Hockey sur glace (Mondiaux): Equipe de France, le retour des "chiffonniers"

"Si on veut s’en sortir c’est tous ensemble avec une patience de fer, de la rage, des chiens galleux comme mon capitaine Laurent Meunier me l’a dit à mon arrivée en équipe de France." Pierre-Edouard Bellemare n’a pas oublié son arrivée chez les Bleus pour le Mondial 2004. A l’époque, Dave Henderson prenait ses fonctions comme sélectionneur. Sous la houlette du Canadien, les Tricolores ont réussi à cimenter une place dans le groupe A, l’élite planétaire.
Des exploits face aux Canadiens, aux Suisses, aux Russes et un quart de finale en 2014 ce qui n’était jamais arrivé avec cette formule. L’histoire de ce Mondial disputé en Suède et au Danemark s’ouvre samedi face aux Lettons, qui ont barré la route des Bleus aux Jeux Olympiques lors du TQO l’an passé. L’ossature de l’équipe balte est formée de joueurs issus du championnat suédois ou de la KHL russe. Dans une poule à 3 étages selon les mots du sélectionneur Yorick Treille, les Lettons sont à celui du milieu : "Le sentiment de revanche est là, insiste Pierre-Edouard Bellemare. Ce sont des joueurs de gros niveau. On a envie de partir sur un match revanchard et sans regret à la fin."
Objectif quart de finale
Le chemin de poule des Bleus continuera avec, dans l’ordre, la Finlande, le Canada avec ses stars, la Slovaquie, l’Autriche, la Suède et finalement la Slovénie le 19 mai, peut-être le match du maintien. Pour se préparer à ce rendez-vous où il ne faudra pas terminer dernier de la poule, les hockeyeurs ont tourné face à la Suisse (deux défaites 4-3 et 5-2), la Norvège (1 victoire, 1 défaite) puis face aux Slovaques (deux défaites dont la deuxième 8-1).
"On a fait des pas en avant sur les automatismes, explique Yorick Treille. On veut avoir des ambitions élevées. On veut gagner du respect et ça se mérite chaque soir peu importe l’adversaire. On veut gagner le match du jour. Il y a le potentiel pour surprendre et potentiellement accrocher un quart de finale. On sait aussi qu’on peut être dans l’état d’esprit de devoir se sauver en fin de tournoi. Ça on le connait. On veut mettre l’énergie positive pour amener l’exploit." Les Français compteront sur une belle base de joueurs expérimentés comme Bellemare, revenu en Suisse après dix ans en NHL, Sacha Treille qui va participer à son 15e Mondial.
Alexandre Texier est débarqué ce jeudi après l’élimination de Saint-Louis en play-offs. A leurs côtés, des jeunes qui se sont déjà fondus dans le moule comme l’apprécie Bellemare: "On se retrouve avec la mentalité France un peu chiffonniers, chiants à jouer contre. Les jeunes qui entrent arrivent à le faire très bien. Ils sont faim de montrer qu’ils ont leur place. L’équipe a patience et confiance. On fait confiance au système et on sait qu’on a besoin de tout le monde pour y arriver."
L'esprit chiffonier
Comme aime le dire les hockeyeurs il faut savoir mettre la tête pour dévier un palet. Cet état d’esprit accrocheur, prêt à mettre le corps en barrage en défense qui a construit les grands succès des Tricolores lors de la décennie passée. C’est ça l’esprit chiffonnier. "Il faut faire comprendre à tout le monde, que notre force par rapport aux autres équipes qui ont des joueurs plus talentueux qu’elles ne peuvent pas avoir plus de cœur que nous, qu’ils ne peuvent pas travailler plus que nous", appuie Bellemare.
Le maintien se gagnera lors des parties face à l’Autriche et la Slovénie. La rencontre face à la Suède aura une saveur particulière pour le capitaine. Bellemare a débarqué à Leksands en deuxième division puis c’est à Skelleftea qu’il a explosé avant d’arriver en ligue nord-américaine. C’est en Suède où "il vit techniquement" depuis 18 ans que "Pi-Ed" a rencontré sa femme.
Les Suédois font toujours un complexe de supériorité face aux Français selon lui": "il y a parfois des réflexions un peu dérangeantes. Même après quelques années en groupe A on entend 'vous êtes toujours là?'. On m’a souvent demandé si on était en groupe B ou A. Je veux leur montrer à quel point on est dur à affronter. Il y a cette envie de rectifier les commentaires que j’ai eus toute ma carrière."
La dernière de Bellemare?
Ce sera la dernière mission de l’ancien joueur des Flyers de Philadelphie. Sauf, si le Comité international olympique prive la Russie de participer aux JO. Dans ce cas, la France, première non-qualifiée via les TQO, sera repêchée. Et Bellemare poussera l’aventure une année supplémentaire. Un repêchage que le groupe ne veut pas évoquer au moment d’attaquer ce championnat du monde: "On met ça dans un fichier qu’on ne met pas à la poubelle, il existe concède Treille. On en discute parfois mais là c’est Stockholm 2025 et on ne voit pas plus loin."
"Si on va aux JO c’est avec un ticket en carton qui se transforme en or. Il y a une guerre en ce moment. C’est le CIO qui décide", tranche Bellemare. Avant ça, il faut sauver la place dans l’élite. Une descente ferait tache au moment de laisser l’un des plus grands joueurs de l’histoire des Bleus ranger la crosse.