"Je ne sais pas si c'est possible et ça me fait vibrer": Léon Marchand lance son "challenge nage libre"

Léon Marchand reprend la compétition en grand bassin à partir de jeudi au Tyr Pro Swim de Fort Lauderdale, aux États-Unis. Le quadruple champion olympique est engagé sur cinq courses dont le 200m brasse, les 200 et 400m 4 nages sur lesquelles il a décroché l'or à Paris. Le Toulousain a en revanche laissé de côté le 200m papillon pour disputer les 200m et 400m nage libre, deux épreuves sur lesquelles il espère désormais briller en vue des JO de Los Angeles.

Il va plonger dans l'inconnue, avec envie et gourmandise. Léon Marchand dispute ce jeudi sa première compétition de l'année à Fort Lauderdale, sa première vraie compétition en grand bassin depuis les JO de Paris. "J'aimerais bien être en forme pour pouvoir faire des bons temps et savoir où j'en suis, nous disait mi-avril le quadruple champion olympique. Parce que je n'ai aucune idée d'où j'en suis. Ça fait longtemps que je n'ai pas fait de compétition."

Depuis son fol été, Léon Marchand a brillé sur le circuit de Coupe du monde en petit bassin au mois d'octobre avec notamment un record du monde battu sur le 200m 4 nages. Fatigué, il avait renoncé aux Mondiaux en petit bassin en décembre. Et hormis une escapade sur l'île de La Réunion pour un meeting en bassin de 50m où il ne s'était aligné que sur les épreuves de brasse, le Toulousain va pour la première fois depuis les JO de Paris disputer une compétition en grand bassin. Et faire un premier pas dans ce qu'il espère être son nouveau royaume: la nage libre. 

"J'ai mis un focus sur le crawl depuis le mois de janvier quand je suis arrivé en Australie avec Dean Boxall", explique Léon Marchand qui a passé trois mois "Down Under" de janvier à mars.

"Ça me semblait logique car il y a beaucoup de médaillés olympiques dans les distances de nage libre dans le groupe d'entraînement. On a fait beaucoup de technique, de séries qui préparent le 200m et le 400m crawl donc j'ai commencé mon challenge du nage libre (rires) en janvier." De retour aux États Unis auprès de Bob Bowman, son entraîneur désormais basé au Texas, le quintuple médaillé olympique "continue quand même les quatre nages car Bob (Bowman) n'a pas changé, il continue de préparer le 400m 4 nages. C'est parfait c'est un bon équilibre. Je ne sais pas quand, mais j'ai envie de faire un bon 400m, un bon 200m nage libre, ça arrivera un jour."

"Si je refais la même chose tous les jours, je vais m'ennuyer"

A Fort Lauderdale, Léon Marchand est donc inscrit sur ses courses fétiches du 200m et 400m 4 nages ainsi que le 200m brasse, distances sur lesquelles il a décroché l'or à Paris. Et il a du mettre du côté le 200m papillon pour faire un peu de place aux 200m et 400m nage libre. "Chaque année je change plein de choses, détaille Marchand. J'ai l'impression que si je refais la même chose tous les jours, je vais m'ennuyer. Ce n'est pas le but et je ne vais pas nager plus vite. Si je veux nager plus vite j'ai besoin de changer ma stratégie, améliorer certaines parties de mon 400m 4 nages, par exemple le crawl, partir sur des nouvelles courses où je n'ai aucun repère."  

Vainqueur du 500 yards nage libre il y a un peu plus d'un an aux finales NCAA avec le meilleur chrono de l'histoire, on lui prédit depuis un avenir radieux sur ce qui est un peu l'équivalent en grand bassin, le 400m nage libre. Une distance qu'il n'a quasiment jamais nagée dans sa carrière. On retrouve la trace de son meilleur chrono sur la distance en 2020 avec un très modeste 4'04"65, moins rapide que son record du monde du... 400m 4 nages (4'02"50) !

"Le 400m nage libre, je ne sais pas du tout comment on le nage, rigole Léon Marchand. Ça va le faire parce que Bob, il sait faire et il aura beaucoup de conseils à me donner. Mais les premiers 400m nage libre, ça ne va pas être facile! Et ça va être les plus excitants parce que c'est tout nouveau et que je n'ai aucun repère. J'ai besoin de ça pour progresser, j'ai besoin de sortir de ma zone de confort, de faire des choses que je n'ai jamais faites avant."

Une immense marge de progression

Et pour sa première incursion sur ces nouvelles distances du crawl, Léon Marchand aura déjà du répondant dans les lignes d'eau d'à côté. Avec notamment Kieran Smith le médaillé de bronze aux Jeux de Tokyo en 2021 sur la distance ou encore le double champion olympique du 1500m Bobby Finke. Et sur 200m le recordman du monde et partenaire d'entraînement à Austin Luke Hobson et ses coéquipiers du relais 4x200m américain en argent à Paris. 

De la concurrence d'entrée et deux distances, le 200 et le 400m nage libre, en ébullition ces dernières semaines. Le vieux record du monde du 400m détenu depuis 2009 et l'époque des combinaisons magiques par l'Allemand Paul Biedermann a été battu le 12 avril dernier par un autre Allemand, le champion Olympique à Paris Lukas Martens (3'39"96). 

"Ça me fait vibrer parce que je ne sais pas si c'est possible, continue le Français. Je n'ai jamais vraiment fait de crawl, mon meilleur temps sur 400m nage libre, ça doit être 4'02 (4'04, ndlr). Le nouveau recordman du monde a nagé 3'39 en passant 1'47 au premier 200m, ce qui parait impossible. Dans mon groupe d'entraînement il y a Luke Hobson le recordman du monde du 200m nage libre et Rex Maurer qui nage très vite sur 500 yards (deuxième performeur de l'histoire derrière Marchand). Il y a un niveau que je n'ai jamais eu à l'entraînement et je pense qu'on va vite progresser. Il y a une émulation assez spéciale et je suis assez excité à l'idée de faire la course avec eux sur la nage libre."

Julien Richard