
France-All Blacks: "C’était magique", les Bleus racontent la relance géniale de Ntamack
C’est une inspiration fantastique. Un coup de folie mais en même temps un instant plein de lucidité. Une séquence que les supporters tricolores vont avoir envie de se repasser en boucle ce dimanche et dans les jours à venir. Car il est impossible de s'en lasser. A la 62e minute de jeu, samedi, lors du choc entre le XV de France et les All Blacks (40-25), à un moment où les protégés de Fabien Galthié commençaient à sérieusement souffrir, Romain Ntamack a surgi pour sortir une action de grande classe, à la hauteur de son immense talent. A sa place, lorsqu’il s’est retrouvé en couverture sur un jeu au pied de l'arrière néo-zélandais Jordie Barrett, beaucoup auraient choisi de dégager un peu n’importe comment ou de concéder une mêlée à cinq mètres en allant aplatir dans l’en-but.
Mais Ntamack n’est pas franchement du genre à paniquer. Premier sur le ballon, l’ouvreur toulousain, replacé à son poste de prédilection, a préféré se lancer dans un petit numéro de soliste. Avec d’abord un double raffut sur Richie Mo'unga et Jordie Barrett. Puis une accélération pleine d’assurance et de maîtrise venue enflammer encore un peu plus les 80.000 spectateurs du Stade de France. Parvenu à s'extirper d’une situation mal embarquée, il a remonté le couloir gauche avant d’effacer un nouvel adversaire d'une passe à l’aveugle à destination de son arrière Melvyn Jaminet. Le Varois a progressé à son tour sur plusieurs mètres et s’est appuyé sur un Antoine Dupont toujours là au soutien intérieur. Avec à l’arrivée une pénalité transformée par Jaminet et un carton jaune récolté par Ardie Savea.
Baille : "J'ai crié de toutes mes forces"
"C'est un moment incroyable dans ce match, a reconnu Galthié en conférence de presse. On était dans un temps faible en début de deuxième mi-temps. C'est comme s'il avait dit : stop, ça suffit, on reprend le contrôle du match, on vous a laissé assez de points." Rentré sur banc de touche après un gros combat, Cyril Baille a lui halluciné devant ce moment "magique". "J’ai crié de toutes mes forces. C’était magique. Ça nous remet dans le match", a-t-il confié dans un grand sourire. Même analyse du côté du capitaine Dupont : "On est plusieurs à se replier pour donner des solutions et du confort à Romain. Il décide de relancer, il joue le coup très bien, on finit à cinq mètres de la ligne avec un carton jaune (infligé à Savea). Ça nous redonne confiance car on était dans une mauvaise passe. Le risque, c'était de mettre le frein à main, là on a un sursaut, un élan de fierté qui nous a fait beaucoup de bien."
"Romain se sort d’une situation assez incroyable, a renchéri Jaminet. Quand je l’ai vu relancer, je me suis dit qu’il fallait que je donne tout pour être au soutien. Il m’a sorti une magnifique passe à l’aveugle." Au-delà de cette relance exceptionnelle, Ntamack a livré un match de patron du haut de ses 22 ans, avec également un essai plein de détermination au cœur d’une soirée dont il se souviendra longtemps. Pour notre consultant Denis Charvet, "il y a très peu de joueurs qui peuvent faire ce qu'il a fait" face aux triples champions du monde néo-zélandais, battus par les Bleus pour la première fois depuis 2009. "C'est remarquable, c'est du génie ! On a enfin un joueur qui peut nous faire gagner une Coupe du monde. Cette génération est extraordinaire. Ce n'est que du bonheur !"