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UFC 308: Khamzat Chimaev, un avenir lié à… l’élection de Donald Trump?

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Numéro 13 du classement des -84 kilos, Khamzat Chimaev a l’opportunité de s’ouvrir les portes du top 5 face à l’ancien champion Robert Whittaker ce samedi soir à Abu Dhabi dans le co-combat principal de l’UFC 308 (en direct à partir de 20h30 sur RMC Sport 1). Mais « Borz » attend aussi une autre date : celle de l’élection présidentielle américaine, le 5 novembre, où une victoire de Donald Trump pourrait selon lui permettre de le voir revenir combattre aux Etats-Unis.

L’élection présidentielle américaine pourrait-elle avoir des conséquences sur l’avenir d’une des plus grosses stars de l’UFC? Si elle peut paraître ubuesque, la question épouse un récit bien concret. Proclamé phénomène et annoncé comme un possible futur champion depuis ses deux victoires en dix jours pour ses débuts dans l’organisation reine du MMA en juillet 2020, Khamzat Chimaev va tenter de se rapprocher à grands pas d’une chance pour la ceinture des -84 kilos ce samedi soir à Abu Dhabi dans le co-combat principal de l’UFC 308, où il sera opposé à l’ancien champion Robert Whittaker sur cinq rounds (pas anodin quand on se souvient des difficultés qu’il a déjà montrées sur le cardio face à Gilbert Burns ou Kamaru Usman).

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Mais on en vient à se demander si l’UFC ne préférerait pas l’inverse malgré son potentiel marketing. Car la situation du Tchètchène exilé en Suède et qui représente aujourd’hui les Emirats arabes unis (installé à Abu Dhabi) complique beaucoup les choses. Le problème? Les liens de "Borz", son surnom, avec Ramzan Kadyrov, avec qui il partage souvent des clichés publiés sur les réseaux sociaux (ses deux fils Ali et Adam étaient par exemple dans son coin face à Usman à Abu Dhabi en octobre 2023 pour l’UFC 294). L’autoritaire et sulfureux – un euphémisme – dirigeant tchétchène est visé depuis plusieurs années par des sanctions du gouvernement américain qui doivent notamment empêcher tous les citoyens US et les sociétés américaines ou les individus engagés dans des activités de business aux États-Unis de s’associer à Kadyrov et/ou aux entités qui lui sont liées.

Concernée car basée aux Etats-Unis, l’UFC parvient à contourner la chose en faisant combattre les athlètes liés au leader tchétchène à l’étranger, par exemple à Abu Dhabi où Chimaev montera dans l’octogone ce week-end après une dernière sortie en date dans la cage au même endroit il y a un an. Mais "Borz", notamment lié au gym Akhmat MMA Fight Club fondé par le leader tchétchène en 2014, ne peut pour l’instant plus exporter son talent sur le sol américain. Journaliste spécialiste de la question (et très bien informé sur les combattants du Caucase), Karim Zidan avait expliqué en octobre 2023 dans un article de Sports Politika que Chimaev ne pouvait "actuellement pas sécuriser un visa pour entrer aux Etats-Unis".

On comprend vite le souci côté UFC. Peut-on donner une chance de titre à un homme qui ne pourra pas le défendre dans le pays de l’organisation et qui fêterait sans doute son sacre à Grozny aux bras de Kadyrov (qui était par exemple sur le ring de Riyad le 12 octobre pour fêter la victoire d’Artur Beterbiev sur Dmitry Bivol pour le titre incontesté des mi-lourds en boxe), assurance d’une très mauvaise publicité médiatique? Très difficile. Mais Chimaev veut croire en l’intervention de… Donald Trump. Candidat à un deuxième mandat début novembre face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris, l’ancien président américain n’a jamais caché sa proximité avec Dana White et l’UFC.

Et celui qui s’est plusieurs fois plaint de voir l’UFC ne pas respecter ses promesses de chance pour un titre y voit un espoir. "Tant que Donald Trump n’est pas présent, on ne peut pas revenir aux Etats-Unis. C’est peut-être la raison. Ne cachons pas la vérité", lançait-il récemment dans le Hustle Vlog sur YouTube. Avant d’en remettre une couche ces derniers jours au micro du journaliste américain Kevin Iole. Après avoir vite esquivé la question sur sa capacité à venir combattre aux Etats-Unis, Chimaev a lâché cette précision: "Laissons Donald Trump gagner son combat et je serai là". Difficile de croire que le candidat républicain passerait outre les sanctions du gouvernement américain juste pour faire plaisir à l’UFC. Mais sait-on jamais…

En attendant, s’il veut continuer à rêver de titre, l’ancien welter (-77kilos) aujourd’hui numéro 13 du classement des moyens devra passer l’obstacle Whittaker, adversaire très difficile pour n’importe qui dans cette catégorie. Son attitude devant les caméras ces derniers jours, où il montre un côté apaisé et bien plus humble après avoir avoué être sorti d’une dépression, pousse beaucoup à l’imaginer mieux préparé que jamais et prêt à rappeler à tout le monde pourquoi il est vu comme un phénomène. Celui qui martyrise ses rivaux au premier round devra répondre à des questions, sur son cardio et sa capacité à tenir face à un tel adversaire si les débats s’éternisent. Mais son éventuel retour sur le sol américain se jouera loin de la cage.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport