Mondiaux de cyclisme: Leader unique, favori désigné... Alaphilippe vise le titre

Peut-on avoir été 14 jours en jaune en juillet sur les routes du Tour de France, être Français, et aborder avec forme détermination et motivation les championnats du monde de cyclisme sur route, qui se tiendront pour la course en ligne masculine, dimanche en Angleterre? La question brûle sur toutes les lèvres des membres du fan club de Julian Alaphilippe. Surtout après les deux résultats un peu décevants de leur protégé, lors des classiques du Grand Prix Québec Montréal au Canada mi-septembre.
"Julian m'a dit qu'il sera à 100%"
Pourtant dans son clan, on l’affirme haut et fort, ses 7e et 13e place lui ont plutôt donné une nouvelle dose de confiance. "Au Canada, il a plus couru pour faire des efforts et des intensités que pour vraiment gagner", explique ainsi son cousin et entraîneur Franck Alaphilippe. Optimisme partagé par le sélectionneur de l’équipe de France Thomas Voeckler, "très rassuré" de voir que Julian ait pu jouer les premiers rôles et même "attaquer dans le final" de chacune des deux courses.
"Quand j’ai élaboré ma sélection il y a quelques semaines, j’ai passé un coup de fil à Julian en lui expliquant que je voulais en faire mon leader unique, avec autour de lui une équipe toute acquise à sa cause. Mais il y avait quand même cette question que je lui ai posé: serait-il prêt à récupérer et à refaire des sacrifices pour être à 100% aux Mondiaux après un Tour de France très épuisant physiquement et psychologiquement? Il m’a dit oui, je serai à 100%. Du coup j’ai dit, on y va !", précise Voeckler.
Revenu d’Amérique du Nord la semaine dernière, Julian Alaphilippe n’a pas tardé à poser ses valises à Saint-Amand-Montrond, sa ville de naissance dans le centre de la France, non loin de la maison de ses parents. Là où habite surtout Franck son cousin et entraîneur qui, avant d’être définitivement en contrat chez Deceuninck-Quick-Step à partir du mois de janvier 2020, jongle encore entre son poste de responsable du centre de formation local, et sa casquette d’homme à tout faire de Julian (entraîneur, ami, cousin, confident ...).
La peur du manque de fraîcheur
Sur place, le vainqueur du dernier Milan San Remo retrouve ses routes d’entraînement de toujours. Celles qu’il a côtoyées pendant les 26 premières années de sa vie, avant de déménager en Andorre l’hiver dernier pour se confronter à la haute montagne au quotidien. Julian Alaphilippe s’y prépare méticuleusement sous l’œil avisé de Franck. "Il s’entraîne tous les jours, mais il n’y a pas eu et il n’y aura eu qu’une seule grosse séance avant les Mondiaux, c’était samedi dernier, une sortie de 7h". De quoi être sûr pour Julian d’avoir sept heures dans les jambes avant les 284 km de dimanche, mais pas plus.
Car la désillusion d’Innsbruck l’an passé, lors des championnats du monde les plus montagneux de l’histoire en Autriche, est encore dans toutes les têtes. Au sortir d’une très belle saison, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Cyrille Guimard avait fait de Julian Alaphilippe son numéro 1 malgré la présence en équipe de France de deux purs grimpeurs, Romain Bardet et Thibaut Pinot. Un leader qui avait été un peu court dans l’ultime ascension, ne prenant que la huitième place finale, la faute à un manque criant de fraîcheur. "Du coup on s’assure de ne pas répéter les mêmes erreurs qu’en 2018, analyse son cousin et entraîneur Franck. On veille à une gestion parfaite entre condition physique et récupération."
Pour le reste Julian Alaphilippe, arrivera ce vendredi soir dans le Yorkshire. En compagnie de ses sept coéquipiers de sélection, il se livrera au traditionnel exercice de la conférence de presse. Le staff des Bleus le sait très attendu par une horde de journalistes français et étrangers. De quoi le replonger dans la folie médiatique du Tour de France l’espace d’une ou deux heures. Un exercice qu’il ne déteste pas, "mais qu’il avait été surpris de voir à quel point cela pouvait lui mobiliser de l’énergie sur le Tour" analyse Thomas Voeckler. Cela tombe bien, depuis le Tour les sollicitations se sont considérablement réduites. Julian Alaphilippe a pu se préserver, travailler, et se régénérer pour arriver au mieux de sa forme.