Mondiaux de biathlon : Anaïs Chevalier, un déclic pour une belle médaille

Ce n’était qu’une question de temps. Et c’est arrivé au meilleur des moments. Ce vendredi, lors du sprint des Mondiaux d’Hochfilzen (Autriche), qu’elle a terminé à la troisième place, Anaïs Chevalier a confirmé qu’elle avait désormais sa place dans la cour des grandes. A 23 ans, l’Iséroise a décroché sa première médaille individuelle dans un grand championnat, après celle en argent de la veille avec le relais mixte. Une surprise ? Pas vraiment.
Car cette saison est celle des grandes premières pour Chevalier. Le 16 décembre dernier, à Nove Mesto, elle monte pour la première fois sur un podium individuel de Coupe du monde, en terminant deuxième du sprint. Le lendemain, sur la neige tchèque, elle signe sa première victoire lors de la poursuite. Les prémices du gros coup de ce vendredi. « J’ai fait la course que je rêvais de faire, je suis super contente, confie la médaillée de bronze. Il faut bien une première à tout. Tant mieux si tout tombe la même année. J’espère que l’année prochaine sera l’année des deuxièmes, sinon ce ne sera pas drôle (rires). Pour l’instant, je prends tout ce qu’il y a. »
Son entraîneur : « On a l’impression que rien ne peut lui arriver »
Après un gros problème de dos en 2014 et un début de saison compliqué, la mise sur orbite de la « fusée Chevalier » semblait pourtant devoir attendre encore un peu. Mais le déclic a eu lieu. « Depuis son premier podium et sa première victoire, on a l’impression que rien ne peut lui arriver, explique Julien Robert, son entraîneur. C’était juste un déclic psychologique qu’il lui fallait, on le savait. Elle l’a trouvé au fond d’elle-même, ça a dû être dur. Je la connais depuis qu’elle est toute jeune, ça a toujours été un peu laborieux car elle était forte à l’intérieure mais se fissurait facilement. Elle a trouvé la recette qui lui convenait et elle est récompensée. »
A lire aussi >> Mondiaux de biathlon : une Russe suspendue provisoirement
« Est-ce que vraiment je suis faite pour ça ? »
« J’étais frustrée de faire les courses que je faisais, je fais tellement de sacrifices tous les jours, raconte-elle. Pour moi, faire une 30e place en Coupe du monde, ce n’est pas possible. Je me suis clairement posée la question : est-ce que vraiment je suis faite pour ça ? Si ce n’est pas le cas, j’irai faire autre chose, ce n’est pas grave. Je ne sais pas comment est venu le déclic, mais je crois que je suis faite pour ça, donc tant mieux. J’ai trouvé la clé. Je ne sais pas laquelle mais elle marche, donc je vais la garder. Ça se passe dans ma tête, il y a des choses obscures des fois. »
Dorin-Habert : « Elle est décomplexée »
« C’est vraiment exceptionnel, s’enthousiasme Célia Aymonier, 9e ce vendredi. C’est une fille vraiment super, qui mérite ce qui lui arrive. Je crois qu’elle a vraiment passé un cap. Elle avait besoin de ça. Je crois qu’elle avait besoin de ça dans sa tête pour le passer et je suis vraiment hyper contente. C’est super pour elle. Elle montre à tout le groupe, à tous ceux qui ont connu des moments difficiles, que c’est possible de revenir avec de la volonté. C’est une belle histoire. C’est une fille qui, quand elle l’a décidé, peut être extrêmement forte. Elle l’a prouvé aujourd’hui. Elle ne se laisse plus la possibilité d’aller moins vite en ski et de tirer moins bien. Elle est sur son nuage et c’est extraordinaire. »
A lire aussi >> Mondiaux de biathlon : l’affaire Fourcade-Russie fait causer à Hochfilzen
« Elle est décomplexée, analyse de son côté Marie Dorin-Habert, leader de l’équipe de France mais seulement 7e de ce sprint. C’est juste énorme. Mais ça ne me surprend pas dans la mesure où c’est une fille qui bosse beaucoup, qui fait ça à l’entraînement. Elle réunit 100% de ce qu’elle sait faire et c’est vraiment bien, c’est une qualité de grand champion. » Une championne qui va se marier au printemps. Histoire que 2017 soit vraiment une année inoubliable…