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OM: quatre choses à savoir sur Marcelino, le nouvel entraîneur marseillais

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L'Olympique de Marseille a officialisé l'arrivée de Marcelino comme entraîneur de l'équipe première, après le départ d'Igor Tudor. Proche de Pablo Longoria, le technicien espagnol possède une belle expérience en Liga mais moins sur la scène européenne.

Igor Tudor parti, l’Olympique de Marseille a pris quelques semaines pour trouver son successeur. Après les échecs des pistes menant à Marcelo Gallardo et Paulo Fonseca, Pablo Longoria a conclu un accord avec Marcelino et son arrivée a été officialisée.

Le technicien espagnol de 57 ans, sans club depuis son départ de Bilbao en 2022, s’engage pour deux années avec l’OM. Le nouveau de coach des Phocéens reste assez méconnu du public français malgré plus de 25 ans d’expérience en Liga.

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Une sacrée expérience... mais seulement en Espagne

Ancien milieu de terrain dans les années 1980 et au début des années 1990 (1983-1994), Marcelino n’a pas connu une immense carrière de joueur. Après avoir débuté avec la réserve de Gijon, il a découvert la première division avec l’équipe première. Il a ensuite rejoint le Racing Santander le temps d’une saison, puis a rebondi à Levante pour terminer sa carrière à Elche.

S’il n’a pas remporté le moindre titre ni même joué avec la Roja, Marcelino compte quand même plusieurs apparitions avec les U20 de l’Espagne et a fini vice-champion du monde de la catégorie au Mondial 1985. Après avoir raccroché ses crampons, le coach a mis plusieurs années avant de débuter sur un banc, du côté du CD Lealtad à Villaviciosa en D3 espagnole.

Après une seule saison et près de 65% de victoires, Marcelino s’en va en 1998. Après trois d’attente, son club formateur de Gijon le recrute en 2001. Là encore, le technicien débute par la réserve puis se vit confier les rênes de l’équipe première en 2003 pour tenter de monter en D1. Après avoir manqué de peu l’accession en Liga en 2004, Marcelino a un peu plus de mal à enchaîner l’année suivante mais parvient à convaincre le Recreativo de Huelva de lui faire confiance. Bingo, en 2005-2006 le club termine champion en deuxième division et Marcelino se lancé à l’assaut de l’élite. Pour sa première année à ce niveau, il est sacré meilleur entraîneur de Liga en 2007 après la belle huitième place du promu en championnat. Le moment pour lui de passer au niveau supérieur.

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Dans la foulée, Marcelino a réussi à qualifier pour la première fois de son histoire le Racing Santander pour Europe mais s’en est allé après une seule saison (2007-2008). Direction Saragosse, tout juste relégué en D2, où le coach est brièvement devenu l’entraîneur le mieux payé d’Espagne et a aidé le club à retrouver la Liga. Là encore l’expérience est de courte durée et Marcelino est parti dès 2009. Après deux années à chercher un nouveau défi, il a rebondi au Racing Santander en 2011 le temps d’une mission maintien avant de voir le FC Séville lui confier son premier gros défi en Liga.

Mais la greffe n’a pas pris: il s’est fait virer en cours de saison après seulement 27 rencontres en Andalousie. Avec neuf victoires, Marcelino y a connu son plus faible pourcentage de succès en carrière (44,44%).

Deux trophées prestigieux mais une faible expérience européenne

Après une nouvelle pause, l’entraîneur s’est relancé à Villarreal pendant trois ans (2013-2016). Là encore, Marcelino a pris l’équipe en deuxième division, l’a faite remonter en Liga, l’a qualifiée pour les demi-finales de Ligue Europa (élimination face au Liverpool de Jürgen Klopp) puis jusqu’au tour préliminaire de la Ligue des champions. En conflit avec certains joueurs de Villarreal, Marcelino se fait virer en août 2016 avant même de jouer en C1.

Quelques mois plus tard, Valence a officialisé son arrivée pour la saison 2017-2018. Après avoir terminé à une belle quatrième place en Liga, ce qui lui a permis de récupérer un deuxième titre d’entraîneur espagnol de la saison, il va enfin découvrir la Ligue des champions. Pour sa deuxième saison à Valence en 2018-2019, Marcelino a encore brillé. Une nouvelle fois quatrième de Liga et qualifié pour la Ligue des champions, le club valencien a même dominé le Barça pour remporter la Coupe du Roi en mai 2019. C’est le premier trophée majeur de Marcelino comme entraîneur (si on ne compte pas le titre de champion en D2).

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Mais là encore, cela ne suffit pas à sauver sa place sur le long terme. Après une sortie médiatique où il a publiquement critiqué Peter Lim, le propriétaire de Valence l’a renvoyé dès septembre 2019. Après une nouvelle année sabbatique, Marcelino a retrouvé un poste à l’Athletic Bilbao en janvier 2021. Deux semaines après sa nomination, le technicien a ajouté une nouvelle ligne à son palmarès avec la Supercoupe d’Espagne remportée (encore) contre le Barça. Malgré de bonnes performances à la tête du club basque, Marcelino a choisi de ne pas y prolonger l’aventure à la fin de son contrat en juin 2022.

Malgré plusieurs belles saisons en Espagne, Marcelino a vainement attendu une proposition d’un club européen la saison passée. Si son gros caractère a pu jouer contre lui, son manque d’expérience au niveau continental a également pesé dans la balance. Et pour cause, avant de rejoindre l’OM, l’Espagnol de 57 ans n’a que très peu de références en Ligue des champions ou en Ligue Europa.

Malgré deux épopées jusqu’en demi-finales de C3 avec Villarreal (2016) et Valence (2019), Marcelino ne compte que 36 matchs de Ligue Europa (21 victires, sept nuls et huit défaites). C’est pire en C1 avec une seule participation et une élimination dès les poules en 2019 (deux victoires, deux nuls et deux défaites). A lui d’inverser la tendance en aidant l’OM à passer les tours préliminaires pour jouer la phase de groupes de la Ligue des champions.

Un ami fidèle de Longoria qui lui a (presque) tout appris

Les supporters marseillais rappelleront volontiers qu’Igor Tudor n’avait pas forcément une immense expérience européenne quand il est arrivé l’été dernier. Et cela n’avait pas empêché le Croate d’avoir les faveurs de Pablo Longoria en 2022. Et encore, le désormais ex-entraineur de Marseille n’avait pas la même proximité que Marcelino avec le président de l’OM.

Un temps cité à l’OM avant de voir surgir les dossiers Gallardo et Fonseca, Marcelino a donc dit oui à Pablo Longoria. Tout sauf une surprise quand on connait la relation qui unit les deux hommes. Le président phocéen raconte lui-même l’importance du technicien dans sa carrière. Salarié dans l’entreprise qui gérait les intérêts de Marcelino à Huelva, Pablo Longoria en a profité pour parfaire sa connaissance du football et notamment l’aspect tactique. Si la philosophie de jeu de l’entraîneur de 57 ans correspond si bien à celle que souhaite le dirigeant à Marseille, c’est parce qu’il a contribué à l’éducation footballistique de Pablo Longoria.

"J’ai commencé ensuite à travailler avec un agent qui vendait un service de scouting externalisé à des clubs comme Huelva et Santander. A Huelva, j’ai rencontré Marcelino. Il m’a appris à analyser le football, explique même le président olympien dans sa biographie sur le site de l’OM. J’étais un jeune sans aucune formation dans le football. Pour moi, échanger avec un entraîneur du niveau de Marcelino était génial. Je lui demandais tous les jours comment analyser un joueur. On le faisait ensemble. Il m’établissait les qualités qu’il regardait chez un joueur. J’absorbais des connaissances fortes. J’avais cette chance d’échanger tous les jours avec un coach qui entraînait en Liga. Je ne le remercierais jamais assez de m'avoir tant apporté durant ma formation."

Après la fin de l’aventure Marcelino à Santander, où le technicien a même hébergé provisoirement Pablo Longoria chez lui comme le rappelle le journal La Provence, les deux hommes sont toujours restés en contact. Directeur sportif de Valence entre février 2018 et septembre 2019, l’actuel président de l’OM y a retrouvé son ami qui occupait le poste d’entraîneur depuis l’été 2017.

Deux ans et puis s’en va?

Entre sa grosse expérience, son amitié avec Pablo Longoria et ses performances en Liga, Marcelino pourrait bien correspondre à merveille au projet de l’OM. Méfiance tout de même, l’entraîneur espagnol n’a jamais vraiment réussi à s’installer dans la durée dans ses clubs précédents. Forte tête, ce qui pourrait plaire à certains supporters phocéens, Marcelino a régulièrement eu des conflits avec ses dirigeants ou ses joueurs par le passé.

C’est simple, hormis à avec la réserve de Gijon et à Villarreal où il a passé trois saisons et demies, Marcelino n’a jamais dirigée une équipe plus de deux saisons complètes. Voilà peut-être un léger motif d’inquiétude pour les fans marseillais. Bonne nouvelle, avant de partir (souvent) avec fracas, Marcelino a eu de bons résultats… avec en prime du beau jeu.

Jean-Guy Lebreton