Tsonga, le rêve passe

Jo-Wilfried Tsonga - -
La tête enfouie sous sa serviette, Jo-Wilfried Tsonga ne peut retenir ses larmes. Après 4h11 d’un combat épique en cinq sets, le Manceau sait qu’il a touché du doigt son rêve. Un rêve a priori inaccessible, mais qui, grâce à son énorme performance, n’avait jamais été aussi proche. Mais après avoir eu quatre balles de match face à Novak Djokovic, s’incliner fait encore plus mal. Car dans un duel digne d’un combat de boxe, où « Jo » n’a jamais baissé la garde, le KO est encore plus difficile à accepter et ce n’est pas le principal intéressé qui dira le contraire : « Passer aussi près de la victoire et perdre, c’est frustrant et décevant. Je ne connais pas grand monde qui aime se faire du mal comme ça. C’est douloureux. J’aurai bien pris cette petite demie finale à Roland-Garros… »
Pourtant, après l’entame de match calamiteuse du cinquième joueur mondial, rien ne laissait présager un tel scénario. Tendu, approximatif, le Manceau laisse filer le premier set (6-1) sans vraiment combattre. Sonné, le public du Central croit alors rêver lorsque le dernier Français encore en lice se rebiffe et commence à lâcher ses coups. Conscient qu’il peut inquiéter le Serbe, Tsonga saisit sa chance et remporte les deux manches suivantes (7-5, 7-5). Sur un nuage, il continue sur sa lancée dans le quatrième set et se procure deux balles de match à 5-4 sur le service de Djokovic. D’un passing de revers, Tsonga croit alors tenir une des plus belles victoires de sa carrière, mais « Djoko » ne tremble pas au filet. La plus belle occasion du tricolore sur les quatre balles de match qu’il se procurera. Celle qu’il se ressassera sans doute de longues fois dans les prochains jours au moment de trouver le sommeil.
Tsonga : « Je peux me regarder dans la glace »
« Je n’ai pas l’habitude de perdre en ayant des balles de matches, souffle Tsonga. Mais je peux me regarder dans la glace en me disant que je me suis battu, que j’ai tout donné, que je suis allé au bout. Ça ne m’a pas souri cette fois-ci et c’est comme ça. » Car sorti avec brio du bourbier du quatrième set, conclu au jeu décisif, Djokovic s’est ensuite envolé vers la qualification, dans une cinquième manche à sens unique (6-1). Sa septième victoire consécutive dans un match en cinq sets.
Une issue cruelle pour Tsonga, que l’immense ovation du public apaisera à peine. « J’avais dit que j’allais tout donner. Malheureusement je passe tout près. J’aurais adoré gagner ce match et mieux terminer, a-t-il déclaré, les yeux embués, quelques instants après sa défaite. Je n’avais plus rien dans les jambes, je suis désolé pour ça. Je vais continuer à m’accrocher et à m’entraîner. J’espère que l’année prochaine, je reviendrai encore plus fort. » S’il s’en voudra certainement très longtemps d’avoir laissé passer une si belle occasion de se hisser dans le dernier carré de Roland-Garros, Tsonga peut sortir la tête haute du court Philippe-Chatrier. Applaudi par Novak Djokovic, qui affrontera Roger Federer dans une demi-finale revanche de l’année dernière, c’est en champion qu’il quitte le Grand Chelem parisien.