XV de France: déjà des maux de tête pour Novès…

Clive Woodward, Raphaël Ibanez ou Fabien Galthié ont finalement une raison de se réjouir d’avoir été recalés de la course à la succession de Philippe Saint-André. Car le chantier s’annonce immense pour Guy Novès, officiellement nommé sélectionneur du XV de France le 31 mai dernier. A cette époque, le bilan des Bleus inquiétait déjà mais l’espoir d’une Coupe du monde réussie existait encore. Au lendemain de la débâcle face à la Nouvelle-Zélande (62-13), l’ancien manager de Toulouse récupère une équipe en friche.
Des leaders à retrouver
Alors que Frédéric Michalak, Pascal Papé et Nicolas Mas ont mis un terme à leur carrière internationale samedi, Guy Novès devra s’appuyer sur de nouveaux relais. Tentera-t-il de convaincre Thierry Dusautoir, capitaine des Bleus et l’un de ses leaders à Toulouse, de poursuivre l’aventure encore un peu ? Il devra aussi rebâtir un XV à son image et certainement se tourner vers un projet de jeu différent de celui de Philippe Saint-André. Sera-t-il tenté de se baser sur les Toulousains qu’il connait bien ? Réponse en janvier 2016, quand il dévoilera le premier groupe pour le Tournoi des VI Nations.
Bru, un adjoint sous pression
Une première interrogation accompagne la prise de fonction de Guy Novès. Le manager toulousain a déjà annoncé qu’il sera entouré de Jeff Dubois, comme entraîneur des arrières, et de Yannick Bru, entraîneur des avants. Le maintien de ce dernier pose question, alors qu’il était déjà dans le staff de Philippe Saint-André avec un bilan loin d’être flamboyant. « Quand on voit le travail et la performance des avants français depuis quatre ans, Yannick devrait dire : "J’ai manqué mon mandat et je vais arrêter", explique Bernard Laporte, membre de la Dream Team RMC et manager de Toulon. On est toujours dans l’intérêt particulier et jamais dans l’intérêt général. Tout le monde veut rester, "la soupe est bonne". Il faudrait faire preuve de pragmatisme et lui le premier devrait dire "J’ai échoué". » Sébastien Chabal est du même avis. « Quand on voit que les avants français se sont faits rouler dessus, je ne sais pas si c’est bien, même pour lui. »
Un nouveau rôle à assimiler
Guy Novès, c’est 28 ans passés à Toulouse en tant que joueur puis entraîneur. Et des titres en pagaille : quatre Coupes d’Europe et 10 titres de champion de France notamment. « Guy Novès peut amener, au XV de France, son expérience du haut niveau qu’il a connue à Toulouse », est persuadé Denis Charvet, membre de la Dream Team RMC. Si son palmarès est incontestable, le poste de sélectionneur diffère de celui en club. Et il fut d’ailleurs le premier à se plaindre de la mise à disposition des joueurs de club pour la sélection. Quatre ans après avoir refusé le poste, il se retrouve cette fois dans le rôle du sélectionneur et devra forcément adapter sa communication.
L’éternel bras de fer avec le Top 14
Pour beaucoup, le parcours catastrophique de la France en Coupe du monde est en partie dû à la politique des instances du rugby français qui privilégient le Top 14 à la sélection. Si la FFR et la LNR tentent régulièrement d’adapter le calendrier à la faveur des Bleus, ils n’ont jamais empêché la grogne des sélectionneurs successifs, agacés de ne pas pouvoir compter sur leurs joueurs plus souvent. « Tout seul, il n’y arrivera pas, il faut que ça bouge autour de lui », assure Sébastien Chabal. « Si on ne change pas les choses, on n’y arrivera pas », enfonce Bernard Laporte. Les sorties médiatiques de Guy Novès promettent d’être savoureuses.