Propos de François Hollande : pour le formateur d’Henry et Ben Arfa, "les jeunes doivent être entourés"

Il est l’un des mieux placés pour parler de l’éducation des jeunes footballeurs et de l’évolution des mentalités. Formateur puis directeur de l’Institut national du football (INF) pendant 17 ans, à Vichy puis Clairefontaine, Claude Dusseau a vu passer des centaines de jeunes joueurs, dont certains sont ensuite devenus des stars du foot français (Thierry Henry, Nicolas Anelka, Hatem Ben Arfa…). Les propos de François Hollande sur les footballeurs, qui devraient faire de la « musculation de cerveau », tirés du livre "Un président ne devrait pas dire ça..." (Stock), écrit par Fabrice Lhomme et Gérard Davet, résonnent donc assez forts dans son esprit. Il constate l’évolution de la mentalité des footballeurs.
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« Les footballeurs ont changé parce que le monde change, explique-t-il. Auparavant, les parents n’avaient pas d’exigence, les recruteurs n’existaient pas, où ils existaient mais ils étaient beaucoup plus discrets. Les agents encensent plus tôt les joueurs de manière à pouvoir eux-mêmes en tirer un bénéfice plus important. Je crois que tout le monde est très exigeant. Par contre, quand on est exigeant avec de jeunes footballeurs, ça pose problème. »
« Il faut aider les clubs »
Pour le formateur, révélé aux yeux du grand public dans le documentaire de Canal + « A la Clairefontaine », le point crucial réside dans l’accompagnement des jeunes footballeurs à appréhender leur métier. « Ils doivent être entourés. Le footballeur de haut niveau, c’est bon technicien, une bonne tactique, un bon physique et une bonne tête. Et quand on n’a pas une tête suffisamment solide, il faut s’entourer de têtes qui, elles, sont solides et qui vont les conseiller dans le bon sens. Or ce n’est sans doute pas le cas qui existe actuellement chez beaucoup de footballeurs. »
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Mais pour remédier à ce problème, encore faut-il avoir les moyens d’accompagner ces apprentis footballeurs. Ce qui n’est pas le cas selon Dusseau : « Il y a beaucoup de clubs, des clubs amateurs un peu partout, qui font beaucoup pour l’éducation, surtout dans des milieux qui sont déjà dits défavorisés ou qui sont en difficultés. Si les devoirs ne sont pas faits, le joueur n’a pas d’entraînement, ou il ne joue pas dimanche, ou il est douzième (sur la feuille de match, ndlr). Il y a un apport important dans ces clubs, mais alors il faut les aider. Il faut les aider beaucoup plus. »