Top 14 - Toulouse : pourquoi Clerc s’en va

Vincent Clerc - AFP
C’est presque une histoire d’amour de quatorze ans qui va s’achever d’ici plus ou moins un mois, selon le parcours du Stade Toulousain. Débarqué en 2002 en provenance de Grenoble, Vincent Clerc ne portera plus le maillot rouge et noir à l’issue de la saison. D’un texte sur son compte Instagram, l’ex-international a confirmé l’information qui avait fuité ces derniers jours. « Alors que depuis de longs mois, les informations qui m'étaient transmises me laissaient croire que tout était bien engagé quant à mon avenir au Stade Toulousain, il m'a été notifié vendredi 13, dans l'après-midi, que mon club depuis 14 ans ne me ferait aucune offre pour que je reste ».
Trois fois champion d’Europe (2003, 2005, 2010), trois fois champion de France (2008, 2011, 2012), appelé 67 fois avec le XV de France (avec lequel il fut vice-champion du monde en 2011, 4e en 2007 et a remporté trois Tournois des 6 Nations), Clerc détient pas mal de records : celui du nombre d’essais inscrits en Coupe d’Europe (36), du meilleur marqueur de la Coupe du monde 2011 avec six réalisations (égalité avec l’Anglais Ashton), du meilleur marqueur français lors d’une phase finale de Coupe du Monde (11). Il est également deuxième meilleur marqueur de l’histoire des Bleus (34 essais) derrière Serge Blanco.
Mola voulait le prolonger
Si Clerc n’a plus ses jambes de 20 ans, il reste cette saison le deuxième meilleur marqueur toulousain en Top 14 (7 essais) derrière Fickou (8). Modèle de professionnalisme, son expérience, sa longévité et son charisme font de lui un élément apprécié du vestiaire. C’est pour toutes ces raisons que le manager Ugo Mola lui avait signifié durant l’hiver son envie de le prolonger. A 35 ans, Clerc souhaite jouer au rugby une saison de plus et réfléchit aussi à sa reconversion (il est le co-créateur avec Philippe Spanghero et son coéquipier Grégory Lamboley de Team One Groupe, qui travaille dans la communication et le marketing sportif).
Prévenu de cette éventualité, il a donc rencontré ses dirigeants une première fois au début du printemps. Mais à sa stupéfaction, la proposition (orale) du club était à des années lumières de ce qu’il imaginait. Conscient du temps qui passe, il semblait prêt à accepter une baisse conséquente de son salaire actuel (un peu plus de 20 000 euros mensuels). Mais, selon nos informations, la proposition toulousaine atteignait à peine les… 10 000 euros. Un camouflet pour lui. De plus, le Stade Toulousain a temporisé dans ce dossier, espérant attirer dans ses filets Virimi Vakatawa. En vain.
Accord dans les prochains jours avec Toulon ?
Seulement, le CV de Clerc circule aussi dans les clubs du Top 14 depuis que les négociations bloquent avec Toulouse. Le Racing, puis Lyon s’étaient renseignés il y a peu. Mais c’est Toulon qui s’est engouffré dans la brèche pour rafler la mise. Des contacts plus qu’avancés ont amené l’ailier à se mettre d’accord avec le président Boudjellal et à signer une promesse d’engagement pour une saison, mais pas encore un contrat en bonne et due forme. La conclusion doit intervenir dans les prochains jours. Reste que Clerc doit maintenant digérer cet épisode, faire le deuil de son aventure toulousaine pour bien finir la saison avec ses coéquipiers. Il n’était d’ailleurs pas présent à l’entraînement ce lundi après-midi.
S’il se confirme qu’il rejoint Toulon la saison prochaine, la possibilité de jouer des titres et côtoyer de grands joueurs l’aidera en ce sens. Du côté du Stade Toulousain, des questions vont tout de même se poser. Les dirigeants ont parfaitement le droit de ne pas prolonger Vincent Clerc. Mais la différence de discours entre le sportif et les dirigeants interpelle, comme un manque de cohérence et d’uniformité. Il est d’ailleurs possible que certains supporters leur signifient leur courroux devant la gestion du dossier. A Toulouse, on ne touche pas aux icones. Encore plus quand celle en question risque précisément de filer chez le grand rival toulonnais.