Boxe: "On va peut-être être les personnes à battre", estime Oumiha avant le tournoi français de qualification aux JO

Le boxeur français Sofiane Oumiha lors d'un combat en 2021 - Icon Sport
Sofiane Oumiha, pourquoi cette décision de retenter l’aventure olympique alors que vous veniez de débuter en pro ?
C’est un choix. Le rêve olympique a toujours été un objectif dans ma tête. Aujourd’hui, c’est l’un des objectifs que j’ai en tête. Voilà pourquoi j’ai fait ce choix-là. Ma carrière pro à côté n’est pas terminée. Je vais essayer d’aller performer chez les olympiens et chez les pros.
Vous vous êtes préparé pour des matches en 8 rounds en pro et maintenant vous redescendez à 3 x 3 minutes. C’est compliqué ?
Ce n’est pas pareil. Même si on se souvient que ça ne fait qu’un an que je suis passé pro, ce n’est pas du tout la même façon de travailler, pas les mêmes attentes. C’est compliqué. On essaye de s’adapter. Je n’ai pas tout perdu non plus. Faire la transition d’amateur à pro, c’était compliqué mais j’ai quand même réussi à la faire. La refaire dans l’autre sens c’est difficile. Ce n’est que du plaisir. A moi d’aller cherche ce 'petit' tournoi en France déjà pour voir ce que ça va donner et pouvoir me jauger.
Souleymane Cissokho (blessé, ne participera pas au tournoi) a dit, sur RMC, que l’or olympique à Paris était plus fort qu’une ceinture mondiale alors qu’il est proche d’un combat pour un titre en pro. Vous êtes d’accord ?
L’or olympique, c’est sacré. Le titre mondial en pro dans une vraie ceinture ça se prend aussi. Les valeurs de l’olympisme resteront à jamais gravées dans les mémoires. C’est là que le grand public apprend à nous connaître et à connaître notre sport. Dans ce sens-là, il n’a pas tort.
Vous êtes-vous concertés avec les autres membres de la Team Solide (Mathieu Bauderlique, Estelle Mossely, Souleymane Cissokho) pour tenter cette qualification ensemble ?
Chacun de son côté a eu cette idée, cette flamme qui s’est peut-être rallumée à l’approche des JO. Ce qui a changé beaucoup de décision c’est que ces JO ont lieu à Paris, à la maison. C’est exceptionnel de disputer des Jeux olympiques à la maison. Décrocher une médaille en 2024 ce serait beau et historique.
Vous pouvez vous rassurer en vous disant que vous étiez amateur il n’y a pas si longtemps que ça ?
Je connais la maison mais c’est un test. Je dis test mais c’est un tournoi majeur car il te qualifie pour le premier tournoi qui sélectionne aux JO. Ce n’est pas que je ne suis pas stressé. Si ça marche tant mieux. Si ça ne marche pas, le monde pro restera ouvert devant moi. J’y vais sans pression car je connais les JO et cette pression-là.
Avec les autres boxeurs pros, serez-vous les personnes à battre ce week-end à Saint-Quentin ? On a l’impression que beaucoup ne veulent pas des pros aux JO ?
Je pense que la plupart des gens ne veulent pas des pros. Ils se disent que les pros n’ont rien à faire là. Je comprends, oui et non. Certains pros sont meilleurs que des amateurs et certains amateurs sont bien meilleurs que des pros. On verra bien si le pro peut battre l’amateur en 3 rounds de 3 minutes. On va peut-être être les personnes à battre. On a fait des médailles chacun de notre côté aux JO. On y est déjà allé. Ceux qui veulent participer aux JO auront une envie énorme de nous battre. C’est normal. A nous de relever le défi.
Que pensez-vous de cette formule de tournoi franco-français. C’est tout nouveau...
Je ne suis pas pour et je ne suis pas fan. C’est bien de faire ce tournoi-là pour voir qui est numéro 1 français. Ça ne reflète pas le niveau de l’adversaire. Sur un tournoi, tu ne peux pas jauger quelqu’un. Il peut être blessé ou ça peut tout simplement ne pas être son jour. Avant, on partait à l’international et celui qui allait le plus loin obtenait la sélection. Celui qui performe face aux Français ne va pas forcément performer à l’international et vice-versa. C’est dommage de choisir sur un seul tournoi mais c’est la fédé qui l’a exigé.
Il y a le risque de ne pas gagner ce tournoi et d’être en position très défavorable pour la qualification olympique...
C’est quasiment ça. Si tu perds c’est presque fini j’ai envie de dire. Tu deviens numéro 2 et tu espères presque que l’autre se loupe. Ça devient de la concurrence malsaine. Toi numéro 2, tu espères que celui qui est devant se blesse. Avant, les deux meilleurs allaient en tournoi. Celui qui remportait le tournoi partait en qualification olympique. Si tu perds ce week-end, tu perds de l’espoir dans la course aux JO.
Ce n’est pas trop dur au niveau du poids ? Vous changez constamment de catégorie...
Je fais des aller-retour. Entre les 63 kilos aux JO, les 60 kilos aux championnats du monde, je suis reparti en 61 kilos chez les pros et là je reviens en 63 kilos. Je reste en forme. Ce n’est pas très haut. Je remonte vite des 61 kilos. Ça me va.
Qu’allez-vous faire pour votre carrière pro si victoire ou défaite ce week-end ?
Je me laisse la décision de voir après le tournoi. C’est pour ça que je ne me mets pas de pression. Je laisse le tournoi se passer et après je prendrai une grande décision. Limite, est-ce que j’arrête ma carrière pro pour me focaliser que sur la quête olympique ? J’attends la fin de ce tournoi pour décider quelque chose de concret. Quoi qu’il arrive j’aurai le temps de me retourner. J’y vais et je kiffe.