JO 2021 (gym): "La minute la plus longue de ma vie", Aït Saïd raconte sa blessure et sa finale

"Une finale olympique, t’as mal, t’as pas mal, t’as un truc de pété, t’y vas. Je préfère que ça pète": Samir Aït Saïd n'affiche aucun remord au moment de revenir sur sa finale des Jeux olympiques 2021 aux anneaux, pour laquelle il s’est présenté blessé. Au micro de RMC ce mercredi, le gymnaste détaille les heures et minutes qui ont précédé son passage, tout en donnant rendez-vous à Paris en 2024.
"Sur le dernier jour d’entraînement, je me fais un petit clac au niveau du biceps, explique le porte-drapeau de la délégation française. Là je regarde mon coach et je me dis qu’il y a quelque chose qui va pas." Si son coach a voulu le rassurer, Samir Aït Saïd raconte qu’il n’a pas pu s’entraîner ni même s’échauffer - excepté avec un léger massage - avant l’échéance et que sa participation a un temps été remise en cause.
"J'ai commencé à sentir les coups de poignard dans le biceps"
"J’ai essayé, je suis monté sur les anneaux et je n’ai pas pu m’échauffer, poursuit-il. Il fallait prendre vite une décision parce que j’allais entrer dans la salle même pas 20 minutes après. Je me n’étais toujours pas échauffer, j’avais très mal."
Avant de se persuader que le risque était à prendre: "C’est mort, je ne pouvais pas abandonner une finale olympique, c’est impossible. J’avais conscience que ça pouvait péter, j’ai pris le risque." Et d’évoquer le début de son passage: "Du moment où mon coach m’a levé pour attraper les anneaux et que j’ai commencé à sentir les coups de poignard dans le biceps, je me suis dit ça y est, je vais au charbon. Je me suis dit que sur la deuxième force, mon biceps va lâcher."
"Je me suis dit que j’ai un passage, je vais souffrir pendant un passage et advienne que pourra, confie-t-il. Ça a été la minute la plus longue de ma vie, j’ai eu mal du début jusqu’à la fin. On voit sur la vidéo que je suis content d’avoir terminé le mouvement. Dès que je commence à saluer je regarde mon biceps pour voir s’il était toujours accroché. Il y a le kiné qui m’a fait un garrot juste avant de passer. (…) Au moment où je fais ma sortie, je vois que mon bras était bleu."
Pour rappel, il a terminé au pied du podium avec 14.900 points, juste derrière le Grec Petrounias (15.200) et le duo chinois Liu-You, qui a réussi le doublé. À Rio lors des Jeux 2016, le Français était aussi qualifié pour la finale où il s'était gravement blessé au tibia-péroné.
"Il est de hors de question pour moi, même avec encore un coup dur, d’abandonner"
Samir Aït Saïd, qui s’est évidemment défendu d’avoir simulé une blessure comme certains le soupçonnaient, a également parlé de son père disparu et de ce qu’il lui a promis. "J’ai fait une promesse, dans cette promesse j’ai dit que j’allais chercher cette médaille donc il est de hors de question pour moi, même avec encore un coup dur, d’abandonner, assure le gymnaste. Je lui ai donné ma parole, si j’avais le moindre doute jamais j’aurai dit que j’allais chercher cette médaille pour lui. Quoi qu’il arrive, je vais aller la chercher. Je vais tout faire pour. (…) Elle sera encore plus belle parce qu’elle sera à la maison."
Aït Saïd conclut son intervention en remettant en question l’esprit de Coubertin au profit d’une motivation sans faille, et d'une promesse à tenir: "Participer, c’est bon, j’ai fait deux fois les Jeux. On se bute tellement à l’entraînement, ce n’est pas pour participer." Rendez-vous dans trois ans alors.