Shows soignés, chasse aux pépites, tournois à 100.000 euros... Hexagone MMA, l’organisation française qui ne cesse de monter

Des gradins doublement millénaires, un ensemble classé au patrimoine mondial de l’Unesco, et au milieu de ce site mythique, une cage avec un H d’or en son centre. Ce H, c’est celui d’Hexagone MMA. Comme elle l’avait fait avec succès à l’été 2023, et encore en 2024, l’organisation française pose ce dimanche 10 août ses valises au Théâtre antique d’Orange pour une nouvelle soirée de combats (diffusée sur RMC Sport).
Au programme: Samba Sima, Océane Samson, Hugo Baggioni.... Du talent en devenir donc, des athlètes confirmés, pour un show qui s’annonce encore soigné. Il faut dire qu’avec un onzième évènement rien qu’en cette année 2025 (un 32e en tout), pour environ 40.000 spectateurs rassemblés en un semestre, la ligue commence à avoir acquis un certain savoir-faire en termes de divertissement.
Et pourtant, il y a cinq ans encore, au moment de la légalisation du MMA en France, Hexagone n’existait pas. Ou plutôt, il existait seulement dans la tête de deux hommes, de deux frères: ses fondateurs Laurent et Jérôme Pourrut. "C’est une très longue histoire qui nous a amenés au lancement d’Hexagone MMA en 2021", rembobine avec son bel accent toulousain Jérôme, aujourd’hui président de l’organisation. "En fait, c’est depuis 2005 que je travaille autour des sports de combat, sur d'autres prismes, avec mon frère. À l’époque, on avait créé une société de distribution de droits TV. On représentait de grandes ligues comme le Cage Rage. Ça a été notre première entrée dans le monde du MMA. En 2009, on a aussi créé une maison d'édition avec des magazines de catch et de MMA. Mais le projet Hexagone est né en 2010, quand on a eu vent pour la première fois d’une légalisation du MMA en France."
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Les lobbies et les décisions politiques feront attendre les frères Pourrut dix ans de plus, avant le feu vert gouvernemental. Le 9 juillet 2021, dans un pays encore marqué par les restrictions sanitaires, Hexagone MMA numéro 1 est finalement lancé, dans la gigantesque Paris La Défense Arena. "Bon en fait on était encore en mode Covid, donc on avait mis 1000 personnes (le maximum autorisé, NDLR) dans un quart de virage privatisé", s’amuse Jérôme Pourrut. "Au niveau sportif, on avait parié sur des athlètes qui étaient les porte-étendards de l’époque, comme Gaël Grimaud ou Karl Amoussou."

"Notre objectif en 2021, c'était d'amener le MMA là où il n'était pas supposé être"
Au même moment ou presque, une autre organisation tricolore part à l’assaut d’un public avide de combats: ARES FC. Porté par Fernand Lopez, et un solide roster d’athlètes pour la plupart membres de la MMA Factory (Taylor et Damien Lapilus, Abdoul Abdouraguimov, Baki Chamsoudinov, William Gomis…), ARES prend rapidement possession du Dôme de Paris, son fief. Mais déjà, Hexagone fait un autre choix.
"Lors de la genèse opérationnelle en 2021, on s'est associé à David Rothschild qui est un producteur assez connu, qui est actuellement producteur exécutif de shows comme ceux d’Ed Sheeran", développe Jérôme Pourrut. "Il nous a amené son expertise par rapport à tout ce qui est production. Nous notre objectif en 2021, c'était tout de suite d'amener le MMA là où il n'était pas supposé être: dans des belles salles de spectacle." À Paris, mais aussi aux quatre coins du pays. "Aux six coins de l’Hexagone", rectifie le président. Voilà pour la référence.
Après une excursion à Reims en février 2022 pour la troisième édition, et un détour par Dubai et l’Allemagne les mois suivants, Hexagone entame donc sa tournée des salles françaises à partir de 2023: l’Arena Futuroscope de Poitiers, Orange déjà, mais aussi les Arènes de Béziers, la H Arena de Nantes, le Palais des Sports de Dijon, puis celui de Toulouse… La fréquence des évènements augmente, Hexagone MMA séduit un public qui n’a pas systématiquement besoin de se diriger vers la capitale pour voir des évènements chiadés. La recette fonctionne.
"On nous a vu comme une ligue qui démarrait timidement, mais en fait on a juste suivi ce qu'on avait sur le papier", se félicite Jérôme Pourrut, qui considère désormais être à la tête de l’organisation "numéro 1 en France".
Sur quels critères? "Non seulement par rapport au remplissage des salles, mais aussi par le retentissement de nos événements et les signatures des combattants qui se multiplient", répond-il. "L'idée ce n'est pas de produire un événement, c'est de le produire d'une certaine façon pour pouvoir mettre en valeur notre sport, nos athlètes et notre marque. On se donne les moyens pour ça. (…) Par exemple on a fait le choix d'avoir une arche pour accueillir l'entrée des combattants. Et ça, personne ne le fait en fait. C'est bête à dire mais ça permet d’offrir aux spectateurs et téléspectateurs une meilleure immersion dans le show. Et ça valorise les combattants." Des combattants au sujet desquels là encore, Hexagone MMA a décidé de se démarquer.
Identifier les stars de demain
Si l’organisation a recruté (pour un ou plusieurs combats) des athlètes expérimentés, passés par des ligues majeures ou prétendants aux meilleurs organisations planétaires (Wilson Varela, Amin Ayoub, Michael Aljarouj, Baris Adiguzel, Matthieu Duclos…), elle s’est aussi fait remarquer pour les signatures plus "médiatiques" des créateurs de contenus - et néanmoins combattants - GregMMA ou IbraTV. Mais ces derniers mois, c’est sur un autre registre que la ligue et son directeur sportif Mathieu Nicourt ont accéléré: la chasse aux prospects, aux stars de demain.
Figures de la scène amateure francophone, et pour la plupart médaillés aux championnats d’Europe ou du monde, Théo Ulrich (23 ans), Samba Sima (21 ans), Oualy Tandia (23 ans), Bafode Gassama (31 ans) ou Paul Denis Navero (23 ans) ont tous effectué récemment leurs débuts professionnels sur le ring marqué du H. Le dernier cité y a même terminé sa carrière amateure, avec un choc particulièrement suivi contre Allan Landouzy en janvier 2025.
"On voit que l’organisation prend de l’ampleur", justifiait Paul "Dena" dans une interview à RMC Sport au moment de sa signature dans l’organisation.
"Quand on voit les évènements qu’ils proposent, comme au théâtre antique d’Orange, c’est exceptionnel, ce sont des lieux mythiques. Ce sont des événements qu’on ne peut pas refuser en termes d’expérience, même de ‘gloire’. Combattre dans de tels lieux, c’est peut-être une fois dans une vie."
"Cette stratégie des ‘pépites’, c’est venue assez naturellement", assure de son côté Jérôme Pourrut. "Le MMA est en évolution constante en France et avec le travail de la fédération qu’il faut saluer, on voit que le sport amateur pousse, il grandit, se structure. (…) On s'est dit ‘ok, en fait, si on fait un constat un peu dur, on a des amateurs qui ont quasiment autant de lumière et autant de suivi qu'un athlète pro.’ Donc on va aller là où on ne nous attend pas: on va aller chercher les stars de demain, le tout couplé avec des combattants qui auront plus d'expérience, en général ceux qui ont les ceintures ou ceux qui combattent en haut de carte. (…) On assume pleinement ce mix. Et si un main event d'Hexagone MMA c'est avec un combattant pro de deux, trois ou quatre combats, moi ça ne me fait absolument pas peur. Hexagone c'est aussi une ligue qui ose casser les codes, qui ose aller dans des endroits où personne n'est allé, que ce soit en termes de lieu ou en termes de matchmaking."
Les tournois à 100.000 euros? "Vous seriez surpris des noms qui me contactent depuis que j’ai parlé de ça"
Ces jeunes combattants, qui ont déjà pour certains une grosse "communauté" sur les réseaux sociaux sont aussi plus accessibles financièrement pour une organisation en plein développement que des athlètes très établis. Mais l’enjeu des négociations n’est pas forcément là, explique le patron.
"Ce qui fait aussi notre différence, c'est qu'au niveau éthique, moi je n'ai pas de capital autre que dans Hexagone MMA", poursuit Jérôme Pourrut.
"Je n'ai pas de capital dans une structure, dans une société de management d’athlètes. Donc que ce soit le coin bleu ou le coin rouge qui gagne, peu m’importe. Je suis fixé sur mon objectif de délivrer du spectacle et du show aux personnes qui achètent un billet ou qui regardent RMC Sport. Et je pense, que ça, ça se ressent chez nos combattants."
Un deal gagnant-gagnant, en somme. Qui permet à la Ligue de se développer, et aux combattants de construire proprement leur début de carrière. Avant de s’envoler… ou pas forcément. "Il faut savoir écouter les combattants", martèle Jérôme Pourrut. "Il y a des combattants qui sont vraiment dans le projet d'aller à l'UFC, il y a des combattants qui veulent avoir de la visibilité, d’autres beaucoup de combats. Je ne suis pas là pour les emprisonner à Hexagone MMA, je suis là pour leur donner de la valeur afin, par ricochet, de donner de la valeur à Hexagone MMA." Mais le boss de l’organisation l'admet: le but n’est pas de perdre tous ses talents non plus. Et pour les conserver, il a un nouveau projet.
"En 2026, on va avoir quatre tournois à 100.000 euros", annonce-t-il. Des tournois dans quatre catégories différentes, dissociés des classements pour les ceintures. "Vous seriez surpris des noms qui me contactent depuis que j’ai parlé de ça", sourit Jérôme Pourrut. "Il me semble qu’avant de toucher 100.000 euros à l'UFC, il faut en faire, des combats… Donc le signal qu'on a envie de donner, c'est que si en 2026 on est capable de faire ça, imaginez en 2027 ou 2028."

"Créer la plus belle des organisations françaises et européennes"
Hexagone MMA, qui a bien grandi, a encore de l’appétit. Construite autour d’une dizaine de salariés (même si plus de 120 personnes travaillent sur chaque évènement), l’organisation, qui se vante d’être diffusée dans 150 pays, a dernièrement enregistré l’arrivée dans ses rangs de l’ancien directeur de la rédaction TV de RMC Sport, Laurent Salvaudon. "Il va s'occuper de la communication et du développement de la marque", se réjouit Jérôme Pourrut. Qui veut aussi pousser Hexagone au-delà de nos frontières.
"Mon but, c'est de créer la plus belle des organisations françaises et européennes. Comme vous l’avez vu, on a fait cette année trois dates à l'étranger: Hongrie (Gyor), Pays-Bas (La Haye), et Belgique (Courtrai). En Hongrie, on a fait plus d'audience que l'UFC par exemple. Donc c'est pour ça qu'on revient en fin d'année. Si on peut dupliquer en 2026 ce modèle-là sur d’autres pays en Europe qu’on a identifiés, ça serait exceptionnel." Et Laurent Pourrut de se projeter: "Où est-ce que je vois Hexagone dans quatre ans? L’organisation sera dans les stades, elle sera européenne, et aura les meilleurs combattants. Des combattants qui auront raconté une histoire."