Le Stade Toulousain, roi des doublons

Les doublons, ça a du bon. C’est encore une fois ce qu’on se dit à Toulouse, à la fin de cette période si particulière pour le club, où les internationaux s’en vont à Marcoussis pendant que le reste du groupe cravache pour maintenir le club tout en haut. Et comme l’an passé (quatre victoires, une défaite), c’est encore un moment faste de la saison. Deuxièmes à trois points de l’Union Bordeaux-Bègles au moment d’affronter Montpellier sans ses tauliers, le Stade Toulousain se retrouve ce soir leader, avec huit points d’avance sur Toulon, battu à Lyon, et neuf sur l’UBB en attendant le résultat des Bordelais à Perpignan. Quatre matchs (Montpellier, à Clermont, Bayonne et Vannes), quatre victoires, deux bonus offensifs (Bayonne et Vannes), aucune équipe n'a fait mieux, avec un 18/20 au compteur qui sonne comme une note d’école pour de bons élèves.
"On voit qu'au fur et à mesure des semaines, l'équipe se bonifie, confirme l’entraîneur des avants Jean Bouilhou. Donc ça démontre la qualité des joueurs, qui sont capables de travailler, de progresser ensemble. Et c'est ça qu'il faut noter. Je crois qu'on a fait preuve d'humilité, de solidarité." Toulouse s’est appuyé sur ses leaders de doublons habituels, tels Neti, Cramont, Brennan, Willis, Graou, Mallia ou Lebel, tous impeccables dans leurs prestations. Et une énième fois sur sa formation avec les Lacombre, Hawkes, Remue, Delpy ou même Vignères, ce samedi face à Vannes. Lesquels se fondent dans un collectif qui donne l’impression que rien ne peut l’atteindre.
"Il faut s’accrocher au wagon"
Et les internationaux de retour, comme Jelonch, Roumat, Kinghorn ou Capuozzo, en sont presque béats d’admiration. "On est assez admiratif de ce que fait le groupe sur cette période-là, avoue ce dernier. Honnêtement, quand je suis arrivé cette semaine, il faut vraiment s'accrocher au wagon, parce que ça va très vite et c'est super positif. Super positif pour le club, super positif pour le groupe, pour l'émulation, pour aussi cette fin de saison. Ça nous garde les internationaux en alerte jusqu'au bout et franchement, beaucoup de satisfaction et beaucoup de bonheur de retrouver le groupe cette semaine." Ils reviennent et se fondent dans un collectif vertueux, à la confiance et la dynamique au sommet. Parlez en aux Bayonnais ou aux Vannetais, corrigés deux week-ends de suite…
Alexandre Roumat, réquisitionné par les Bleus en Italie, a avoué écarquiller les yeux de là-bas. "C'est encore une fois une période qui a été charnière et les mecs qui ont été là pendant ces trois-quatre semaines ont été juste incroyables sur le contenu des matchs et aussi la qualité du jeu de l'extérieur. C'est vrai que les Toulousains qui ont été sélectionnés, quand on voyait les matchs, on se régalait tout autant que les supporters." Conquête, défense, qualité de jeu, spectacle, Toulouse a su garder le curseur très haut et engranger avant le printemps. "Là, il y a une période de dix jours de vacances, qui correspond à la période des Six Nations, poursuit Bouilhou. Et puis après, on va se préparer pour une grande ligne droite, où on va mixer des matchs du top 14 et des premiers matchs de phase finale de la Coupe d'Europe, et aussi avec une réunification de tous les internationaux. Donc, c'est une période un petit peu toujours charnière, et ça sera aussi un défi de ramener tout le monde à la maison et de préparer les futures échéances."
"On n’a pas le loisir de se reposer…"
Où les internationaux réintégreront l’effectif, avec le devoir de performer pour reprendre leur place? Pour Ange Capuozzo, il n’y a pas de statut à part dans ce club : "C'est vrai que quand on arrive dans cette atmosphère, dans ce groupe qui vit et qui travaille très, très bien, c'est sûr que c'est beaucoup plus facile pour nous et on a juste à s'adapter, à s'ancrer, à suivre le groupe. Et honnêtement, il n'y a pas de statut de sauveur ou quoi que ce soit, j'ai même envie de dire, c'est à nous de nous mettre vraiment au niveau et d'assurer, parce qu'encore une fois, comme je l'ai dit juste avant, ça va très vite et il faut s'accrocher vraiment au wagon." Ou plutôt à la locomotive que représente cette équipe. Qui, question provocatrice, tourne encore mieux sans les cracks?
Alexandre Roumat le confirme à demi-mot : "Déjà, de base, je crois que par définition, dans ce club, la concurrence est rude à tous les postes. Mais j'ai l'impression encore plus depuis ces dernières semaines, où les internationaux ne sont pas là. Et l'équipe tourne peut-être même encore mieux que juste avant. Les mecs commencent à prendre des places, commencent à faire des grosses performances. C'est aussi ça qui, je pense, nous fait avancer dans notre groupe. C'est que, nous aussi, quand on est international et quand on revient, on n'a pas le loisir de se reposer. On sait que si on ne met pas l'intensité, le niveau, la performance nécessaire, le train, il va passer. Mais c'est aussi ça qui nous permet, je pense, d'être là où on est actuellement et de lâcher aucun match et de faire des performances comme on les fait." Le staff toulousain ne s’en plaindra pas. La plus grosse concurrence du Stade Toulousain, elle se vit peut-être en interne finalement…