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UFC: Ciryl Gane raconte son "erreur" fatale contre Jon Jones

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Battu par Jon Jones en deux minutes début mars pour le titre des lourds de l’UFC, Ciryl Gane tentera de rebondir le 2 septembre à Paris face à Serghei Spivac. Avant ce rendez-vous très important, le combattant français est revenu sur ce revers au micro d’un média américain et a expliqué "l’erreur" qui a entraîné sa défaite express.

La ceinture était dans le viseur. Mais la dernière marche à gravir pour l’atteindre était trop haute. Opposé à la légende Jon Jones pour le titre des lourds de l’UFC début mars à Las Vegas, Ciryl Gane n’a pu tenir que deux minutes avant d’être soumis par l’ancien roi de la catégorie inférieure. Une déception immense, à la hauteur des attentes de "Bon Gamin" et de ses fans, mais qui va sans doute faire grandir le combattant français, plutôt à suivre l’adage "on gagne ou on apprend".

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Discret sur le plan médiatique depuis ce revers, l’ancien champion intérimaire va tenter de rebondir devant les siens, le 2 septembre à Paris, dans un choc face à Serghei Spivac, comme il l’avait fait au même endroit l’an dernier face à Tai Tuivasa après sa défaite contre Francis Ngannou pour sa première chance de remporter le titre incontesté de la plus grande organisation de MMA à travers la planète. Mais il n’échappera pas aux questions sur le combat contre Jones dans l’approche de son retour dans l’octogone. La preuve lors de sa dernière sortie au micro du site MMA Junkie.

Un entretien ultra enrichissant dans lequel Gane revient en profondeur sur ce revers, comme il ne l'a encore pas fait dans un média français. Avec un premier aveu en forme de constat sur sa performance: "Parfois, ce n'est pas ton jour, et tu fais de la merde". Après avoir précisé qu’il n’avait "pas été surpris" de voir Jones prêt pour ce combat après trois ans à préparer son passage chez les lourds, "Bon Gamin" a confirmé ce qu’il avait déjà expliqué: il n’a pas bien suivi le plan concocté par son coach/manager Fernand Lopez avant ce choc.

L’idée était d’éviter de lancer un direct de son bras arrière pour rien afin d’éviter le risque. Mais il l’a fait, assez vite. Et Jones a pu le coller et l’entraîner vers la lutte et le grappling, domaines où le Français beaucoup moins expérimenté n’a pas pu résister aux qualités de l’Américain. "Je ne sais pas exactement pourquoi mais je ne pouvais pas très bien gérer ma distance à certains moments, et j’ai fait une erreur, pointe Gane. Gérer la distance était impossible et j’ai fait quelque chose pour casser ça, mais c’était une erreur. Peut-être que Jones savait déjà que j’allais faire cette erreur et qu’il a profité de cette opportunité… Pendant tout le camp, Fernand me disait à chaque début d’entraînement: ''Jab et pas de bras arrière, juste jab''. Et qu’est-ce que j’ai fait? Un direct du bras arrière. Grosse erreur. Et il en a profité."

Gane affirme aussi ensuite ne pas avoir été intimidé par l'importance du moment ou la grandeur de Jones, "tranquille toute la semaine même jusqu'au moment de rentrer dans la cage", au contraire de ce que beaucoup supputent. Mais il admet vite ne pas avoir été à la hauteur du rendez-vous sur le plan mental, fidèle à une honnêteté intellectuelle affichée tout au long de sa carrière. "Qu'est-ce que je changerais si j'avais ma revanche? Déjà, respecter le gameplan. Et être là, être conscient. C'est la première fois que j'ai eu ce feeling. Depuis le début de ma carrière, j'ai enchaîné des gros challenges. Et j'étais à l'aise avec ça à chaque fois. J'étais stressé, excité, j'avais peur, j'etais heureux, mais j'étais là, conscient, concentré. Ce sentiment, c'était la première fois. Pourquoi? Je ne sais pas vraiment pourquoi. Si j'avais une revanche, je serais plus concentré au début du combat. Et je respecterais le plan. (Sourire.)"

Gane s’accorde avec beaucoup d’analystes sur le fait que Jones ne semblait "pas rapide" dans les premières secondes du combat après sa prise de poids pour monter chez les lourds. Mais il reconnaît ne pas avoir su en profiter: "Il n’était peut-être pas rapide mais je n’étais pas bon. Je n’ai pas réussi à gérer la distance."Le Français aimerait une revanche un jour. Mais vu sa longue carrière, il comprendrait si Jones prenait sa retraite après son combat contre l'ancien Stipe Miocic en novembre à New York, comme il l'a annoncé il y a quelques semaines. Mais ce départ lui permettra peut-être de retrouver plus vite le chemin de la ceinture. Sur lequel il devra avancer plus complet pour déjouer les pièges tendus par la concurrence.

Désabusé (il l'avoue) par la réaction de certains fans et médias après sa défaite, prompts à l'enfoncer malgré tout ce qu'il avait réussi jusque-là dans sa carrière métorite, Gane rappelle que "(s)a carrière n'est pas finie" et qu'il a encore "une grosse marge de progression". En premier lieu sur la lutte et le sol, spécialités qu'il n'avait pas vraiment eu le temps de travailler en enchaînant les challenges depuis le début de sa carrière. Il annonce qu'il va désormais prendre ce temps, à l'image du gros travail effectué depuis mars sur ce plan, notamment aux côtés du médaillé olympique et mondial de judo Cyrille Maret. Intelligent dans son approche du combat, qualité montrée dès ses premiers pas dans une cage comme auparavant en muay-thaï, Gane a conscience que Spivac tentera sans doute au maximum d'aller le chercher sur la lutte car il est "très bon là-dessus".

Pour ce combat de retour post-Jones, que l'UFC lui avait d'abord proposé pour l'UFC 289 en juin au Canada (il aurait été prêt pour ce timing) avant de lui demander d'attendre pour être à l'affiche à Paris, "Bon Gamin" s'attendait "un peu" à Sergei Pavlovich, l'épouvantail du moment chez les lourds avec six victoires de rang au premier round et qui vient de lui prendre la première place au classement des challengers des lourds, mais il accepte sans rechigner l'idée de prendre Spivac, moins bien classé (n°8) mais qui a tout à gagner dans un combat qui peut le propulser dans les hauteurs du classement. Alors qu'on lui demande de lancer un message à son adversaire au micro, il refuse de verser dans les provocations pour "rester (lui)-même". Le même mais en version améliorée sur ses défauts de combattant. On signe tout de suite pour voir ce Gane début septembre à Paris.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport