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Coupe du monde de rugby féminine 2025: comment le Brésil prépare "le plus grand match de son histoire" face aux Bleues

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Après leur victoire face à l’Italie (24-0), les Bleues du XV de France font face à une grande inconnue dans leur deuxième match de Coupe du monde: l’équipe nationale brésilienne. Avec cinq victoires seulement dans leur histoire, les "Yaras" se battent pour faire briller le rugby dans le pays du football.

Le 29 juin 2024, le rugby féminin brésilien a fait un bond en avant. En battant la Colombie, les "Yaras" se sont qualifiées pour la première Coupe du monde de leur histoire. Un grand moment pour Tais Prioste, pilier brésilienne de Bobigny en Élite 1: "C’était beaucoup d’émotion, j’ai beaucoup pleuré. Mais je savais aussi qu’à partir de ce moment-là, on allait devoir élever notre niveau de rugby. On est prêtes pour cette bataille-là."

Et la bataille sera dure, le rugby féminin à quinze est tout nouveau au Brésil. Après leur premier test joué en 2008 face aux Pays-Bas, les joueuses ont attendu 11 ans pour fouler de nouveau la pelouse, en 2019 face à la Colombie. Depuis, elles ont disputé 15 rencontres internationales, pour 5 victoires.

Le défi du staff brésilien a été grand: constituer une équipe compétitive pour affronter les meilleures nations du monde: "Se qualifier a été une étape très importante pour nous." confirme Nivia Ferreira, entraîneure adjointe, au micro de RMC Sport. "On a compris le potentiel de l’équipe, ça a changé énormément de choses. On a pu évoluer dans un environnement quasiment professionnel, au sein duquel les filles s’entraînent cinq fois par semaine."

Une opportunité de développer le sport

Le match d’ouverture, perdu 66-6 face à l’Afrique du Sud, a permis de mesurer l’écart qui sépare encore les "Yaras" des meilleures nations mondiales. Mais pour Nivia Ferreira, l’essentiel est ailleurs: "On apprend tellement en étant là. On développe les joueuses pour le futur. On essaie d’analyser chaque petite action, sans regarder le score. Chaque situation est une opportunité de repenser notre méthode et progresser pour la suite. Et puis cette Coupe du monde nous donne de la lumière, de l’attention de la part des sponsors."

Les deux dernières rencontres de phase de groupe, face à la France puis l’Italie risquent de s’avérer encore plus difficiles. L’objectif est simple: marquer le premier essai en Coupe du monde de l’histoire de la sélection brésilienne. Et Tais Prioste l’assure, elles vont y mettre toute leur énergie. "On est déterminées, on a du feu dans notre cœur. Mais c’est notre première Coupe du monde, la pression est sur les autres équipes. C’est déjà une immense victoire d’être ici, on apprend beaucoup face aux autres nations mais on veut montrer notre combativité."

La fierté des joueuses brésiliennes à l’approche de leur premier match de Coupe du monde de rugby, le 24 août 2025.
La fierté des joueuses brésiliennes à l’approche de leur premier match de Coupe du monde de rugby, le 24 août 2025. © Photo par DAVID ROGERS / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

S'inspirer du sept

Si le rugby à quinze est né il y a peu au Brésil, les "Yaras" ont une grande histoire dans le rugby à sept. 25e mondiale au classement World Rugby, elles sont la 9e nation dans le classement des équipes à sept, et ont participé aux derniers Jeux olympiques à Paris. La grande majorité des internationales présentes à la Coupe du monde proviennent du circuit "Sevens", et le développement du sport passe par cette discipline: "Il y a quatre ans, on a développé une compétition dans les provinces brésiliennes." explique Nivia Ferreira. "On a réuni des clubs qui jouaient au rugby à sept, et les a fait s’affronter à quinze. C’est ça qui nous permet de faire grandir le sport."

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La grande qualité de ces joueuses à sept: leur polyvalence. À la fin du circuit mondial, il y a un mois et demi, elles ont rejoint le groupe brésilien pour préparer la compétition et se sont vite fondues dans le collectif. En plus de la numéro 10 Rachel Kochhan, porte-drapeau de la délégation brésilienne aux Jeux olympiques de Paris 2024 et auteure des premiers points de l’histoire du Brésil en Coupe du monde, quatre joueuses alignées face à l’Afrique du Sud avaient participé au circuit mondial à sept cette saison.

Le plus grand match de leur vie

Dimanche, face aux Bleues, les "Yaras" vont disputer le plus grand match de leur histoire, le premier face à une équipe du Top 10. L’écart entre les deux équipes est vertigineux: les Françaises ont 21 places d’avance au classement mondial, près de 15 fois plus de licenciées (52.000 contre 3500) et depuis le mois de mars dernier, ont gagné autant de matchs que les Brésiliennes dans toute leur histoire.

Malgré tout, la troisième ligne française Charlotte Escudero reste méfiante: "On sait que ça va être un grand match. Je n’ai jamais joué contre le Brésil, c’est un peu l’inconnu, c’est très loin de nous. On ne les connaît pas du tout, donc on va faire beaucoup de vidéo pour voir comment on peut rivaliser avec elles."

La pilier brésilienne Tais Prioste, elle, connait bien les Bleues. Elle a joué avec quelques-unes d’entre elles à Montpellier et Bobigny: "Elles sont tellement incroyables, j’ai beaucoup d’admiration pour elles." confie-t-elle. "Je jouais avec Rose Bernadou à Montpellier, au même poste, avec Marine Ménager et Khoudedia Cissoko aussi. Je pense que ça va être un grand match, un grand jour pour faire rêver tout le monde."

Avec un tel écart de niveau entre les deux équipes, espérons que le rêve brésilien ne se transforme finalement pas en cauchemar.

Pierre Thevenet