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Tennis de table: Dorr et Bourrassaud, les rivaux des Lebrun pour le double des Championnats de France

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Ils sont numéro trois mondiaux. Esteban Dorr et Florian Bourrassaud sont devenus les principaux rivaux des Lebrun en double. Avec ce classement mondial, tous les deux ont un nouveau statut à assumer. Et cela va commencer par ces championnats de France, où la paire Dorr/Bourrassaud est attendue jusqu’en finale.

"Si on nous avait dit qu’en mars 2025 on serait trois mondiaux, on aurait signé de suite", sourit Esteban Dorr, licencié au club de Montpellier. Parce que oui, leur progression et leur trajectoire sont impressionnantes. Cela fait seulement un an et demi qu’Esteban et Florian sont associés en double homme.

"On surfe sur une belle vague. On a fait des compètes qu'on n'a pas encore l'occasion de faire en simple, comme les championnats d'Europe, les Finals au Japon, le grand smash à Singapour récemment et on a réussi à performer sur chaque compète donc c'est vraiment cool. On voit aussi le travail à faire pour aller chercher les deux places devant", ajoute le gaucher.

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Son partenaire Florian, ne lâche pas son large sourire quand il évoque son classement actuel en double. "On vit un truc à deux très fort. Moi forcément mon rêve c'est d'être en équipe de France et de ramener des médailles, de porter le maillot. Et aujourd'hui je le porte, et c'est en double alors je prends. C'est un truc énorme. Je n’aurais peut-être pas la chance de le faire en simple donc je prends. C'est une fierté de dingue. C'est un rêve que je suis en train de construire. Je vais au bout du monde, je vis de ma passion, c'est un rêve éveillé", s’extase Florian Bourrassaud.

Une paire complémentaire

Mais cette ascension n’est pas anodine. Ce sont deux joueurs qui se connaissent depuis des années, qui sont amis dans la vie et qui se complètent parfaitement derrière la table. "On se connaît depuis plus de 15 ans. On arrive à voir qui est un peu moins bien rien qu’en se regardant. Juste avec le body langage. Ça fait la différence. Cette cohésion, se connaître sur le bout des doigts, ça fait la différence au bout d'un moment. Tu ne peux pas être performant si tu apprécies moins ou si t'as moins d'affinité avec ton partenaire", explique Esteban.

"Hors ping, il y a le caractère où Esteban va être plus réfléchi, apporter plus de tactique. Et moi je vais porter le double dans les émotions, dans le partage. C'est moi qui fait vivre plus le double et lui avec la tête et plus le physique. Je porte de l'énergie et lui me fait réfléchir. On se complète comme ça. Dans le jeu lui sera plus proche, plus rapide et moi plus loin, plus puissant", analyse le droitier de la paire, Florian.

Pour battre les Lebrun? "Manque des lunettes"

L’an passé aux Championnats de France, la paire Dorr-Bourrassaud avait atteint la finale. Elle s’était inclinée en cinq sets face aux frères Lebrun, après un match de haute volée. Cette année, ils sont tête de série numéro deux du tournoi. Et, en toute logique, devraient rencontrer Félix et Alexis, numéro un mondiaux, en finale.

"Je pense qu'à un moment il faut aussi assumer le statut. L'an dernier on a fait des exploits, là on est vice-champion de France, on est trois mondiaux. On assume notre statut. On est vraiment numéros deux de la compète, les principaux rivaux des Lebrun. On se méfie de tout le monde mais on ne craint personne", sourit Florian.

Mais évidemment, battre les Lebrun, numéro un mondiaux, ce n’est pas une chose aisée. Que manque-t-il à Esteban et Florian? "Des lunettes", rigole Esteban. "On se connaît par cœur. Ça va se jouer sur des détails. La forme du moment, parce que dans le double on a toujours des hauts et des bas, savoir appuyer là où ça fait mal, où ça sera le plus dur. L'an passé c'est ce qui nous fait du tort, Flo a eu un coup de moins bien dans la belle et ils ont directement appuyé là-dessus. Quand t'as un train de retard dans le dernier set sur des joueurs de ce niveau-là, c'est dur de revenir. Mais cette année, on va tout faire pour leur mettre la tête dans le sac rapidement, si on les joue évidemment."

Tous les quatre se connaissent depuis des années, s’entrainent ensemble à Montpellier. Forcément, ça commence déjà à chambrer en cas de finale entre eux. "Ça a commencé au petit déjeuner où Alexis me fait une réflexion parce que j'étais avec ceux du club de Montpellier et que moi je n'y suis pas. Donc il me dit oui Flo il n’a rien à faire ici, il ne mange pas avec nous. Ça commence à charrier, mais c'est dans la bonne humeur. Ce n’est pas malsain. On le vit bien", insiste Florian Bourrassaud.

"Etre dans la continuité et progresser ensemble", si possible jusqu'en finale

Leur championnat de France a commencé en huitième de finale dans le tableau de double avec une belle victoire contre le duo Salifou-Tormos (11-6, 11-7, 11-8). Mais le parcours sera long jusqu’en finale.

"Non je ne dirai pas ça que c’est une contreperformance de perdre avant la finale. Forcément toutes les paires sont fortes. On a envie de ramener des médailles. Si on perd avant on sera déçu. Mais ça dépend comment la défaite se passe. L’objectif est d'aller en finale et d'aller en chercher une belle", rappelle Florian.

Face à ce nouveau statut, cette pression à gérer, leur entraineur Vincent Avril sait qu’ils devront être forts dans la tête: "Forcément, ils sont attendus. Ils ont envie d'aller en finale. L'an dernier quand ils ont fait finale aux France, ils avaient déjà gagné quelques titres mais la mise en avant était moins qu'aujourd'hui. Il s'est passé beaucoup de choses depuis. C'est une paire qui joue très bien donc tout le monde va avoir zéro pression contre eux. Ils vont vouloir faire la perf' donc difficile pour eux d'assumer ce statut. Il y a des paires dangereuses et ça reste un match de ping. Ce que je leur demande c'est le contenu et d’être dans la continuité, de progresser ensemble. On verra bien ce qu'il se passe."

Léna Marjak