Mondiaux de judo: Alpha bientôt omega?

Alpha Oumar Djalo. - AFP
Même en équipe de France et à quelques jours d’un rendez-vous crucial pour sa carrière, Alpha Djalo ne perd pas ses habitudes. Le Parisien vient fouler les tatamis du dojo d’été au cœur du mois d’août, au milieu des judokas anonymes venus s’entraîner quand les clubs sont fermés. À Tashkent, la population de la Humo Arena n’aura rien à voir avec le judoka lambda du dojo estival. Ce sera du rugueux, du technique, une jungle bien dense où sortir médaillé tient du Squid Game en judogi.
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Le licencié du PSG judo se pose en outsider dans la foule de prétendants. En juillet, à Zagreb (Croatie), il a réussi une performance rare. Il s’est imposé dans un grand tournoi en battant le Georgien Grigalashvili, champion d’Europe, puis l’Azerbaïdjanais Mollaei, champion du monde et médaillé olympique. "Il fallait un déclic, estime-t-il. Je pense que c’est arrivé sur Zagreb. C’est une étape obligatoire dans mon processus si je voulais prétendre à autre chose. J’ai réussi à passer ce cap là en battant des gens plus forts que moi sur le papier. J’ai pu prouver à moi-même , aux gens qui ne croyaient pas en moi que j’étais capable de faire ça."
Une étape à passer
Il a notamment fait admirer sa réaction ko uchi gari (petit fauchage intérieur), terminée en o uchi gari (grand fauchage intérieur). Par le passé, il avait avoué être perdu dans sa gestion tactique. Attaquer davantage ou mieux sélectionner ses tentatives ? En Croatie, on a vu son plan. Ne pas mettre un orteil dans la zone adverse. Feinter et lancer. En finale, il jette Mollaei sur un barrage (sasae tsuri komi ashi) teinté d’un arraché de face.
Sa formule : être audacieux, malin, et ne pas se poser de questions. Une confiance qu’il attribue à ses entraîneurs de club, Nicolas Mossion et Florent Urani : "Ils ont réussi à développer en moi de la confiance et du soutien. C’est un moment heureux . Mais les moments les plus difficiles c’est là où ils m’ont soutenu." L’ancien vendeur à la boutique du PSG, 26 ans, revient fort après une première carrière. Alpha Djalo avait signé sa naissance au niveau international en 2018 avec une finale au tournoi d’Allemagne. Derrière, il a pris le siège de leader français des moins de 81 kilos avec trois sélections en championnat d’Europe et trois en mondial. Jamais plus de deux combats gagnés face à la crème de la crème sur ces échéances.
Un menu corsé aux Mondiaux
Entre 2020 et 2021, il est écartelé sur un maximum de compétitions pour tenter d’arracher la qualification olympique en se classant dans les 18 premiers mondiaux. Raté. Les moins de 81 kilos seront le seul vide des Bleus lors de la moisson du Budokan (8 médailles) : "Je sais mieux que quiconque que la course aux JO est longue. Ca a été très difficile, j’en ressors plus fort. C’est un peu ce que tout le monde dit mais c’est vrai pour moi." La victoire à Zagreb a libéré des choses en lui. Il pointe maintenant au 15e rang des moins de 81 kilos.
En Ouzbékistan, il ne sera pas tête de série, privilège réservé aux huit premiers. De quoi redouter un menu bien corsé. Ce sera le Polonais Drzymal pour commencer. Puis Grigalashvili, pour la revanche de Zagreb. Djalo s’est fixé un objectif pour son quatrième rendez-vous planétaire mais il préfère garder le secret sur cette ambition personnelle. Une médaille serait un beau cadeau à montrer aux anonymes du dojo d’été à son retour.