Roland-Garros : comment Djokovic grignote son retard sur Nadal

En cas de finale dimanche entre Rafael Nadal et Novak Djokovic, qui fera chavirer le cœur du public du côté de la Porte d’Auteuil ? Qui fera exploser l’applaudimètre en sa faveur ? « Il y a un vrai match là-dessus par rapport à leur image avec le public » concède Marc Maury, LA voix de Roland-Garros, le speaker du tournoi parisien. Il suffit d’ailleurs de tendre l’oreille et d’écouter un peu les passants dans les travées de l’enceinte pour le comprendre. « Je préfère Nadal moi, il est gentil avec le public, il signe des autographes sans refuser », affirme Jérémy, un jeune étudiant de 20 ans. « Moi je suis plus Djokovic parce que je préfère son jeu, son attitude, rétorque Ronan, jeune père de famille. C’est un grand sportif, comme ce qu’il a fait à la première journée avec le ramasseur de balles. »
Ce que « Djoko » avait fait ce jour-là ? Profiter d’une interruption de son match du 1er tour contre le Portugais Joao Sousa en raison de la pluie pour… trinquer avec un ramasseur de balles, qu’il avait gentiment invité à côté de lui. On a aussi vu le Serbe s’essayer à la pétanque après un entraînement lors de la première semaine de Roland-Garros. « Djoko, on le met sur scène, c’est un super comédien, explique Marc Maury. Et si on lui donne un scénario, je suis sûr qu’on peut lui faire faire quelque chose de très bien. » Bref, on l’aura compris, « Nolé » joue à fond la carte de l’humour. Et cette opération séduction marche de mieux en mieux avec le public.
« Nadal ? En France, on a tendance à moins supporter les vainqueurs »
N’était-ce pas un public conquis qui l’a applaudi lorsqu’il s’est mis à imiter, aux côtés de l’Italien Fabio Fognini, le cri de guerre des frères Bryan ? « Certains n’aiment pas lorsque justement, on se moque d’eux. Mais il ne le fait pas non plus méchamment, poursuit Maury. A un moment donné, il a senti que cela allait peut-être un peu loin, donc il a diminué un peu ses plaisanteries. Mais c’est son tempérament, c’est son caractère, on ne va pas le changer. » Surtout si ses imitations font rire les enfants, comme ce fut le cas lors de la journée qui leur fut dédiée à Roland-Garros. Et Rafa alors dans tout ça ? On l’a vu, aussi, ce jour-là, saluer les enfants. Signer des autographes et parler en français… Mais pas aussi bien que Novak. « Rafa essaie un peu de parler en français, note Marc Maury. Mais il est moins à l’aise. Djoko, lui, a plus de facilité. Sur la plupart des tournois, il demande à répondre en français. C’est une très bonne chose. C’est aussi pour son image.»
Moins exubérant, Nadal capitalise sur son caractère, humble et discret avant tout. « C’est le même garçon depuis 2003, assure Marc Maury. C’est quelqu’un qui est resté extrêmement humble. Il a toujours la même attitude avec nous. » Avant de concéder une certaine… lassitude. « Sur ses premiers titres, ça a été l’explosion. Et puis il y a eu, pas un désamour, mais en France, on a tendance à moins supporter les vainqueurs. Certaines personnes lui en ont voulu, n’aiment peut-être pas sa façon de jouer. La force de Rafa, c’est qu’il n’a jamais changé. Il a laissé passer l’orage. » A juste titre, puisqu’à ce jour, c’est encore lui qui mène au suffrage. « Il suffit de regarder leur compte Twitter. Il y en a un qui est un peu devant, souligne le speaker de Roland. Mais il n’y a pas de vainqueur. Ce sont deux caractères différents. On a besoin de garçons comme Djokovic mais on a aussi besoin de garçons comme Nadal. » Certes, mais en cas de retrouvailles en finale dimanche, il faudra bien en supporter un. Et là, pas sûr que Djokovic soit complètement battu à l’applaudimètre.
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