"Il est phénoménal": Moussa Diabaté, le Français en très grande forme que personne n’attendait en NBA

Il est l’invité surprise de ce début de saison. Celui qu’on n’attendait pas spécialement au bal des Français de NBA… mais qui a décidé de prendre toute la lumière sur la grande scène de la ligue nord-américaine.
Dans la nuit de mardi à mercredi, Moussa Diabaté (22 ans, 2,08m) a livré le meilleur match de sa jeune carrière. Face au Orlando Magic (défaite 114-89), l’intérieur des Charlotte Hornets a compilé 12 points (à 6/7 au tir), 15 rebonds et 3 contres, le tout en 30 minutes passées sur le parquet. Il signe ainsi son tout premier double-double en NBA et valide un début de saison aussi inattendu que brillant.
13,6 rebonds de moyenne sur les trois derniers matchs
Si le basket français attendait plutôt Tidjane Salaün, sélectionné en sixième position de la dernière draft mais encore en apprentissage (3 points et 3,8 rebonds en 16,8 minutes de moyenne depuis le début de saison), il n'a d’yeux que pour Diabaté depuis quelques jours. Le natif de Paris a joué plus de 27 minutes en moyenne sur les trois derniers matchs de Charlotte. Sur cette courte période, il a pris 13,6 rebonds par rencontre, des stats dignes des meilleurs rebondeurs de la ligue. En dehors de ces chiffres, pour l’instant anecdotiques sur un échantillon aussi petit, il a surtout pu faire apprécier toute son intensité, son sens du rebond et sa polyvalence défensive.
"Il est phénoménal", résume Charles Lee, son coach aux Hornets. "Il a tout compris à ce que l’on faisait et son esprit de compétition est contagieux pour l’ensemble de l’équipe. Les gars adorent quand il prend tous les rebonds offensifs et contre les shoots. Il apporte dans tellement de secteurs."
"Parfois, je dois même me réfréner et me dire: il est en two-way, calme-toi", sourit Charles Lee.
S’il marque actuellement beaucoup de points dans l’esprit du staff de Charlotte, Diabaté n’a en effet pas de contrat de garanti. En début de saison, le Français a signé en tant que "two-way contract", un contrat qui permet à un joueur d’osciller entre l’effectif NBA et son équipe affiliée en G-League, l’anti-chambre de la Grande ligue. Ces contrats "two-way" stipulent que le joueur ne peut pas jouer plus de 50 matchs en NBA (sur 82 de saison régulière).
"Je ne savais pas jouer au basket, tous les autres joueurs étaient au-dessus de moi"
Déjà apparu à 10 reprises en NBA depuis le début de la saison, sur les 11 rencontres jouées par les Hornets, Diabaté sait donc qu’il risque de retourner en G-League à un moment donné, même s’il continue de performer. Une perspective qui ne devrait pas effrayer le Français, habitué à devoir prendre des chemins parfois sinueux depuis le début de sa carrière.
Diabaté a débuté le basket à l’âge de 12 ans. Et au départ, ce sport était loin d’être une évidence. "J’aimais bien courir, j’étais plus grand que tout le monde. Un de mes potes me disait de faire du basket, mais je ne venais jamais. Finalement, je me suis lancé, au Sporting Club Maccabi de Paris dans le 11e arrondissement, un petit club départemental. Je ne savais pas jouer au basket, tous les autres joueurs étaient au-dessus de moi", a-t-il confié à BeBasket en 2019.
Exilé aux USA à 14 ans
Après ces débuts balbutiants, Diabaté poursuit son apprentissage à Paris ou dans sa proche banlieue, à l’USD Charonne (20e arrondissement) puis Charenton-le-Pont, commune du Val-de-Marne qui a également vu passer un certain Evan Fournier. Il s’impose peu à peu comme un joueur dominant chez les jeunes avant d’opérer un sacré virage en prenant la direction des États-Unis… à 14 ans.
Refusé au Pôle espoirs, notamment à cause de ses notes, Diabaté a donc opté pour l’exil américain. Il rejoint la Montverde Academy, un prestigieux programme scolaire situé en Floride et reconnu pour être une usine à talents. Joel Embiid, Ben Simmons ou encore RJ Barrett y sont passés.
Même s’il revient dans l’Hexagone pour disputer des compétitions internationales avec les équipes de France jeunes (Euro U16 en 2018 et Euro U18 en 2019), cet exil précoce fait de lui un jeune méconnu du public français. Toutefois, ce choix ambitieux lui a permis d'être un prospect reconnu sur le circuit américain. Élu parmi les meilleurs lycéens du pays et invité au prestigieux Jordan Brand Classic en 2021, il rejoint, cette même année, l’Université du Michigan, avec qui il découvre la NCAA, le championnat universitaire américain.
Malgré une saison plutôt discrète dans le Michigan, il se présente à la draft 2022, où il est sélectionné en 43e position par les Los Angeles Clippers. En Californie, aux côtés des superstars Kawhi Leonard et Paul George, il se contente de miettes et passe la plupart de son temps en G-League. Après avoir disputé 22 matchs en 2022-2023 (2,7 points et 2,3 rebonds en 8,9 minutes de moyenne), il n’apparaît qu’à 11 reprises sous le maillot des Clippers en 2023-2024 (2,6 points et 2,2 rebonds en 5,8 minutes). Il a presque atteint ce total en moins de trois semaines de saison régulière avec les Hornets. De quoi faire naître de belles promesses pour la suite.