Galles-France: comment les Bleus ont reconquis leurs supporters

Cela faisait longtemps que ce petit frétillement dans le ventre avait disparu. Depuis onze ans à peu près et la finale de la Coupe du monde 2011, perdue face à la Nouvelle-Zélande (8-7). Le cru 2022 du XV de France a fait renaître un sentiment de jubilation dans l’esprit des supporters français. Ils étaient 10.000 à s’époumoner à Edimbourg il y a deux semaines lors du succès cinglant de la France en Ecosse (36-17). Ils seront encore nombreux - entre 5.000 et 6.000 - ce vendredi (21h) à Cardiff, contre le pays de Galles, pour pousser Antoine Dupont et ses coéquipiers dans leur quête d’un premier Grand Chelem depuis 2010.
Et l’excitation est très clairement palpable à l’approche du match. Parce que cette équipe diffuse un sentiment de vraie montée en puissance depuis la (vraie) prise de fonction de Fabien Galthié sur le banc lors du Tournoi des VI Nations en 2020. Ils ont touché du doigt la victoire finale ces deux dernières années (2es en 2020 et 2021) mais semblent cette fois tout près d'atteindre leur graal après trois victoires en autant de matchs. En dégageant une assurance de champion et un jeu collectif qui régale plus que celui du dernier Grand Chelem en 2010, plus construit sur la notion de combat. Le succès contre la Nouvelle-Zélande en novembre dernier (40-25) a amplifié cet amour retrouvé.
"Ça joue du ballon !"
"Ça joue du ballon, lance Philippe, qui a fait le déplacement à Cardiff depuis l’Aveyron. Aujourd’hui on a des trois-quarts qui envoient, un pack fort… Voilà, faut arriver jusqu’au bout! C’était un peu compliqué. Mais après, il faut un changement d’entraîneur, une nouvelle génération et je crois que derrière, ça repart." "Comme ça jouait avant, on n’avait pas trop envie de se déplacer, ajoute son compère, Marc. Là, maintenant, on est à fond derrière eux."
Ce soutien redevenu inconditionnel s’explique aussi par la faculté de cette équipe à ne douter de rien. Ni de l’Irlande, battue dans un Stade de France en transe (30-24) , ni de l’Ecosse. La pression de favoris mise par toutes les autres nations n’a pas (pour le moment) de prise sur cette équipe vraiment emballante.
"On a une super fierté, on se déplace en groupe maintenant"
"On a une étiquette un peu plus grosse dans le dos maintenant par rapport aux résultats et toute l’effervescence qu’il y a autour de l’équipe en ce moment, reconnaît Maxime, venu de Limoges. On a une super fierté, on se déplace en groupe maintenant. On est le vrai coq français. On a à cœur de donner sur le terrain et de prouver qu’on n’est plus une équipe de seconde zone. On a quelque chose à jouer concrètement."
Le comportement des joueurs aide aussi. Souvent pris à partie lors de la longue période de vache maigre (aucun titre depuis 12 ans, donc), les membres de l’équipe de France profitent de leur cote de popularité en hausse pour communier avec des supporters, toujours plus assidus, comme en témoignent les audiences records des matchs de ce tournoi.
"Maintenant on vibre pour nos Bleus"
"Maintenant on vibre pour nos Bleus, rappelle Sébastien, du Lot. On est avec eux, on y croit et quand tu les vois faire le tour du stade, prendre du temps pour partager avec les supporters, il y a quand même quelque chose qui est revenu, qu’on avait plus depuis longtemps. On espère bien une perspective heureuse." Le clou du spectacle est attendu samedi prochain (19 mars, 21h) face à l’Angleterre dans un Stade de France, plein à craquer.
Mais certains se projettent plus loin encore. Vers le Mondial dans un peu plus d’un an, en France. "2023 c’est chez nous, je pense que tous ceux qui sont ici (à Cardiff) ont réservé des places, lance Sébastien. J’espère bien qu’il va se passer quelque chose. On n’osait plus trop bomber le torse, on n’osait plus trop se balader. C’est un vrai plaisir." Qu’il espère prolonger ce vendredi au Millennium Stadium teinté de rouge et d’une touche de bleu. Très bruyante de préférence.