Coupe Davis: et si Rafael Nadal manquait finalement France-Espagne?

Rafael Nadal - AFP
Lundi, Sergi Bruguera a dévoilé sa "dream team" pour la demi-finale de Coupe Davis avec un patron nommé Rafael Nadal. Depuis le début de cette campagne, le Majorquin a assuré qu’il avait fait de cette coupe Davis 2018 un réel objectif. La manière dont il a vibré lors du quart de finale dans les Arènes de Valence, début avril, poussant son copain David Ferrer à aller chercher le cinquième point décisif, avait fait le tour du monde. C’était même la meilleure publicité pour une épreuve en danger. Après le vote d’Orlando et cette réforme radicale portée par le groupe Kosmos, cette compétition centenaire va mourir et l’Espagnol rêve que son nom figure une quatrième et dernière fois sur le gros saladier d’Argent.
Sauf que son parcours à Flushing Meadows peut évidemment tout remettre en cause. Depuis une semaine, le numéro 1 mondial n’a pas ménagé sa peine. Il a eu une alerte au genou. Son troisième tour face à Karen Khachanov a duré 4h24. Mardi soir, face à Dominic Thiem, il a livré un match épique (0-6, 7-5, 7-5, 6-7, 7-6 en 4h49), portant l’estocade après un "combat de rue" qui a rendu hystériques les New-Yorkais lorsque l’Autrichien a vendangé un ultime smash à 2 heures du matin. "Ce qui est important, c’est la qualité et la dramaturgie du match, a dit Rafael Nadal. Quand il y a un tel scénario, l’atmosphère devient spéciale. J’étais content d’en faire partie. Un peu moins d’être devant vous à trois heures du matin (l’heure à laquelle s’est déroulée sa conférence de presse, ndlr)."
Il est à l'écoute de son corps
Sa chance, c’est qu’il aura du temps pour récupérer de ses efforts. Sa demi-finale face à Juan Martin Del Potro aura lieu vendredi après-midi. Un choc auquel sera peut-être lié le destin de l’équipe de France de Coupe Davis. Si Nadal efface l’obstacle, il sera donc en finale à Flushing Meadows pour la cinquième fois de sa carrière. Et la question se posera forcément: est-il raisonnable d’enchaîner avec un rendez-vous aussi important qu’une demi-finale de Coupe Davis? De surcroît sur un autre continent. Avec un décalage horaire à avaler. Certains balaieront cet argument en arguant que Nadal est un surhomme. Mais depuis ses problèmes récurrents aux genoux, il est à l’écoute de son corps. Comme souvent, il fera un check-up avec son équipe médicale.
En 2011, Nadal avait enchainé et puni les Bleus
A 32 ans, Rafael Nadal ne récupère plus aussi facilement. On se souvient qu’en 2011, après sa finale perdue un lundi face à Novak Djokovic, il avait bénéficié d’un avion privé pour se rendre à Cordoue, théâtre d’une demi-finale de coupe Davis face à la France. Les Bleus espéraient naïvement que la bête n’aurait pas récupéré. Mais Nadal, malgré une réacclimatation express à la terre battue, avait "défoncé" Richard Gasquet puis Jo-Wilfried Tsonga. Guy Forget en était resté estomaqué. Mais "Rafa" a sept ans de plus… Il a une place de numéro un en fin d’année à aller chercher. Plus il ira loin à New York, plus ses chances de le voir à Lille diminueront. Reste à savoir dans quelles proportions... Ce paramètre, seul "Rafa" le maîtrise.
Préservé pour le dimanche?
On peut échafauder une autre hypothèse: s’il sent que la machine est au bord de la rupture, il peut être dans les cinq au moment du tirage au sort à Villeneuve d’Ascq et être conservé pour le dimanche. Ce serait un coup de poker qui pourrait mettre à bas la stratégie initiale de Yannick Noah…
Attendons donc patiemment le remake du quart de finale de Wimbledon qui avait tenu en haleine les spectateurs du Centre Court durant 4h47… Si Delpo bat Nadal comme en 2009 – sa seule demi-finale de Chelem victorieuse – Yannick Noah pourra se préparer à sa plus difficile rencontre depuis qu’il a repris le capitanat.