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Mercato: l'exil toujours aussi massif des joueurs de Ligue 1

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Chaque été ou presque, la Ligue 1 se fait piller de nombreux acteurs par le reste de l’Europe. Pendant le mercato 2019, personne n’y a échappé: ni les stars, ni les espoirs prometteurs, pas plus que certains joueurs séduits à l’idée d’un joli pactole ou d’un projet sportif séduisant.

Le dénouement du feuilleton Neymar pourrait bien couronner un mercato estival plein de suspense. Si le Brésilien n’a pas caché son envie de retourner au FC Barcelone, le PSG semble encore capable de le retenir en Ligue 1. A l’inverse du champion de France, les autres équipes de l’élite n’ont pas empêché certains cadres du championnat de quitter l’Hexagone. Une situation qui touche autant les petits clubs que les grosses formations de L1.

"Nous n’avons pas d’argent, a même pesté André Villas-Boas après la défaite de l’OM contre Naples (0-1) ce dimanche. C’est dommage mais c’est la réalité. Nous sommes un peu en difficulté. Tout le monde sait qu’on est en difficulté pour le fair-play financier. Maintenant, on doit penser aux cessions. J’attends avec anxiété la fermeture du mercato anglais jeudi. Ça peut tout changer dans les autres pays, avec la capacité qu’ils ont d’acheter des joueurs."

Ces offres impossibles à refuser

Et depuis l’ouverture du mercato estival, plusieurs tauliers de la Ligue 1 se sont ainsi envolés vers la prestigieuse Premier League (à suivre sur RMC Sport). International tricolore, Tanguy Ndombele a convaincu Tottenham de casser sa tirelire pour l’arracher à l’Olympique Lyonnais (60 millions d'euros + 10 M€ de bonus). Idem pour Ferland Mendy, parti au Real Madrid pour près de 48 M€ (+ 5 M€ de bonus). L'OL n’a pas eu trop de mal à trouver leurs remplaçants (Thiago Mendes, Youssouf Koné) pour venir renforcer le groupe de Sylvinho et Juninho.

Toujours à Lyon, Nabil Fekir disposait d’un bon de sortie depuis plus d’un an. Mais après être passé tout près de signer à Liverpool en 2018, le champion du monde français a choisi de rejoindre le Betis Séville (19,75 M€ + 10 M€ de bonus).

Personne en Ligue 1, sauf peut-être le PSG, ne pouvait s’offrir Nicolas Pépé, le milieu offensif ivoirien de 26 ans. Grand bonhomme de la saison lilloise, il s’est engagé avec Arsenal pour 80 millions d’euros, établissant un nouveau record d’achat pour le club londonien.

Ces espoirs que la Ligue 1 n’a pas su ou pu retenir

Au rayon des offres que compliquées à refuser, l’autre club sévillan a fait fort cet été. En chipant Jules Koundé à Bordeaux, moyennant une indemnité d’environ 25 M€, le FC Séville a confirmé que la Ligue 1 constituait l’une de ses cibles de choix. Cet été, trois joueurs ont quitté la France pour le sud de l’Espagne. Ils étaient déjà deux en 2018, un en 2017 et deux en 2016.

Mais l’équipe de Wissam Ben Yedder n’est pas la seule à s’être positionnée sur des jeunes talentueux de la première division tricolore. Ainsi, l’AS Monaco a laissé filer deux espoirs, Han-Noah Massengo (à Bristol en Championship) et Ronaël Pierre-Gabriel (à Mayence en Bundesliga). Si on peut comprendre que le club du Rocher voulait dégraisser son effectif, une question revient pourtant sur la table: pourquoi aucun de Ligue 1 ne s’est-il positionné pour les accueillir?

Le constat vaut également pour Allan Saint-Maximin, Olivier Boscagli et Valentin Rosier. Respectivement partis à Newcastle, au PSV Eindhoven et au Sporting pour y découvrir la Premier League ou la Coupe d’Europe. Relégué en Ligue 2 avec Guingamp, Marcus Thuram a filé à Mönchengladbach sans convaincre un club de Ligue 1 de miser sur lui. Seule exception, l’AS Saint-Etienne a réussi à obtenir le prêt de William Saliba après l’avoir vendu pour une trentaine de millions d’euros à Arsenal.

Ces seconds couteaux devenus trop chers pour la France

Voir certaines stars ou de prometteurs espoirs quitter la Ligue 1 pour l’étranger est devenu un phénomène récurrent ces dernières années. Mais l’été 2019 a connu l’apparition d’un nouvel élément. Désormais, même les joueurs moyens, des cadres dans les équipes du ventre mou du championnat, ont décidé de plier bagages. Ainsi, Lukas Lerager a rejoint la Seria A, Chang-hun Kwon a signé à Fribourg, Bobby Allain s’est envolé pour la Grèce et l’Olympiakos, Skhiri jouera à Cologne et Koffi Djidji luttera pour une place de titulaire au Torino, quand Koubek est parti se relancer à Augsbourg.

Dans ce nouveau marché des seconds couteaux, l’OM s’en est bien tiré en réduisant sa masse salariale avec les ventes de Lucas Ocampos (au FC Séville pour 15 M€) et Clinton Njie (au Dynamo Moscou contre 6 M€). L’ASM a réussi à faire fructifier le prêt de Youri Tielemans à Leicester cet hiver en récupérant près de 45 millions d’euros pour le Belge.

La stratégie payante du LOSC

Un club toutefois semble plutôt bien s’accommoder de cette situation et de l’exil forcé des joueurs de Ligue 1, Lille. On le savait depuis la reprise du club nordiste par Gérard Lopez en 2016, les Dogues ne laisseront une belle occasion de prendre un gros chèque. Cet été, Lille a ainsi vendu Nicolas Pépé à Arsenal pour un montant record de 80 M€. Idem pour l’espoir Rafael Leao après seulement une saison au LOSC (30 M€ vers l’AC Milan). Le prometteur Anwar El Ghazi a, lui, définitivement convaincu Aston Villa d’investir pour le recruter (9M€).

Qu’importe puisque le directeur sportif, Luis Campos, leur a déjà trouvé des remplaçants à moindre coût. Et si l’exil contraint de ses meilleurs joueurs avait finalement permis au LOSC d’entamer un cercle vertueux… En cas d’échec lillois cette saison en Ligue 1, le club pensera peut-être à revoir ses plans. En attendant, cette stratégie pourrait bien donner des idées aux autres formations du championnat. En France on a pas de pétrole mais on a des idées.

Jean-Guy Lebreton