Pitkowski : ''Serena Williams peut envisager le Grand Chelem''

Sarah Pitkowski - DR
« Le sacre de Serena Williams ? D’abord, quelle championne ! Et quelle comédienne, quelle show woman ! On a vu une Serena dans tous ses états. On la savait malade, grippée, et elle exultait, elle criait sur le court. On a eu droit à toutes ses attitudes extrêmes mais c’est bien elle la championne puisqu’elle s’impose en trois sets après un match haut en couleurs. C’est vrai qu’on se demande après quoi elle court et pourquoi elle court encore. Elle a gagné tous les tournois du Grand Chelem. Elle est tellement au-dessus quand elle joue son tennis qu’on se demande quelle est sa motivation… Mais elle est bien là. Avec 20 titres du Grand Chelem, elle n’est qu’à deux longueurs du record de Steffi Graf qui est totalement envisageable.
Si elle gagne Wimbledon dans quelques semaines, ce n’est plus les 22 titres du Grand Chelem qu’on va envisager mais un Golden Grand Chelem avec les quatre titres dans la même année. C’est totalement réalisable. La dernière fois, c’était encore Steffi Graf, en 1988. Je pense que c’est le véritable record après lequel court Serena Williams. Elle a aussi la longévité. La dernière joueuse à gagner Roland-Garros en étant aussi âgée est Martina Navratilova. Serena traverse les années. Elle est toujours à la mode, toujours capable d’avoir ce tennis très agressif qui traverse le temps. Finalement, elle n’a pas de véritables adversaires avec un tel physique et une telle frappe de balle. Elle est encore numéro 1 mondiale et va avoir près de 4000 points d’avance sur la n°2 lundi prochain. Même si elle ne joue pas pendant des mois, ça ne remettra pas en cause sa hiérarchie au sommet du tennis mondial.
« La pression est peut-être plus sur Djokovic »
La finale hommes ? Novak Djokovic a joué vingt fois contre Stan Wawrinka et mène 17-3. La dernière fois, c’était cette année en demi-finale de l’Open d’Australie. Ça avait été un combat puisque le Serbe s’était imposé en cinq sets face au Suisse. Wawrinka possède donc des armes pour gêner Djokovic. Ce dernier a forcément une motivation particulière ici puisqu’il n’a encore jamais gagné Roland-Garros. Il court après ce titre qui lui manque. Au-delà de ça, il a un tennis qui s’adapte à toutes les surfaces. Comme un caméléon, il se fond sur la surface et sur ses adversaires, toujours avec la sensation qu’il est capable de rehausser son niveau chaque fois qu’il sent ses rivaux s’approcher de lui. Et puis il a des qualités de relanceur qui font que même un très gros serveur a des difficultés à remporter sa mise en jeu face à lui.
Wawrinka possède des coups puissants, notamment son fantastique revers long de ligne à une main ou son premier service. Ce sont des frappes sèches et lourdes qui peuvent gêner Djokovic, qui aime prendre son temps pour imposer son propre rythme de jeu. Si Wawrinka est en réussite et régulier, il peut poser des problèmes à Djokovic comme Andy Murray en demi-finale. La difficulté est d’être capable de tenir la cadence pendant trois, cinq sets. Il ne faut pas de baisse de régime face à Djokovic et c’est un peu ce qu’on a vu de la part du Suisse contre Tsonga, où il a eu des hauts et des bas. Ça peut lui coûter très cher face à Djokovic en finale. Mais il n’est pas le favori et il sait ce que c’est que de gagner une finale de Grand Chelem… donc la pression est peut-être plus sur le Serbe que sur lui. »