UFC: Ngannou brise le rêve de Gane après une incroyable performance

La France était debout, tard dans la nuit ou très tôt le matin. La France a vibré. Mais la France devra encore attendre pour connaître le premier champion incontesté de son histoire à l’UFC, la plus grande organisation de MMA à travers la planète. Ciryl Gane a été battu par Francis Ngannou sur décision unanime des juges, ce samedi soir à Anaheim, dans le combat principal de l’UFC 270, et le Camerounais a conservé sa couronne de roi des lourds. Le combat avait pourtant bien débuté pour le Vendéen. Deux premiers rounds à esquiver le punch du "Predator" et le toucher dès qu’il le pouvait, comme attendu.
Gane annulait le style de son adversaire et semblait parti pour appliquer ce plan de jeu jusqu’au bout de la nuit s’il le fallait face à un rival qui paraissait déjà fatigué. Mais la troisième reprise est arrivée. Et le scénario a changé… comme on ne l’attendait pas. Beaucoup de spécialistes avaient annoncé que le surpuissant Ngannou avait peu de chances de s’imposer si le combat dépassait la deuxième ou la troisième reprise. Qu’il ne devait pas tenter d’amener le combat au sol sous peine de se faire punir par le combattant français. On a eu droit à tout l’inverse.
Après avoir envoyé Gane au sol pour la première fois depuis son arrivée à l’UFC, le champion en titre entamait un intense travail au sol qui allait se poursuivre tout le reste du combat. Ses proches avaient souvent insisté sur ses progrès sur ce plan. Mais avec sa capacité à éteindre les lumières adverses très vite, on n’avait pas eu l’occasion de les voir à l’œuvre. Cette fois, on a vu. Et la sentence a été fatale pour Gane, dominé dans ce compartiment lors des trois derniers rounds, fatigué peu à peu par Ngannou (en mode second souffle) et qui finissait par s’incliner logiquement sur décision unanime malgré une tentative de clé de talon au cinquième qui aurait pu changer la donne mais n'a pas été assez maîtrisée techniquement.
"Désolé"
Le Français avait tout de suite compris et lâchait un "désolé" à la caméra en direction des siens, ses proches, ses supporters, son pays. Immense champion, qui a dû apprécier aussi de battre son ancien coach Fernand Lopez, Ngannou a fait des progrès énormes sur un compartiment où on ne l’attendait pas et s'est imposé avec un style à la Kamaru Usman, le champion des welters et un de ses amis. Chapeau bas à celui qui expliquait ensuite s'être blessé quelques semaines avant le combat. Et dont le contrat se terminait après ce combat mais qui devrait rentrer dans une intense phase de négociations car la clause du champion s’applique et l’oblige à rester à l’UFC pour un an ou trois combats.
Gane, lui, subit la première défaite de sa carrière dans les sports de combat – il était jusque-là invaincu en MMA après l’avoir été en muay-thaï – et va devoir rebondir derrière. Il a toutes les armes pour le faire, encore jeune (31 ans) pour sa catégorie et encore assez frais dans son sport trois ans et demi après ses débuts professionnels et deux ans et demi après son arrivée à l’UFC. "Bon Gamin" avait annoncé "ne pas avoir peur de la défaite" car elle le rendrait "plus fort". On peut lui faire confiance pour le prouver, comme Ngannou avait appris de sa première défaite pour le titre contre Stipe Miocic en janvier 2018 pour devenir champion trois ans après. Il reviendra au sommet, c’est sûr. Il sait déjà sur quoi travailler en priorité, sa défense au sol.
On rêve déjà d’une revanche contre le Camerounais, en Afrique ou en France, mais il faudra déjà voir ce qui se passe pour Ngannou et ce que Dana White imagine pour une catégorie où un certain Jon Jones (ancien roi des lourds-légers) attend dans l’ombre avec ses rêves de conquête des lourds. Le visage de Gane ne cachait pas sa déception. Mais il peut être fier de tout. De son parcours, de la lumière qu’il a permis de mettre en France sur une discipline qui avait longtemps été brocardée. Merci à lui pour tout ça. Et à très vite pour la suite de l’aventure. On est certain qu’elle sera belle. Ciryl a trop de talent pour qu’il en soit autrement. Mais ce samedi, en Californie, le monde des lourds a un seul roi. Il s’appelle bien Francis Ngannou.