Angleterre-France: ce qui a marché… ou pas

Ce qui a marché
La conquête
Les premières semaines de préparation censées forger le physique et l’esprit de cohésion, à coups de stages commando en montagne ou auprès du GIGN, ont porté leurs fruits, pour les « gros » de devant en tout cas. Satisfaction de la soirée à Twickenham, la mêlée tricolore a largement dominé ses vis-à-vis. A gauche de la première ligne, le pilier clermontois Vincent Debaty a rayonné en première période et marqué des points pour la suite. En mêlée fermée ou dans les rucks, les Bleus ont imposé leur force et leur organisation. Si le XV tricolore est resté en vie en première période (12-9 à la pause), il le doit à sa mêlée qui aura poussé six fois les Anglais à la faute. Et permis à Morgan Parra d’enquiller les pénalités. L’unique essai tricolore signé Fulgence Ouadraogo (60e) a conclu une séquence d’avants suite à une touche trouvée dans les 22m anglais.
L’axe 8-9-10
Dans le sillage d’un Louis Picamoles très en jambes derrière son pack, la charnière Morgan Parra – François Trinh-Duc a tenu le choc. Dans son rôle de buteur, Parra a assuré (3 sur 3). Le demi de mêlée clermontois a également su guider ses avants, efficaces dans le jeu au près. Dans son rôle d’animateur, Trinh-Duc a beaucoup proposé, alternant jeu à la main et passes au pied. On l’a notamment vu tenter plusieurs diagonales vers ses ailiers, arme indispensable du rugby moderne. A leur entrée, Rory Kockott et Loann Goujon ont démontré qu’ils étaient des alternatives intéressantes.
Ce qui n’a pas marché
La défense sur les extérieurs
L’impression générale ne révèle pas une grosse domination anglaise sur ce match. Mais quand ils ont accéléré, les locaux, plus toniques, plus puissants, plus rapides, plus adroits balle en main, ont ouvert des brèches avec facilité. Les faits sont cruels. Leurs essais chirurgicaux ont tous les trois été inscrits sur les extérieurs. Le premier sur un exploit individuel de l’ailier Anthony Watson, auteur d’un cadrage débordement d’école sur Brice Dulin (11e). Ce même Watson qui récidivera (18e) à la conclusion d’un modèle de mouvement collectif pour apporter la balle à l’aile. Le troisième est l’œuvre de l’autre ailier Jonny May en conclusion d’une longue séquence… sur les extérieurs.
L’utilisation du ballon
Pour se rassurer, on va se dire que les Bleus ont surtout travaillé le physique lors de leurs six premières semaines de préparation. Dans ce domaine, à l’image de la bonne tenue de la mêlée tricolore, ils ont rivalisé. Par contre, ballon en main… Dès qu’il a fallu jouer, les Français ont singulièrement souffert de la comparaison. Dans ce domaine, le retard semble énorme. Aux Anglais qui ont été capables d’enchainer les combinaisons à haute vitesse avec fluidité, les Bleus ont opposé des transmissions le plus souvent lentes, mal assurées, et surtout inoffensives.
Le manque d’impact des arrières
Charnière mise à part, le manque d’impact des lignes arrières inquiète. Offensivement, on n’a pas vu la paire de centres Rémi Lamerat – Alex Dumoulin. Sur les ailes, Brice Dulin et Sofiane Guitoune ont des jambes mais pas suffisamment pour générer du danger. A l’arrière, Scott Spedding fait le job, percute, mais peine parfois à faire jouer derrière lui. Sans individualités pour créer des différences, la quête mondiale s’annonce vaine. Défensivement, les Bleus ont été régulièrement troués et ont parfois subi la force adverse, à l’image de cet énorme tampon du buffle Sam Burgess sur Lamerat en première période. Lors du « match retour » samedi prochain au Stade de France, de nouvelles jambes auront une chance de révéler une menace supérieure.