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British Army, couple olympique, simulateur météo... Qui est Tom Evans, le grand vainqueur de l'UTMB 2025

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Peu après 13h, le coureur britannique Tom Evans a décroché ce samedi sa première victoire sur le si exigeant UTMB, succédant à Vincent Bouillard. Ce performeur né, élevé à l'école militaire et passé par la case olympique, est devenu au fil des années un horloger de son sport, programmé pour aller chercher l'excellence.

Tom Evans sur la cime des Alpes et de l'ultra-trail mondial. Au bout d'un effort immense, le Britannique a franchi en premier la ligne d'arrivée de Chamonix, samedi peu après 13h. S'offrant son tout premier Ultra-Trail du Mont-Blanc, la plus prestigieuse des courses en montagne, dessinée dans une boucle de 172,61 kilomètres (et 9.900 mètres de dénivelé positif) autour du Mont-Blanc entre la France, l'Italie et la Suisse.

Après une nuit de vendredi à samedi marquée par d'importantes intempéries, le coureur de 33 ans a lutté contre les éléments, dans la boue, le froid et la neige. Il a fini par vaincre la concurrence symbolisée par le Français François D'Haene, grand favori (quadruple vainqueur de l'UTMB en 2012, 2014, 2017 et 2021), mais contraint à l'abandon au petit matin.

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Un papa comblé, et olympique

Après avoir avalé un parcours inhumain sur le plus haut sommet des Alpes, Tom Evans pouvait brandir le drapeau britannique. Et savourer avec dans les bras sa petite Phoebe, 3 mois et demi, au côté de sa femme Sophie Coldwell. Comme son mari aux JO de Tokyo - dans la catégorie marathon, qu'il avait dû abandonner avant la fin -, cette triathlète britannique est elle aussi passée par la case Jeux olympiques.

Parti la veille à 17h45, le futur vainqueur n'a cette fois pas laissé passer l'opportunité: empêché de participer en 2021 par une opération à un genou, troisième de l'édition 2022, contraint à l'abandon en 2023 et 2024, il est cette fois arrivé en gagnant. Un succès les bras levés aux allures de revanche. Mais aussi de consécration pour celui qui avait déjà remporté en 2018 la petite sœur de l'UTMB, la CCC (100 km, 5800 m D+).

Un perfectionniste qui ne laisse rien au hasard

Habile sur tous les profils de courses, consciencieux à l'extrême sur toutes les disciplines, le deuxième Britannique de l'histoire sacré à l'UTMB s'est fait, au fil des années, la spécialité des petits gains marginaux. Qui, additionnés, peuvent faire la différence - et lui éviter de revivre ses abandons sur les JO 2021 et l'UTMB 2023.

Par exemple: pour préparer le terrain de son sacre sur la Western States 100, en 2023, Evans n'avait rien laissé au hasard. Grâce à un entraînement d’une précision chirurgicale, il avait simulé les conditions météorologiques à venir grâce à de nombreuses heures passées dans un simulateur d'environnement: le Red Bull Athlete Performance Center. Ce laboratoire autrichien, hermétiquement fermé, dispose d'un tapis de course où la température et le degré d'humidité peuvent être réglés afin de s'acclimater au mieux aux conditions réelles qu'Evans allait retrouver aux Etats-Unis.

"Ce qui m’importe, c’est de comprendre avec précision ce qu’exige chaque course"

Ne rien laisser au hasard, c'est l'un des credo de ce (très) dur à cuire et ancien officier durant huit années au sein de la British Army - qui s'est fendu d'un salut militaire à l'arrivée ce samedi. Il s'est lancé dans l'ultra-course après avoir découvert son talent lors d'une participation au Marathon des Sables de 2017, où il a surpris son monde en terminant troisième. Pour aller chercher sa troisième place sur l'UTMB 2022, ce perfectionniste sans égal avait également analysé l'impact de la baisse de luminosité due à un retard de 30 minutes par rapport à l'heure de départ initial.

"Pour moi, progresser, ce n’est pas en faire toujours plus. Non. Ce qui m’importe, c’est de comprendre avec précision ce qu’exige chaque course", expliquait-il à Outside. "Mon entraîneur, Scott Johnston, est un spécialiste du trail, mais en allant chercher aussi du côté du triathlon, du cyclisme, du renforcement, de la psychologie ou encore de la nutrition, j’en apprends bien plus. On dit souvent que si vous êtes la personne la plus intelligente de la pièce, c’est que vous n’êtes sans doute pas dans la bonne pièce. J’adhère totalement à cette idée."

Le 31 août dernier, le Français Vincent Bouillard passait le premier la ligne d'arrivée sur la place du Triangle de l'Amitié de Chamonix, en 19 heures 54 minutes et 23 secondes. Grâce à son approche presque scientifique de la course et son dévouement extrême, le Britannique, lui, a bouclé l'édition 2025 - avec deux portions de parcours tronquées à cause de la météo - en 19 heures 18 minutes et 56 secondes.

Romain Daveau Journaliste RMC Sport