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Objectif playoffs, ventre mou… À quoi faut-il s’attendre pour la saison des San Antonio Spurs?

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Dans la nuit du 24 au 25 octobre, Victor Wembanyama va officiellement débuter sa deuxième saison sous le maillot des San Antonio Spurs. Après un exercice 2023-2024 bouclé dans les bas-fonds du classement NBA, la franchise texane vise de meilleurs résultats. Au point de prétendre à une qualification en playoffs?

Plus de six mois plus tard, les projecteurs du Frost Bank Center, l’antre des San Antonio Spurs, vont enfin se rallumer. Après une saison 2023-2024 marquée par les premiers pas réussis de Victor Wembanyama sur la grande scène de la NBA, le rideau s’était refermé le 14 avril dernier, au soir d’une victoire 123-95 face aux Detroit Pistons. Entre-temps, la tournée de la rockstar Wembanyama est passée par l’Europe, avec un titre de vice-champion olympique décroché au JO de Paris. Mais il est désormais temps pour l’intérieur des Spurs de regagner sa loge pour se préparer à offrir au monde du basket un nouveau spectacle grandiloquent.

Lors du dernier exercice, Wembanyama et ses coéquipiers ont terminé dans les bas-fonds du classement, avec une avant-dernière place de la Conférence Ouest et le 26e bilan de toute la ligue (22 victoires-60 défaites). Pour la toute première saison outre-Atlantique de "Wemby", le temps était plus à l’expérimentation, au développement d’une équipe jeune et dépourvue de joueurs affirmés pour entourer l’intérieur français. Mais la patience prônée pour l’année 1 du projet va forcément peu à peu disparaître au fil du temps.

Si les Spurs ont gagné exactement le même nombre de matchs en 2023-2024 qu’en 2022-2023, une troisième saison à 22 succès n’est pas à l’ordre du jour. "Le play-in ou les playoffs, c’est l’objectif minimum", a d’ailleurs clamé Wembanyama lors de sa conférence de presse de rentrée, début octobre. Le Français vise donc a minima une place dans le top 10 de la Conférence Ouest.

Chris Paul, le chaînon manquant?

Les Spurs se sont en tout cas donnés les moyens de progresser. À l’inverse de la saison dernière, où aucun renfort de taille n’était venu compléter l’effectif après la draft de Wembanyama, la franchise texane a recruté Chris Paul, libre après la fin de son contrat aux Golden State Warriors. En s’offrant le joueur vétéran (39 ans), qui a signé pour une saison, San Antonio met la main sur l’un des meilleurs meneurs des 20 dernières années en NBA.

Depuis le début de sa carrière, l’ancien joueur des Los Angeles Clippers ou des Phoenix Suns compile 12 sélections au All-Star Game, quatre présences dans la All-NBA First Team, cinq titres de meilleur passeur sur une saison et même une deuxième place au classement MVP (derrière Kobe Bryant) en 2010. Il est également le premier joueur de l’histoire à avoir combiné 20.000 points et 10.000 passes.

Son palmarès parle donc pour lui. "Mais avec Chris, son impact dépasse les simples stats", corrigeait Devin Booker, son coéquipier aux Phoenix Suns, à la fin de la saison 2021-2022. "Il fait en sorte que les joueurs restent sur les bons rails au quotidien et rien que ça devrait le mettre dans la discussion pour le trophée de MVP chaque année."

"Il encadre parfaitement les plus jeunes, il les fait se sentir bien dans leur peau", confirme Gregg Popovich. "Parfois, je suis juste fasciné rien qu’en l’écoutant donner des conseils à ses coéquipiers. Et je me dis que j’aurais dû y penser…"

Chris Paul, ancien président de l’association des joueurs, un poste central qu’il a occupé pendant huit ans entre 2013 et 2021, est donc un leader, une voix écoutée et respectée en NBA. Au-delà de son expérience, il va également pouvoir apporter sa science du jeu et son sens du collectif, lui le joueur capable de sortir des matchs à 20 points, 20 passes décisives et 0 balle perdue (décembre 2016 avec les Los Angeles Clippers), du jamais-vu dans l’histoire de la NBA. "Chris Paul, dès qu’il arrive dans une équipe, il fait que le collectif est encore meilleur qu’avant", valide Frédéric Weis, consultant basket pour RMC Sport, dans le podcast Basket Time. "Victor va gommer des imperfections parce qu’il y aura Chris Paul à côté de lui. Chris Paul va pouvoir lui emmener le ballon là où il faut."

"Chris Paul va piloter Wembanyama sur le terrain"

"L’année dernière, le gros défaut de l’équipe était le manque de maturité", insiste Stephen Brun dans Basket Time. "Sur les 60 matchs perdus, il y en a eu beaucoup sur des mauvaises décisions en fin de match, des mauvais choix… Chris Paul va ramener ça: le bon tir, la bonne passe, annoncer la bonne action au bon moment. Il va aussi piloter Wembanyama sur le terrain, pour faire en sorte que Victor n’aille pas se promener dans tous les recoins du parquet.”

Épisode 200 : Victor Wembanyama et Chris Paul peuvent-ils amener les Spurs en playoffs ?
Épisode 200 : Victor Wembanyama et Chris Paul peuvent-ils amener les Spurs en playoffs ?
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Des pivots comme DeAndre Jordan (aux Los Angeles Clippers), Tyson Chandler (New Orleans Hornets) ou encore Deandre Ayton (Phoenix Suns) ont affiché leurs meilleures moyennes de points en carrière lorsqu’ils ont évolué aux côtés de Chris Paul, capable de sublimer n’importe quel joueur de plus de 2,10m grâce à ses fameuses passes lobées au-dessus de la défense. Dans cette optique, l’association avec Victor Wembanyama, 2,24m sous la toise et une agilité unique pour un joueur de sa taille, fait déjà saliver les fans des Spurs. En pré-saison, ces derniers ont d’ailleurs pu avoir un aperçu des étincelles que peut faire ce duo. "CP3" n’a évidemment plus les jambes de ses 20 ans. Mais il jouait encore plus de 25 minutes par match la saison dernière aux Golden State Warriors, dans un rôle de sixième homme.

Harrison Barnes, "un garçon sous-côté"

En termes de mentoring, Wembanyama pourra également compter sur Harrison Barnes, l’autre recrue phare de l’été des Spurs. Lui aussi pioché sur le marché des agents libres, l’ailier de 32 ans a été champion NBA avec les Golden State Warriors en 2015, à l’issue d’une campagne de playoffs où il jouait plus de 32 minutes par match en moyenne.

Champion olympique 2016 avec Team USA, Harrison Barnes connaît le chemin vers la victoire. Et c’est justement cette gagne qu’il va devoir inculquer aux jeunes Spurs, lui qui était un joueur-clé des Sacramento Kings la saison passée, avec une place dans le cinq majeur d’une équipe qui avait justement réussi à se qualifier pour le play-in (élimination contre les New Orleans Pelicans).

"Voir Harrison et Chris entrer dans le cercle à ce stade de leur carrière est vraiment fabuleux pour notre jeunesse", a résumé Gregg Popovich cet été.

"C’est un garçon sous-côté à mon sens, son arrivée est pour moi déterminante. Ça donne aussi un peu plus de profondeur à l’équipe", appuie Stephen Brun au sujet de l’apport de Harrison Barnes.

Stephon Castle, l'avenir à la mène?

Troisième - et dernière - arrivée notable de l’été des Spurs: Stephon Castle, sélectionné en quatrième position de la dernière draft. Le meneur-arrière (20 ans) débarque de l’Université du Connecticut, avec qui il a été sacré champion NCAA au printemps. Dans la quête du titre universitaire, Castle a pu faire admirer toutes ses qualités de défenseur, son plus gros point fort. Encore perfectible au tir, il est toutefois déjà prêt à exister en NBA, que ce soit sur le plan athlétique ou mental.

"J'aime son sérieux pour un si jeune gamin", loue Gregg Popovich. "J'aime le rythme sur lequel il joue, son expression ne change jamais. Il ne va pas trop vite, il ne va pas trop lentement, il lit le jeu. Plus il va jouer, meilleur il sera. Je pense qu'il apprendra très vite et aura rapidement du temps de jeu." D’autant qu’apprendre le métier aux côtés de Chris Paul ne peut qu’être bénéfique, lui qui est appelé à devenir le titulaire au poste 1 ou 2 dans un avenir à moyen terme.

Vassell, Sochan... Prime au développement des jeunes

Pour le reste, l’effectif des Spurs est resté très stable. Parmi les joueurs qui avaient un peu de temps de jeu, seuls Cedi Osman (17,6 minutes la saison passée) et Devonte Graham (13,6 minutes) sont partis. Devin Vassell et Jeremy Sochan, deux éléments centraux dans le projet de reconstruction autour de Wembanyama, sont toujours là. Ils devraient compléter le cinq majeur aux côtés de Chris Paul, Harrison Barnes et l’intérieur français, même si Vassell, le plus gros salaire des Spurs cette saison (29 millions de dollars), ne sera de retour sur les terrains qu’au mois de novembre - la date est encore floue - après s’être fait opérer du pied droit cet été. En sortie de banc, en plus de Stephon Castle, Gregg Popovich et son staff pourront compter sur Tre Jones, Keldon Johnson, Julian Champagnie ou encore Zach Collins.

En dehors des nouveaux arrivants, San Antonio mise sur le développement de ses jeunes talents. Vassell et Sochan sont respectivement âgés de 24 ans et 21 ans et ont donc encore une belle marge de progression. Après avoir affiché de belles promesses en 2023-2024, cette saison 2024-2025 doit servir à situer leur plafond de verre.

Une quinzaine de victoires en plus?

Entre les renforts de joueurs expérimentés et le développement naturel de son noyau de jeunes, San Antonio est donc censé voir plus haut. Au point d’imaginer les Texans candidat au playoffs? "Le fossé me paraît trop important. Il y a aura une progression, c’est clair. Mais les autres équipes me paraissent supérieures sur le papier", tempère Stephen Brun. "L’année dernière, les Warriors, derniers qualifiés pour le play-in, avaient 46 victoires. Ça voudrait dire que les Spurs doivent en gagner 24 de plus par rapport à l’année dernière, soit plus du double."

Les prévisions les plus optimistes tablent sur un bilan aux alentours de 35-38 victoires pour les Spurs, ce qui ferait tout de même un bond d’une quinzaine de succès par rapport à l’année dernière. Depuis l’instauration du play-in dans ce format actuel, en 2021, la qualification pour ce mini-tournoi d’accession aux playoffs entre les équipes classées de la 7e à la 10e place s’est déjà jouée à 34 ou 33 victoires. Lors de la saison 2020-2021, ce sont justement les Spurs, emmenés à l’époque par DeMar Derozan, qui avaient arraché la 10e place avec un bilan de 33 victoires pour 39 défaites.

Mais cette année, la concurrence est féroce et les candidats au top 10 sont nombreux. Selon des calculs effectués par Sports Illustrated, la majorité des bookmakers américains misent plutôt sur une treizième place au classement de la Conférence Ouest, avec le Utah Jazz et les Portland Trail Blazers comme seules franchises derrière les Spurs.

Concrètement, il faudrait donc s’attendre à voir des Spurs meilleurs que l’an passé… mais pas assez pour s’inviter au bal des prétendants à la première partie de tableau. "Je pense que c’est impossible pour les playoffs. Mais c’est hyper intéressant, j’aime beaucoup cette équipe", souligne Frédéric Weis. "T’as Chris Paul qui ramène son expérience, Harrison Barnes qui ramène aussi son expérience et son shoot à trois points, ce dont les Spurs avaient besoin, un Stephon Castle qui va pouvoir grandir sous la coupelle de Chris Paul… Il y a du potentiel." La planète basket est confortablement installée dans son siège pour assister au deuxième acte de Wembanyama en NBA.

Felix Gabory Journaliste RMC Sport