"Humiliation", "pas d'âme"... tout le monde tombe sur Manchester United après la déroute face à Liverpool

Les statistiques du match ne suffisent plus à illustrer le nouveau naufrage de Manchester United sur le terrain de Liverpool (4-0), mardi. Cette déroute à deux tirs et 28% de possession de balle s’ajoute à la claque du match aller (0-5). Elle valide un peu plus le décrépitude d’un club qui n’a plus rien gagné depuis 2017 malgré des investissements colossaux. Les chiffres sont ressortis mardi soir pour rappeler les dépenses sans effet et une balance achats/ventes abyssale (déficitaire de 1,075 milliard d’euros depuis 2012).
"Le club est cassé sur et en dehors du terrain"
La politique du club est jetée à la poubelle de manière unanime, ce mercredi. Avec elle, la gestion de la famille Glazer, propriétaire du club depuis 2005, et la starification des joueurs de l’effectif. "Ce que United a fait ces dix dernières années, c'est d’amener des joueurs en les incorporant doucement comme (Alexis) Sanchez ou Pogba, lance Gary Neville, ancien joueur du club désormais consultant acerbe sur Sky Sports. Ils ont placé le joueur au-dessus du manager. Vous allez à Liverpool, Chelsea, Manchester City, le manager est la figure principale du club de football. Ils ont sapé les managers au cours des 10 dernières années à Manchester United en élevant les joueurs à ce statut divin et les joueurs n'ont pas joué."
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"Fondamentalement, le club est cassé sur et en dehors du terrain, poursuit Neville. Le stade s'effondre, le terrain d'entraînement retombe au second plan par rapport aux autres terrains. Les propriétaires injectent 25 millions de livres sterling par an lorsque le club a besoin d'investissements." Ce sera encore le cas l’été prochain, échéance attendue avec impatience pour donner une nouvelle impulsion.
C’est ce que semble promettre Rangnick en critiquant la gestion des Red Devils qui ont, selon lui, six ans de retad sur Liverpool, reconstruit avec l’arrivée de Jürgen Klopp. "C'est gênant, c'est décevant, peut-être même humiliant", a lancé l’Allemand à l’issue de la rencontre.
Pour Phil McNulty, chef de la rubrique football de la BBC, le mal est encore plus profond à Manchester United aujourd’hui qu’il ne l’était à Liverpool en 2015. Toutes les pensées se dirigent désormais vers Erik ten Hag, qui sera prochainement officialisé comme nouvel entraîneur de Manchester United.
"Un vestiaire dysfonctionnel habité par des joueurs qui ne veulent pas être là"
"Il hérite d'une tâche plus importante et plus problématique à United que Jürgen Klopp lorsqu'il a succédé à Brendan Rodgers à Liverpool en octobre 2015, lance le journaliste. Au moins, Klopp a hérité d'un vestiaire unifié dépourvu de joueurs qui se pensaient meilleurs qu’ils ne l’étaient, qui voulaient en fait être au club, et d'une base de personnages décents pour lancer le chemin de la rédemption de Liverpool. En revanche, Ten Hag affrontera un vestiaire dysfonctionnel habité par des joueurs qui ne veulent pas être là, qui ne sont pas assez bons pour y être et une équipe qui a embarrassé la réputation du club lors de la défaite 4-0 contre Liverpool à Anfield."
Brutal. Mais l’avis est partagé par tous les observateurs comme Mikaël Silvestre, ancien joueur qui s'étonne de voir des joueurs "qui ne savent pas défendre". "C'était un travail de démolition absolu, a aussi lancé Gary Lineker, ancien international à succès et consultant à succès. Liverpool était un plaisir à regarder, Manchester United triste à regarder."
"C'est tellement triste à voir, s’émeut Roy Keane, ancien milieu de l’époque dorée de Manchester United, sur Sky Sports. Ce n'est pas le club pour lequel j'ai joué. Ce que Manchester United a toujours eu dans mon expérience du club, ce sont des personnages brillants, des hommes brillants, des gens avec qui vous voulez travailler, des gens avec qui vous voulez être dans les tranchées: Robson, Bruce, Pallister, Beckham, Giggsy, Butty tous ces gars."
"Cette équipe n’est même pas sympathique"
"Cette équipe n'est même pas sympathique, il n'y a pas d'âme dans cette équipe, lance l’Irlandais. Je sais que c'est difficile pour les joueurs de faire des interviews mais c'est très robotique, il n'y a pas d'émotion. (…) Je n'ai jamais entendu autant de joueurs vouloir quitter Manchester United. Quand je jouais pour eux, vous craigniez d'être vendu ou de partir. Maintenant, tout le monde veut partir."
Un coup de balais est attendu l’été prochain et Rangnick, qui va prendre des fonctions de consultant, a déjà prévu jusqu’à dix recrues. "Il faudra prendre de vraies décisions en fin de saison, lance Emmanuel Petit, ancien joueur d’Arsenal consultant sur RMC Sport. Il y a une chape de plomb dans le vestiaire. Tu voix des joueurs qui font la gueule sur le terrain. Ils sont à des années lumières de ce que propose les écuries dans le football européen à l’heure actuelle, dans l’unité de groupe, dans le physique, dans ce refus de perdre. Tellement de choses ont disparu à Manchester United. Ça me fait de la peine de les voir comme ça, j’ai l’impression de voir Arsenal pendant sa traversée du désert. Tu te dis qu’aucun grand club n’est à l’abri d’une sortie d’autoroute."
Le chantier s’annonce immense pour retrouver la bretelle qui ramènera Manchester United sur la voie rapide.