RMC Sport

Patinage artistique: un ancien entraîneur d'Asnières condamné à 7 ans de prison pour avoir abusé des élèves de 13 et 15 ans

placeholder video
Un ancien entraîneur de la patinoire d’Asnières-sur-Seine, a comparu devant la cour criminelle des Hauts-de-Seine pour viols et agressions sexuelles sur deux adolescentes âgées de 13 et 15 ans, à l’époque des faits, il y a 18 ans. Il a été condamné mardi soir à sept ans de prison.

Les victimes avaient trouvé le courage de dénoncer les faits, dans le sillage du témoignage de Sarah Abitbol qui avait déclenché le mouvement MeToo Sport, grâce à son livre "Un long silence". Alors, après quatre jours d’audience, qui ont débuté le jeudi 6 février 2025, Sébastien C., âgé de 43 ans a été condamné à sept ans de prison, mardi soir. Il était jugé par la cour criminelle des Hauts-de-Seine pour viols et agressions sexuelles dénoncés par deux plaignantes, âgées de 13 et 15 au moment des faits, alors que l’entraîneur avait 25 ou 26 ans, entre janvier 2007 et décembre 2008.

Après plus de trois heures de délibéré, lors du verdict, le président de la cour a indiqué: "Les actes sexuels dont la matérialité pour l’essentiel n’était pas contestée ont été obtenus de manière forcée par une contrainte morale qui résulte d’abord de l’âge des victimes, 13 et 14 ans (ndlr: 15 ans), (…) de la différence d’âge entre l’accusé et les victimes (et) de l’autorité que (Sébastien C.) avait sur elle en sa qualité d’entraîneur de patinage artistique".

Il nie fermement tout acte sexuel non consenti. Lors du procès, il a simplement déclaré: "Je comprends le problème, j'ai un regard différent aujourd'hui, je percevais les choses vraiment totalement différemment à l'époque des faits". Mais la présidente a insisté: "Il a nécessairement conscience qu'il forçait de très jeunes victimes à rentrer de manière précoce dans la sexualité". Sébastien C. a ainsi également écopé de l’interdiction définitive de travailler, y compris bénévolement, au contact de mineurs. Le parquet avait requis, en fin d’après-midi, douze ans de réclusion criminelle. Son avocate n’a pas souhaité commenter le verdict à ce stade. Peu après la sentence, la compagne de Sébastien C. s'est effondrée au sol, en larmes.

À l’époque des faits, les deux jeunes femmes à l’origine de la plainte étaient mineures. "Justice a été rendue", a simplement réagi Anaïs (prénom modifié), l’une des deux plaignantes âgées de 31 ans. "(Ce que j’ai vécu) a été entendu, reconnu, cru et condamné, quel soulagement!", a confié à l’Agence France Presse Emma, 30 ans, la deuxième victime qui a aussi souhaité rester anonyme.

La "mise en confiance" permettant de "s’assurer du silence de ses victimes"

Lors de son interrogatoire, l'ex-entraîneur a maintenu la même ligne que celle tenue lors de sa mise en examen en 2020 et nie avoir imposé toute contrainte aux deux adolescentes à l'époque. "Pensez-vous qu'à 13 ans, un enfant est en pleine conscience en mesure de choisir?" a alors cinglé une assesseure. "Si c'était une enfant, je n'aurais jamais fait ça", a-t-il répondu, en assurant plusieurs fois que selon lui la plus jeune des victimes avait "14 ans, pas 13".

L'avocat de l'accusé avait demandé que son client soit acquitté des faits de viol et que les agressions sexuelles soient requalifiées en atteintes sur mineur de 15 ans. "En 2008, il n'a pas perçu la contrainte ou l'emprise". Depuis le début de l’enquête en 2020, plusieurs non-lieux ont déjà été rendus concernant d’autres victimes qui accusaient aussi Sébastien C. des mêmes faits.

C’est le livre de Sarah Abitbol, ex-patineuse multimédaillée, qui a encouragé les victimes à porter plainte. En 2020, la patineuse en couple accusait Gilles Beyer de viols entre 1990 et 1992, lorsqu’elle était âgée de 15 à 17 ans. Son témoignage avait permis un véritable flot de révélations dans le monde du sport. En 2023, Catherine Moyon de Baecque, la présidente de la Commission de lutte contre les violences sexuelles au Comité national olympique et sportif français, avait déclaré, à L'uHmanité: "Nous sommes là".

L’un des personnages dont l’ombre a plané sur l’audience, Michel Lotz, est accusé dans cet ouvrage de violences sexuelles par deux femmes dans les années 80. La défense s’est ainsi appuyée sur le rôle de cet entraîneur, qui a lui-même formé l’accusé. "La mise en confiance" des plaignantes par Sébastien C. lui "permettait de s’assurer du silence de ses victimes", a retorqué lors de sa plaidoirie Maître Justine Bulard, avocate d’Anaïs.

Clémence Gontard