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Mondiaux de natation: l'opération communication de Sun Yang, qui frôle la propagande

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Véritable figure de ces Mondiaux de natation pour ses titres sur 200m et 400m nage libre mais aussi pour les accusations de dopage dont il fait l'objet, Sun Yang a tenté ce mercredi une opération communication. Le nageur chinois, dont l'attitude arrogante a marqué les esprits, a rencontré son "fan club"... très ordonné.

Sacré sur 200m et 400m nage libre, Sun Yang ne disputera pas le 1.500m des Mondiaux de natation en Corée du Sud. La compétition du nageur chinois est donc terminée, après plusieurs jours de remous et autres polémiques. Accusé de dopage - Camille Lacourt faisait déjà état de ses soupçons aux Jeux olympiques de Rio - le très controversé homme de 27 ans, déjà suspendu trois mois en 2014, risque une suspension à vie pour avoir détruit des échantillons de sang en septembre dernier.

Ce qui ne l'a pas empêché de parader sur le bord du bassin. L'Australien Mack Horton avait refusé dimanche de partager le même podium après la finale du 400m. Mardi, le Britannique Duncan Scott a refusé de lui serrer la main, ce à quoi le Chinois a répondu par un poing rageur et un "j'ai gagné! J'ai gagné!", en traitant son adversaire de "perdant". 

Des fans triées sur le volet et très encadrées

Avant de quitter Gwangju, Sun Yang s'est offert une dernière sortie... médiatique. Et surtout très encadrée. Le double champion du monde est venu à la rencontre de son fan club. Entre 100 et 150 "fans" - exclusivement des jeunes filles - attendaient leur star à la sortie de la piscine ce mercredi. Une rencontre très encadrée: toutes l'attendaient de manière très ordonnée, avec les banderoles aperçues toute la semaine dans les tribunes.

Sun Yang est resté... une minute

Sun Yang, vêtu du survêtement chinois - pantalon rouge et tee-shirt jaune - est arrivé sans dire un mot, avant de se placer au milieu de ses admiratrices, toujours bien ordonnés. Quelques supportrices, qui n’étaient pas dans le groupe, ont tenté de l’approcher mais ont été repoussées. Sun Yang est resté à peine une minute sur place, avant de s’engouffrer dans une voiture.

Ces "fans" ont marqué la semaine de compétition du nageur, se faisant entendre en tribunes, lui évitant certainement la bronca générale. Les membres distribuaient de petits fascicules en anglais à la gloire de Sun Yang. Un petit livret de six pages qui était donc destiné aux étrangers, aux allures de propagande.

Un livret de propagande

Le document raconte la vie extraordinaire du nageur de 27 ans, son palmarès sur deux pages, son enfance avec une mère "extrêmement stricte avec son fils", ses débuts en équipe nationale, son départ pour l'Australie et ses qualités de travailleur. Une page est aussi consacrée à son père, on y apprend que sur la carte de vœux de naissance ses parents avaient écrit qu’il souhaitaient pour leur fils "d’être chanteur et d’avoir une vie simple".

Une page intitulée "hardworking" raconte donc à quel point Sun Yang est un grand travailleur. "Il n’attaque jamais les autres nageurs", peut-on y lire. On apprend également qu’il œuvre souvent "dans le silence", en donnant pour "les orphelins et les étudiants pauvres". "Il ne va jamais dans les bars, ne fume et ne boit jamais. Derrière ses médailles d’or, il n’y a qu’une persévérance sans fin, de la dévotion de l’ennui et la solitude du nageur."

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Sun Yang n'a, d'après le fascicule, "pas le temps de prendre des vacances" ni de "vie privée", qu'il ne bénéficie que de "cinq jours de repos" dans l'année. Avec en prime une citation - de lui évidemment - en couverture: "Tous les efforts sont de ma propre volonté, et toutes les gloires et les échecs, qui ont grandi dans les larmes, doivent naître de moi-même." 

Vient ensuite la partie businessman de Sun Yang, capable de délivrer "un discours de 15 minutes sans notes" lors d’un congrès anniversaire d’un de ses partenaire, Geely Automobile. "Son éloquence fait de lui quelqu’un d’irremplaçable." En photo sur le capot d’une voiture de sport chinoise, il est estimé dans ce document que Sun Yang gagne 13 millions de dollars par an avec ses activités commerciales.

En revanche, curieusement, il n’est à aucun moment fait état de sa suspension de 3 mois en 2014 pour dopage (anabolisants), ni de ses frasques extra sportives. Comment quand en 2013, il avait percuté un bus au volant d’une voiture de luxe et alors qu’il roulait sans permis et avait été condamné à 7 jours de détention. En 2015 aux mondiaux de Kazan il avait mystérieusement disparu au moment de la finale du 1500m et n’avait pas pris le départ, après une altercation avec une nageuse brésilienne dans le bassin d’échauffement. Enfin il n’est évidemment à aucun moment question de ce que l’on appelle désormais "l’affaire du marteau", ni de son passage en septembre devant le tribunal arbitral du sport où il risque une suspension à vie.

A.Bo avec J.Richard