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Biathlon: "On met le cœur en situation difficile", comment les Bleus ont fait des courses en altitude leur spécialité

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Alors que les championnats du monde de biathlon se disputent à Lenzerheide (Suisse), à 1400m d’altitude, les Français ont pris l’habitude de briller sur des sites en altitude. Pour preuve, les Bleus comptent déjà trois médailles en trois courses.

Peu importe la discipline pratiquée, la préparation occupe toujours une place centrale pour la réalisation de performances. Pour le biathlon français, le travail en altitude à chaque intersaison semble porter ses fruits. La page de Pékin tournée, l’équipe de France a axé sa préparation pour les Jeux olympiques 2026 sur le travail en altitude. Et pour cause, les épreuves de biathlon auront lieux à Antholz-Anterselva, à 1600m d’altitude, dans un stade que les athlètes connaissent par cœur.

Mais avant d’aborder la saison olympique, les Français sont déjà en démonstration sur les Mondiaux organisés à Lenzerheide (Suisse), un site également en altitude (1400m). Après le titre de la France sur le relais mixte mercredi, Justine Braisaz-Bouchet a confirmé son invincibilité dans la station suisse (4e victoire) en s’octroyant la médaille d’or sur le sprint, suivie par le bronze de Quentin Fillon-Maillet sur la même épreuve chez les garçons. Un site que la biathlète des Saisies affectionne, tout comme les autres Français, puisqu’il met en lumière les qualités acquises après de longues semaines passées en altitude lors de la préparation estivale.

Perte d’eau et récupération optimale

“En altitude, il y a une diminution de la pression atmosphérique. Plus on monte en altitude, plus le manque d’oxygène se fait sentir, d’autant que l’air est un peu plus sec, ce qui va perturber l’organisme. À partir de 1.600m d’altitude, on perd 1% de la VO2 max”, explique le Dr Alain Ducardonnet, cardiologue et médecin du sport. Faire du biathlon à 1.400m ou plus est un avantage pour les Tricolores, au contraire des autres nations, à commencer par les Scandinaves.

“Les biathlètes s'entraînent en relative haute altitude pour avoir une capacité plus importante en aérobie. On perd beaucoup plus d'eau, en particulier par la respiration, puisqu'on respire un peu plus. Plus on s'entraîne en altitude, plus la vitesse de récupération va être importante et donc plus la fréquence cardiaque va retomber et moins on sera tremblant et essoufflé.” Un avantage non négligeable pour la pratique du biathlon, surtout lors de l’arrivée sur le pas de tir.

La génétique aide aussi à la performance

Les nombreuses heures à rester enfermer dans des chambres à hypoxie à Prémanon (1.150m) pour les garçons, la répétition des tours de piste en été ou à l’automne, l’enchaînement des séances de tir et de musculation, ainsi que les nombreux stages à Prémanon et Bessans (1.750m) pour les filles ont permis aux Bleu.e.s de devenir des machines à performer en altitude. “La moitié du groupe a pris une option hypoxie un peu plus lourde que l’année dernière”, expliquait Cyril Burdet, le coach des filles, auprès de Ski Chrono lors de la préparation.

Une facilité en altitude possible en partie grâce à… l’ADN. “La fréquence cardiaque est en partie génétique, à hauteur de 60%. Les 40% restants viennent de l’entraînement. Ceux qui sont un peu moins bons sur le plan de la fréquence cardiaque et de la capacité aérobie vont un peu plus souffrir que les autres parce qu’on met le cœur en situation difficile”, poursuit le Dr Alain Ducardonnet.

En plein dans le mille

Cet environnement difficile, qui peut parfois être couplé à des conditions variables en course (vent, neige, qualité de la piste), les Français ont su parfaitement le dompter. À Lenzerheide, terre des Mondiaux 2025, Justine Braisaz-Bouchet est comme à la maison, avec quatre victoires de suite (sprint, poursuite, mass-start lors de l’étape de Coupe du monde et le sprint des championnats du monde). JBB s’est également imposée lors du sprint à Soldier Hollow (1.700m d’altitude), tout comme Eric Perrot chez les garçons. Lou Jeanmonnot (poursuite) connaît également le succès en terre américaine.

Cette razzia en altitude est d’autant plus vraie à Antholz-Anterselva. Rien que cette année 2025, le relais hommes s'y est imposé, tout comme Lou Jeanmonnot en sprint et poursuite chez les femmes. Quatre Françaises étaient par ailleurs présentes dans le top 5 de cette poursuite. Julia Simon y a également remporté la mass-start en 2021 et 2024. De quoi aborder les futurs Jeux olympiques dans la station transalpine avec appétit. Mais avant le plat de résistance, l’entrée à Lenzerheide est déjà bien copieuse. Ça tombe bien, les Bleu.e.s ont un appétit d’ogre.

Analie Simon Journaliste RMC Sport