RMC Sport

Finale Castres-Montpellier: épopées, désillusions... les souvenirs de Galletier d'un classique du Top 14

Kélian Galletier (30 ans), troisième ligne de Montpellier depuis 2011, ouvre la boîte à souvenir avant la finale du Top 14 face à Castres, vendredi (20h45) au Stade de France. Un adversaire qu'il connaît bien puisque les deux équipes s'affrontent pour la septième fois en 12 ans en phases finales. Avantage pour le CO avec quatre succès, dont ceux en finale 2018 et en demi-finale de 2014.

14 mai 2011: Castres–MHR (17-18), match de barrage au stade Pierre-Antoine à Castres

Pour la première fois de son histoire, le MHR se qualifie pour les phases finales. Une qualification arrachée lors de la dernière journée avec une victoire éclatante contre Toulon. La bande du duo Galthié–Béchu attaque les phases finales avec plein d’envie. Kélian Galletier (30 ans), espoir à l’époque, se souvient surtout d’une bande de potes.

"Je me rappelle très bien les échecs de Romain Teulet (ancien arrière et buteur emblématique de Castres, ndlr) ce jour-là, lui qui ne ratait quasiment rien. Notamment cette pénalité sur la sirène. Elle passe à côté. Je vois les mecs sauter partout. C’était le début de l’épopée pour ces mecs. Le destin était tracé pour cette équipe. Ça donnait envie de jouer avec eux car il y avait une bande de potes. Ils s’étaient battus pour le maintien la saison précédente, ils étaient très soudés et cela se voyait. L’équipe avait vécu une année fantastique. C’était assez grandiose, le club de Montpellier se structurait à peine, il essayait de se maintenir. Il y avait une belle âme autour de cette équipe."

25 mai 2012: Castres–MHR (31-15), match de barrage au stade Ernest-Wallon à Toulouse

Un an plus tard, Montpellier termine cinquième du Top 14 et retrouve Castres en barrage. Le match est délocalisé à Toulouse. Mais le MHR a l’esprit ailleurs ce jour-là. Eric Béchu est malade depuis le mois de décembre, il a pris du recul par rapport au terrain. Quelques jours avant le match, il adresse un message aux joueurs qui porteront un maillot d’encouragement lors de l’échauffement. "On avait appris sa maladie en janvier, confie Kélian Galletier. Il venait de rentrer à l’hôpital pour se faire opérer. Ce sont des moments difficiles. Il nous avait transmis un message vidéo et on le voyait très amaigri, on voyait que la maladie faisait beaucoup de dégâts. On avait porté un tee-shirt en hommage avant match."

11 mai 2013: Castres–MHR (25-12), match de barrage au stade Pierre-Antoine à Castres

Le staff du MHR a changé à l’intersaison. Stéphane Glas et Mario Ledesma sont arrivés pour aider Fabien Galthié. Le MHR termine cinquième et affronte pour la troisième fois d’affilée Castres en barrage. Un match que Galletier a totalement oublié lui qui commençait pourtant à faire de plus en plus de feuille de match. "Alors là je n’ai aucun souvenir de ce match-là, reconnaît-il. Celui-là je l’ai complètement zappé."

17 mai 2014: MHR–Castres (19-22), demi-finale au stade Pierre-Mauroy à Lille

Montpellier réalise la meilleure saison de son histoire cette année-là. Le MHR termine 2e et se qualifie directement pour les demi-finales du Top 14 à Lille mais chute face à Castres (19-22, a.p.). Une défaite qui laissera des traces. Quelques mois plus tard, Fabien Galthié sera licencié et remplacé par Jake White. "On réalise l’une des meilleures saisons de l’histoire du club, rappelle Galletier. On aurait pu mériter notre place en finale. C’était vraiment un match très très serré. Comme vendredi sûrement. Une rencontre très compliquée et qui se termine en prolongation. Ça avait été affreux jusqu’au bout des 100 minutes. Il y a en plus ce quiproquo en prolongation où on ne prend pas la pénalité. Il y a une mésentente entre le staff et les joueurs pour taper ou non cette pénalité qui aurait permis de disputer les tirs au but. Mais il y a tellement de pression sur ces matchs-là que parfois c’est difficile d’être lucide."

12 juin 2016: MHR–Castres (28-9), match de barrage à l’Altrad Stadium à Montpellier

Après une saison blanche, le MHR retrouve les phases finales. Cette fois, le match se dispute à Montpellier. Une année particulière avec les adieux ratés à François Trinh-Duc lors du dernier match de championnat contre Toulon et le tweet acerbe de Fulgence Ouedraogo ("Peu importe le score du match, ce match restera une défaite historique pour le club"). Trinh-Duc ne sera pas retenu pour les phases finales et libéré pour l’équipe de France comme Kélian Galletier après le barrage.

"Enfin, on avait battu Castres, savoure l'international français (cinq sélections). On avait bien gagné ce match-là. On avait fait un gros match avec d’ailleurs beaucoup de supporters castrais dans le stade, ce qui nous avait surpris. On venait de gagner la challenge cup et on s’incline à Rennes (contre Toulon, 27-18) dans la foulée. Je n’avais pas joué la demi-finale car j’étais parti en sélection pour la première fois. Jake White m’avait libéré. Ça c’est un bon souvenir je m’en rappelle."

2 juin 2018: MHR–Castres (13-29), finale au stade de France

Vern Cotter a remplacé Jake White. Montpellier termine premier de la phase régulière à domicile, invaincu à domicile. En demi-finale, c’est une démonstration contre Lyon (victoire 40-14). Le MHR aborde cette finale avec le statut d’immense favori.

"C’est le pire souvenir celui-là. C’est quand même une finale, quelque chose de grand à disputer. C’est une joie immense. Mais ce jour-là, on était tombé sur plus fort que nous. Il n’y a rien à dire sur le match. Beaucoup de désillusion car on avait fait la meilleure saison au sein du club. On avait fini largement premier, on avait fait une grande demi-finale avant cet échec sur la dernière marche. Est-ce que l’on était trop sûr de nous? Je ne crois pas. On était avec Vern Cotter qui savait ce que c’était de disputer les phases finales. Il y avait un statut de favori pesant qui nous a mis de plus en plus de pression au fil du match. On sentait la chose nous échapper et en face ils étaient de plus en plus galvanisé par cette idée de pouvoir le faire. On s’est délité. On a tous voulu bien faire mais que par des initiatives solitaires. Ce jour-là Castres a parfaitement joué son jeu. Ils ont mérité le titre."

Kélian Galletier lors de la finale face à Castres en 2018
Kélian Galletier lors de la finale face à Castres en 2018 © ICON Sport

24 juin 2022: Castres-MHR, finale au stade de France

"Pour moi, on voit l’état d’esprit d’une équipe par sa défense, conclut Kélian Galletier, qui va disputer son dernier match avec le MHR avant de rejoindre Perpignan. Et je nous vois infranchissable cette année sur pas mal de matchs comme contre Bordeaux en demi ou Exeter en coupe d’Europe. Notre défense peut être imperméable. C’est un secteur de jeu où on est fort. C’est un peu notre moteur. J’espère que vendredi ça sera le cas encore. Ça sera une des clés. C’est un signe de solidarité et ce groupe en a beaucoup. J’espère que ça va le faire."

Julien Landry