finalement figure d’adversaire numéro 1. Surtout après avoir battu Manchester City trois fois la saison dernière, dont deux en Ligue des champions.

Reste que sur la longueur, les Cityzens semblent avoir un temps d’avance, pour le championnat voire plus : ils se connaissent, les automatismes sont là et en prime, l’équipe est jeune, bâtie elle aussi sur du long terme. Comme si Pep Guardiola lui-même semblait vouloir s’installer, se poser, après avoir gagné en Liga et en Bundesliga. Avec une mainmise totale – sur le jeu, le recrutement – qu’on ne donne qu’aux grands.

"Sir Alex était manager et a fait des choses fantastiques durant sa carrière, saluait en mai dernier dans The Sun Brian Kidd, membre du staff à City et qui a travaillé avec Fergie dans les années 1990. Le boss (Guardiola) est lui aussi le manager mais également le coach. Il s’occupe de tout sur le terrain. C’est un peu différent." Pour le même objectif : des victoires et des titres en pagaille. 

A.Bouchery