Ski Alpin: sa saison dernière, ses objectifs, les retours de Hirscher et Vonn… Clément Noël se confie

Comment se sont passés ces derniers jours de préparation ?
On est arrivés à Lévi il y a une dizaine de jours. On a fait quelques jours sur la piste d’entraînement qui n’était pas terrible. On était surtout là pour skier la piste de course mais ce n’était pas possible. Les conditions ne le permettaient pas. Donc on est allé à Salla, à trois heures de route. C'était très bien. On était assez tranquille. Il y avait que les Italiens, deux Japonais et nous. On était peinards.
Quel bilan faites-vous de votre dernière saison ?
C'est une saison pas à la hauteur de ce que j'aimerais faire. Quand on regarde, il y a eu de la régularité, des bonnes choses, du positif, quatre podiums et six Top 5. J'étais dans le match, il a manqué un déclic, un petit truc pour aller chercher plus que je n’ai pas réussi à trouver pendant la saison. En soit, je ne suis pas forcément déçu de la saison dernière. Elle a été comme elle a été. Au classement, je suis quand même à peu près correct. Mais j’ai des plus grosses ambitions que ça. Je pense que le ski que je produisais à l’entraînement la saison dernière aurait pu me permettre de faire beaucoup mieux. Malheureusement, je n’ai pas réussi à mettre tout en place sur les courses. Je pense, à l’heure actuelle, que je suis mieux préparé que la saison dernière, c’est sûr. A cette même époque l’an dernier, je skiais mal. J’avais eu une pause d’un mois sans ski, avec petite blessure puis j’étais revenu et je ne skiais pas très bien. En début de saison l’an dernier, je n’étais pas hyper en confiance. Là, je suis très bien, je skis très bien à l’entrainement. Après j’ai appris avec le temps que l’entrainement ce n’était pas la course, loin de là. En tout cas, je suis dans de plutôt bonnes dispositions pour débuter la saison. Et on va voir où les autres en sont. Je pense que tout le monde est plutôt bien préparé. Le slalom c’est une discipline avec une énorme densité, avec beaucoup de concurrence. Faire quatre podium la saison dernière ce n’est pas horrible mais je peux aller chercher mieux.
Depuis que vous courez en coupe du monde, vous avez pris 72 départs en slalom, classé 46 fois et ça fait 64% de passage de la ligne. Sur la saison dernière c'est monté à 70% avec trois slaloms sans classement. Comment travaille-t-on ce sujet mentalement, techniquement, physiquement ?
Je pense que j’ai arrêté de le travailler, de me focaliser là-dessus. C’est ce que j’ai fait les trois dernières saisons, de vouloir être plus solide, d’arriver plus souvent en bas, de vouloir dénaturer mon ski pour passer la ligne plus souvent. Là j’arrête d’y penser. Avant, je tenais des statistiques à l’entrainement. J’estimais qu’il fallait que j’arrive plus de 90% en bas à l’entrainement. Et c’est nul en fait, ça ne marche pas, ce n’est pas comme ça le ski. Faut essayer des choses, se tromper, faut essayer d’aller chercher les limites. Et en course, faut juste répéter ce que l’on sait faire. Et si on l’a fait de la bonne manière à l’entrainement et qu’on sait où sont les limites, le corps est censé réagir de la bonne manière. Je ne dis pas que je vais être capable de le faire à la perfection cette saison. Les sorties de piste, il y a certes un côté technique, mental aussi, plein de choses mais quand on est bien, en confiance, on arrive à rattraper les petites erreurs, passer entre les mailles du filet et bizarrement la chance nous sourit plus. Je vais essayer de m’appuyer là-dessus, enfin pas que sur la chance mais presque. Je vais juste essayer de faire mon ski, faire du mieux que je peux, faire ce que je sais faire. Je pense que c’est censé suffire. Des manches d’entrainement j’en ai fait tellement dans ma vie, des manches de course aussi. Si on me demande d’arriver en bas, oui je peux. Mais moi ce que je veux, c’est arriver en bas vite. Si je fais encore 70% d’arrivée en bas mais avec trois ou quatre victoires, en vrai je m’en fous. Ce que je veux c’est gagner des courses, être dans le match. Ça implique de prendre des risques mais ce n’est pas forcément quand on en prend que l’on fait des erreurs.
Depuis 2019, les hommes n’avaient plus couru à Lévi et vous aviez terminé deuxième cette année-là. C’est une piste que vous appréciez ?
Oui, c’est un site que j’aime bien, une piste que j'aime bien. C’est une atmosphère et une ambiance pour démarrer qui va bien pour démarrer la saison. C’est un peu éloigné de tout, de l’effervescence d’un début de saison. Il y a le stress de la première course, c’est là où le début de saison se joue. On ne sait pas où on en est, où les autres sont. Et le fait d’être loin de tout, à Lévi, au milieu de la Finlande, dans un paysage un peu différent, je trouve que ça rend les choses plus sympas pour démarrer. Et la piste en elle-même, c’est une piste assez facile. Même s’il y a un bon mur en bas, mais ça reste assez facile, profile que l’on n’a pas l’habitude d’avoir avec un long plat en haut. Et par le passé, ça m’a plutôt réussi avec un podium. J’ai toujours été à peu près dans le coup, plutôt bien skié à Lévi. Le plat du haut c’est quelque chose que je suis censé faire correctement, le mur généralement pareil. Un endroit où je me sens plutôt bien.
Un mot sur le retour de Marcel Hirscher et Lucas Braaten. Est-ce que vous vous attendez à ce qu’ils soient directement dans le match ?
Je pense qu’il y en aura au moins un des deux dans le match, c’est une certitude. Lucas Braaten n’a pas arrêté le ski, ce n’est pas un retour qu’il fait. Il a eu une saison blanche, c’est comme quelqu’un qui fait saison blanche après une blessure. Mais lui ne l’était pas, il s’est entrainé toute l’année. C’est un changement de nationalité. A Solden, il a été excellent. Il a eu tellement de sollicitations, de gens autour de lui et répondre comme ça c’est impressionnant. Il sera dans le coup c’est sûr. Marcel Hirscher aucune idée. J’ai été hyper curieux de voir comment il skiait à Solden. Il m’a plutôt impressionné. La dernière fois que j’ai skié avec lui, c’était il y a deux ans. Il était plus au niveau en géant plutôt qu’en slalom. Je pense qu’entretemps il a rebossé physiquement très fort et s’il est à Lévi c’est qu’il estime qu’il a quelque chose à faire, à jouer. Faut quand même compter avec lui cette course. Peut-être pas tout de suite sur le podium et puis s’il le fait chapeau à lui. Mais pourquoi pas faire un bon résultat. C’est une piste assez facile pour un retour.
Une autre légende fait son retour, c’est l’Américaine Lindsey Vonn…
C’est bien pour l’image du ski. C’est bien pour attirer des gens sur les courses. On a vu à Solden, ils ont fait un record de spectateurs. C’est une bonne chose. Ça donne de l’attractivité à notre sport. Ce sont des stars. Hirscher c’est une star, Braaten aussi. Vonn encore plus une star. C’est grâce à des gens comme eux que les jeunes rêvent, s’émerveillent devant le ski. Et je pense que c’est génial. Après, est-ce que Lindsey Vonn sera performante, j’en n’ai aucune idée mais j’imagine qu’il n’y a pas de raison. Je ne pense pas que je le ferai quand j’arrêterai. Une fois que je serai parti du ski, je serai parti. Mais eux, ça montre que ce sont des passionnés, qu’ils aiment leur sport, qu’ils aiment apporter à leur sport et il leur a bien rendu pendant leur carrière. Ça a plutôt bien marché pour eux donc c’est bien de les revoir sur le circuit.