UFC 283: Jamahal Hill, l’invité "surprise" qui peut devenir roi

Jamahal Hill peut devenir champion des mi-lourds de l’UFC ce week-end à Rio. Si vous suivez de près les choses du MMA, cette possibilité vous aurait fait sourire il y a encore quelques semaines. A l’époque, le champion de la catégorie s’appelle Jiri Prochazka, couronné en battant Glover Teixeira dans un combat dingue en juin 2022 sur une soumission au dernier round alors qu’il était parti pour s’incliner à la décision. Le Tchèque doit retrouver Teixeira à l’UFC 282, en décembre, pour défendre sa ceinture. Mais une grosse blessure à l’épaule l’oblige à abandonner son titre.
L’UFC propose alors à Teixeira d’affronter le Daghestanais Magomed Ankalaev pour désigner le nouveau roi de la catégorie. Mais le Brésilien refuse et la grande organisation de MMA monte un choc entre Ankalaev et Jan Blachowicz, ancien champion de la catégorie, avec la ceinture vacante en jeu. Un combat peu spectaculaire et conclu sur… un nul qui pousse Dana White, patron exécutif de l’UFC, à se tourner vers une autre option. L’organisation appelle Hill et lui propose un combat pour le titre contre Teixeira en tête d’affiche de l’UFC 283 au Brésil. Banco.
L’Américain, qui devait affronter l’ancien challenger pour le titre Anthony Smith, saute sur l’occasion. Septième du classement de la catégorie, l’amusant "Sweet Dreams" – il poste des vidéos très drôles sur ses réseaux sociaux – peut désormais en devenir le champion. Un incroyable destin pour celui qui s’est fait détruire le bras lors de sa première défaite en carrière un an et demi plus tôt… Ancien basketteur, Hill se lance dans le MMA professionnel en 2017. Il signe cinq victoires sur ses cinq premiers combats, dont quatre dans l’organisation KnockOut Promotions parmi lesquels un succès sur le futur combattant UFC Dequan Townsend qui compte pourtant une expérience bien supérieure (vingt-six combats) au moment de le croiser dans la cage.
De quoi mériter une invitation en 2019 pour les Dana White’s Contender Series, le show télévisé où le boss de l’UFC offre des contrats aux combattants qui le méritent via leur performance. Une victoire par TKO sur Alexander Poppeck dès le deuxième round, sur du ground-and-pound, lui ouvre les portes de la plus grande organisation de MMA. Son parcours à l’UFC débute début 2020 par une victoire sur décision unanime face à Darko Stosic au terme d’un combat contrôlé sans grosse frayeur. Avant la fin 2020, il s’offre deux KO face à Klidson Abreu et au vétéran Ovince Saint Preux (ancien adversaire de Jon Jones pour le titre intérimaire des mi-lourds en 2016).
Si le premier est transformé en no contest en raison d’un contrôle positif de Hill à la marijuana, le garçon a tapé dans l’œil des observateurs et de ses patrons. Il intègre le top 15 des challengers de la catégorie et se retrouve face à son plus grand challenge jusque-là: l’Ecossais Paul Craig, spécialiste du sol, sur la carte principal d’un événement numéroté, l’UFC 263, en juin 2021. Invaincu jusque-là, Hill va revenir sur terre. Craig lui explose le coude sur une tentative de clé de bras – sur laquelle l’Américain refuse de taper – dès le premier round.
Quelques secondes plus tard, il le prend dans un triangle sur lequel Hill continue de résister malgré un bras qui semble sans vie avant une série de frappes à la tête qui oblige l’arbitre à arrêter les frais. Première défaite sur son parcours. Et grosse claque. "J’ai payé le prix pour ne pas avoir respecté ce sport, avoue-t-il sans se cacher dans une interview à MMA Junkie? J’étais à un point où j’avais vraiment le sentiment que tout ce que j’avais à faire pour gagner était de me présenter dans la cage. Les rares doutes que j’avais étaient balayés par mon arrogance. Il y a une différence entre la confiance en soi et l’arrogance. J’ai pris une bonne leçon."
Hill promet à ses fans, via les réseaux sociaux, de revenir "plus fort grâce à ça". Mission accomplie. L’Américain revient aux affaires six mois plus tard et enchaîne deux KO ultra spectaculaires au premier round contre Jimmy Crute et Johnny Walker, qu’il électrifie sur un crochet droit qui fait tomber le Brésilien comme un pantin. Direction un nouveau gros défi avec Thiago Santos, ancien challenger pour le titre (contre Jon Jones) et membre du top 10 de la catégorie, qu’il met également KO en le terminant au quatrième round en août dernier. Hill (11-1 en carrière) réclame une chance pour le titre. On ne l’imagine alors pas pour tout de suite. Mais depuis, les événements chez les mi-lourds en ont décidé autrement.
A 31 ans, "Sweet Dreams" fait face à la chance de sa vie. Troisième ancien des Dana White’s Contender Series à combattre pour une ceinture UFC, après Alex Perez chez les mouches et Taila Santos chez les mouches version féminine, l’Américain peut devenir le premier représentant de cette émission couronné dans la grande organisation de MMA. Pour y parvenir, il devra passer l’obstacle Glover Teixeira, grand spécialiste du sol comme Craig qui compte retrouver à 43 ans le couronne remportée quand il en avait 42 qui en a fait le plus vieux champion pour la première fois de l’histoire de l’UFC (le plus vieux champion tout court reste Randy Couture, qui avait remporté la ceinture des lourds à 45 ans en 2017). La leçon donnée par l’Ecossais a-t-elle bien été retenue? La gloire et l’or sont au bout de cette question pour Hill. Si on nous avait dit cela il y a quelques semaines…