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Mondiaux de judo: "Ça va me servir pour les JO de Paris", Riner savoure son 11e titre mondial

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Sacré champion du monde ce samedi pour la 11e fois de sa carrière, Teddy Riner est allé puiser au fond de lui-même à Doha pour ramener l'or. De bonne augure à quatorze mois des Jeux olympiques de Paris.

Ce titre, il fallait aller le chercher...

Je suis allé le chercher très très loin. Ça a été une journée très difficile. À la fin de cette journée, il y a le dénouement, ce waza-ari fait plaisir. Le rallye est terminé. Cette journée plus d'horrible est finie. Ce 11e titre fait plaisir, même si je ne le montre pas parce que je suis fatigué. Il y a de la fierté parce que le dernier remontait à 2017, ça fait un petit moment. Aller chercher un 11e titre avec un plateau pareil à un an et demi des Jeux, ce n'était pas facile. Mais je sais pourquoi je le fais et pourquoi je continue à le préparer correctement. Je sais pourquoi je fais tous ces sacrifices. J'espère que ça paiera à Paris 2024. Ça me peut que payer en faisant des journées comme ça, même si elles ne sont pas belles.

C'était la plus grosse journée de votre carrière ?

Totalement. C'est important d'être allé au bout de cette journée, d'avoir relevé le défi. Même en n'étant pas en forme, j'ai la condition pour m'arracher. Il va falloir redoubler de vigilance pour Paris 2024. Il y a encore beaucoup de travail pour prétendre à un titre olympique. Les Jeux, c'est une journée unique et compliquée. Il faut bien mettre tous les ingrédients.

>> Revivez le sacre de Teddy Riner

C'était important de venir à Doha pour prendre la température de la nouvelle génération ?

Je savais que Paris serait une première étape car ça faisait longtemps que je n'étais pas monté sur le tatami. Les tournois du Grand Chelem, c'est quelque chose. Les championnats du monde, c'est autre chose. On l'a vu aujourd'hui. C'est trois ou quatre tons au-dessus et il faut répondre présent.

Vous êtes-vous surpris ?

Je ne me suis pas surpris parce que j'aime la gagne. Je me suis arraché. Aujourd'hui, ça a été au mental. Je suis content de voir que le corps répond bien. Je lui ai demandé de répondre présent et il l'a fait dans de mauvaises conditions. Je n'aime pas perdre et je me dit 'continue, il va tomber'. Dans chaque combat, je me dit: 'tu ne lâches pas tant qu'il ne tombe pas'. Le corps est en alerte rouge. C'est ça le mental. Quand le judo et les sensations ne sont pas là, il faut faire appel au mental, qui est là pour répondre. Le cerveau guide le reste.

Vous voir grimacer vous rend plus humain ?

(Rires) Ça n'a jamais été facile ! C'est un sport ultra contraignant et traumatisant. Chaque victoire que j'ai pu avoir dans ma carrière ont été dures, aujourd'hui encore plus.

Le combat contre le Japonais Tatsuru Saito en quart de finale était-il le plus important ?

Les Japonais se focalisent beaucoup sur moi. Ça a été une grosse bagarre. Saito est un grand combattant et un nom dans le judo. Mais je ne suis pas là pour faire leur sélection. Je travaille pour être imbattable et être le meilleur. Là, c'est bien, on a réussi. C'est une grosse étape. Maintenant, il faut du repos. J'ai besoin de soigner les blessures. On va repartir vite au travail car ça va arriver vite.

La victoire face au Tadjik Temur Rakhimov, numéro un mondial, fait du bien...

Oui bien sûr. Quand on arrive à trouver une solution sur une demi-finale pour s'économiser pour la finale, c'est top. Elle a fait du bien en terme de sensations. Je suis très fier de cette demi-finale et de cette journée.

Cette médaille d'or vous rassure ?

Le doute sera toujours là parce qu'à chaque fois que je fais une compétition, je me dit que je peux perdre ou gagner. J'ai toujours fait comme ça depuis ma première. Elle rassure, elle est plus que bénéfique pour la suite.

Propos recueillis par Morgan Maury, à Doha