Volley (F): installations délabrées, voyage de 17h... le parcours du combattant des Bleues

Victorieuses de la Bosnie-Herzégovine pour la deuxième fois en autant de rencontres disputées face à cette équipe en Golden League, les Bleues ont signé un troisième succès consécutif en phase de poules de la compétition. Un plein de victoires qui leur permet d’entrevoir la suite plus sereinement puisque le dernier carré de la compétition leur tend les bras désormais. Pour cimenter cette position favorable et se qualifier définitivement pour la phase finale de la Golden League, l’équipe de France a encore une dernière rencontre à jouer face à l’Espagne, samedi, que les Françaises ont également dominé il y a dix jours à l’aller.
Sauf que la rencontre se déroulera cette fois en Espagne, à Valladolid, où les Bleues sont arrivées lundi, tard dans la soirée, aux alentours de 21h30, après un voyage de… 17 heures ! "On est partis à 4h de Tuzla en bus jusqu’à Sarajevo. On en avait pour trois heures de route à peu près, ensuite on a pris un avion jusqu'à Istanbul. C’étaient les seules connexions possibles. On a changé d’avion pour faire Istanbul-Madrid, et on avait encore 2h30 de bus dans la foulée pour arriver à 21h30 à Valladolid", raconte la centrale et doyenne de l’équipe Isaline Sager-Weider. Loin du confort dont jouissent d’autres sélections, dans d’autres sports, nos représentantes du volley doivent s’adapter en permanence, et avec très peu de moyens humains et financiers pour se réorganiser dans l’urgence.
De rudes conditions de travail en Bosnie
Le 24 février dernier, le président russe Vladimir Poutine a déclenché une offensive sur l’Ukraine, promettant de "démilitariser" et "dénazifier" le pays voisin. Depuis cette triste date, les sanctions sportives pleuvent à l’encontre des équipes, sportifs et sportives russes, effacés des compétitions auxquelles ils participaient. "Le déclenchement de la guerre a remanié toutes les poules, toute l’organisation, les vols disponibles, explique Isaline Sager-Weider. A la base, on devait aller en Bulgarie. Mais la Bulgarie a profité de l’exclusion de la Russie pour monter en VNL. Plutôt que de rentrer en France puis repartir ensuite pour jouer en Espagne, on fait toute la semaine en Espagne."
Depuis quelques années, la Fédération française (FFVB) a mis les moyens humains et matériels pour permettre aux Bleues de progresser. Mais parcourir toute l’Europe implique aussi parfois de se frotter à des conditions moins avantageuses que celles dont on dispose ailleurs, notamment chez nos plus proches voisins européens. Dernier exemple en date ? Tuzla, en Bosnie. Au lendemain d’un troisième succès en trois matches, les Bleues étaient de retour à l’entraînement dans une salle où elles n’ont pas profité d’un confort optimal pour la pratique du haut niveau. "On est resté un jour de plus, du coup ils nous ont donné ce qu’ils pouvaient", fait savoir Isaline Sager-Weider.
"Le gymnase où on a joué le match était de bonne qualité, complète la centrale. Après, tu sens que c’est un peu moins moderne. Le gymnase qu’ils nous ont donné par la suite, c’était le gymnase universitaire pour s’entraîner. Il y avait des trous dans le parquet, des choses comme ça. Mais on était sur un lendemain de match. On a fait du circuit training, des petits jeux de ballon, sans prise de risque, sans saut."
Du haut de ses 33 ans et de sa décennie d’ancienneté en équipe de France, Isaline Sager-Weider en a vu d’autres: "Je me rappelle d’une qualif avec Magali Magail (ancienne sélectionneuse de l'équipe de France entre 2014 et 2017) en Israël, je crois que c’était en 2015, si mes souvenirs sont bons. Ils nous avaient mis dans des chambres qui ressemblaient à des chambres de prison, on avait des cafards qui sortaient... On était toutes malades après avoir mangé, on se demandait même si ce n’était pas fait exprès. On l’a plus pris comme une force qu’autre chose. Là, on est loin de tout ça. L’humain doit s'adapter, et ça permet de constater que ce n’est pas aussi facile que ça dans les autres pays."
Ce parcours du combattant doit permettre in fine à la France de décrocher l'unique billet pour la Ligue des nations 2023, compétition qui regroupe le gratin mondial du volley où elle affronterait les meilleures nations à un an des Jeux olympiques de Paris. Pour ce faire, les Bleues doivent terminer premières ou deuxièmes du Final Four de la Golden League fin juin, puis remporter la Challenger Cup fin juillet en Croatie.