UFC: Ilia Topuria, le combat qui peut ouvrir toutes les portes

Comme la boxe, le MMA vit beaucoup sur l’idée de la fuite en avant. Un combat vient de se terminer? On pense déjà au prochain défi, quand et contre qui. De quoi parfois sous-estimer l’obstacle devant soi en regardant déjà derrière. Numéro 8 des challengers des plumes (-66 kilos) de l’UFC, et opposé ce week-end à Jacksonville (Floride) au numéro 5 Josh Emmett dans l’affiche principale de la soirée UFC on ABC 5, Ilia Topuria avait presque l’air de trop anticiper ces derniers jours devant les médias: "Je suis le prochain en ligne. Qui mérite plus que moi de combattre pour la ceinture ? Personne d’autre. Je suis le suivant."
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Avant même d’affronter Emmett, pourtant pas le premier venu, "El Matador" (son surnom) se projette vers une possible chance mondiale contre le vainqueur du choc entre le roi de la catégorie Alexander Volkanovski et son champion intérimaire Yair Rodriguez le 8 juillet dans l’affiche principale de l’UFC 290. Vous avez dit trop prématuré? Le Géorgien-Espagnol né en Allemagne vous répond qu’il croit juste en son potentiel. "Je ne néglige personne, jamais, mais j’ai confiance en moi car je sais combien je travaille dur dans mes camps d’entraînement. Cette confiance ne vient pas de nulle part. Je sais que je suis meilleur que n’importe qui."
Il faut dire que ce combattant complet venu de la lutte gréco-romaine, discipline débutée dans l’enfance, a les arguments pour. Topuria est une machine à éteindre l’adversité. Sur ses treize combats professionnels, il en a terminé douze avant la limite, dont neuf au premier round et jamais au-delà de la deuxième reprise. Sa seule décision date de ses débuts à l’UFC, face à Youssef Zalal en octobre 2020. Depuis, le garçon marche sur la concurrence dans l’organisation mastodonte du MMA mondial. Damon Jackson et Ryan Hall? Mis KO au premier round. Jai Herbert (adversaire du Français Farès Ziam le 22 juillet à Londres)? Idem mais lors de la deuxième reprise. L’invaincu Bryce Mitchell? Soumis au deuxième round après une démonstration de supériorité debout comme au sol.
Une trajectoire qui l’a mené dans le top 10 de la catégorie avec possibilité d’entrer dans le top 5 s’il bat Emmett, qui sort d’une défaite contre Rodriguez pour le titre intérimaire en février. Dans une division où Volkanovski manque de challengers (il aura battu les trois premiers du classement, Yair Rodriguez, Max Holloway et Brian Ortega, s’il passe le Mexicain en juillet et le quatrième, Arnold Allen, sort d’une défaite), la voie vers sa chance pour le titre pourrait alors s’ouvrir. Avec une volonté: voir l’Australien, actuel numéro 1 du classement toutes catégories confondues de l’UFC, conserver le trône sur lequel il siège depuis fin 2019 pour être l’homme qui lui prendra la couronne.
"Ce sera plus gros que si Yair bat Alex et que je bats Yair ensuite car Yair a perdu beaucoup de combats contre des gars classés. Je préfère affronter Alex et le battre. Face à Volkanovski, ce sera pareil que d’habitude: je le terminerai au premier round." On se dit qu’il sous-estime un champion qui a pourtant prouvé plus d’une fois sa valeur. Que nenni. Une nouvelle fois, il croit seulement en lui. "Je ne pense pas que Volkanovski soit le meilleur combattant de la planète toutes catégories confondues. A partir du moment où Jon Jones combat, c’est lui qui mérite ce titre. Selon moi, Alex n’est même pas proche de lui… Il s’est bien débrouillé contre Islam Makhachev, j’ai aimé ce combat. Je n’ai rien contre ce gars, il est très bon, il n’est pas le meilleur de la planète par hasard, mais je veux me tester contre lui. Je n’ai aucun doute sur ma capacité à le terminer dans les deux premiers rounds. J’ai hâte de gagner samedi puis de l’affronter."
On le comprend dans ses mots, Topuria n’a aucun doute sur le fait que l’Australien sera celui qui lui fera face si on lui offre une chance pour la ceinture. "Volkanovski va gagner contre Rodriguez, assure celui qui sera présente à l’UFC 290 pour observer tout ça de près. Yair n’a pas beaucoup de chemins pour gagner ce combat. Peut-être une soumission comme il a fait à Emmett… Tout peut arriver, on ne sait jamais, c’est du MMA, on l’a vu dans son combat contre Korean Zombie qu’il perdait avant de le mettre KO à la dernière seconde, mais je n’y crois pas." Tourné vers les sommets, "El Matador" a fait du titre son seul objectif. Jusqu’à zapper toute idée de régler dans la cage son conflit ouvert avec la star britannique Paddy Pimblett, qu’il avait repris sèchement pour ses attaques sur le peuple géorgien sur les réseaux sociaux avant de se retrouver proche d’en venir aux mains avec lui dans le lobby d’un hôtel avant un événement à Londres en mars 2022 puis lors de la conférence de presse de l’UFC 282 en décembre dernier à Las Vegas.
Alors, oublié, Paddy? "Il attire beaucoup l’attention des médias mais on sait tous qu’il ne vaut rien comme combattant, a-t-il lancé ces derniers jours à des journalistes espagnols. Il n’a rien accompli. Donner du mérite à quelqu’un qui est là juste parce qu’il sait se vendre n’est pas le bon truc à faire. Nous sommes des athlètes. L’UFC met en avant le sport et Paddy n’a rien fait sur ce plan. C’est pour ça qu’il ne m’intéresse pas." Ce qui ne l’empêche pas de laisser une porte ouverte, au cas où: "Mon but est de devenir champion chez les plumes. Paddy est un léger, même pas classé. Pourquoi l’affronter? Je n’ai aucun intérêt à le faire. Mais s’il rentre un jour dans le classement, s’il devient plus gros pas seulement pour ses paroles ou son côté showman, pourquoi pas? On pourra le faire à 70 ou 77 kilos, peu importe."
En attendant ces différentes projections dans le futur, la mission est claire pour celui qui s’est notamment préparé en travaillant avec l’ancien champion des welters Kamaru Usman: battre Emmett pour poursuivre son ascension. "Qu’est-ce que je dois craindre avec lui? C’est plutôt lui qui doit se soucier de mes qualités dans tous les compartiments. J’ai hâte de monter dans la cage et de décrocher une nouvelle victoire." Qui lui ouvrirait des perspectives sportives mais aussi beaucoup plus, avec l’idée d’un premier événement UFC chez lui, en Espagne. "Il y a un an, j’avais eu une réunion à ce sujet à Las Vegas avec Dana White. Il m’avait dit qu’une fois que je serais dans le top 5, il ferait venir l’UFC en Espagne. Je vais l’être après ce samedi donc on verra ce que Dana fera après ça." Les rendez-vous pour l’avenir sont pris. Reste à assurer celui du présent.