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Paris-Nice: "La course aurait dû être arrêtée!", la colère de Vingegaard après une journée dantesque

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La 4e étape de Paris-Nice, entre Vichy et la Loge des Gardes, a été neutralisée par les organisateurs pendant environ 45 minutes suite à une averse de grêle. La course a été relancée à 28km de l’arrivée et remportée par Joao Almeida. Alors que le nouveau maillot jaune Jonas Vingegaard estime que l’étape n’aurait pas dû reprendre, les organisateurs se justifient.

"Tous les coureurs qui y étaient se souviendront de cette étape", affirme Thibault Guernalec. Le coureur d’Arkea B&B Hôtels était dans l’échappée du jour sur Paris-Nice avec six autres coureurs, quand à 45km de l’arrivée et après avoir franchi la côte du Canon, une grosse averse de grêle s’est abattue sur le secteur aux confins de l’Allier et de la Loire. Une moto suiveuse est allée dans le bas-côté et une voiture de l’équipe Décathlon-AG2R qui précédait les coureurs est accidentée.

Décision est alors prise par les organisateurs de neutraliser la course. "La route n’était plus praticable à grande vitesse, on a décidé au sommet de neutraliser temporairement parce qu’on ne pouvait pas descendre dans ces conditions-là, avec autant de grêle sur la chaussée", justifie Thierry Gouvenou, le responsable de la sécurité de Paris-Nice. "Il fallait sortir de cette zone en altitude, et refaire un point arrivés plus bas. Dans ces cas-là, on imagine tous les scénarios, l’annulation aurait pu être possible mais on a eu un peu de chance avec l’éclaircie qui est arrivée. C’était le moment idéal pour repartir."

Après 45 minutes de neutralisation, une pause pour revêtir des vestes imperméables, et une avance à vitesse modérée sur près de 20km, les coureurs repartent à 28km de l’arrivée, avec les écarts entre l’échappée et le peloton enregistrés au moment de la neutralisation, pour une fin d’étape dans des conditions normales. "On doit tirer un grand coup de chapeau aux coureurs, c’est vrai que c’est pas l’idéal de repartir en étant frigorifiés, ils l’ont fait et ont fait un magnifique spectacle dans la montée finale", ajoute Thierry Gouvenou.

Vingegaard: "L’étape la plus froide que j’ai connue"

La question de la reprise de cette étape divise les coureurs. "Il s’est mis à grêler d’un coup, il fallait s’habiller, j’étais sans gants, sans veste, si je m’habillais pas je ne finissais pas la course", raconte Lenny Martinez. "J’étais complètement gelé, j’étais plutôt d’avis de ne pas repartir, c’était très dur et c’est très compliqué de se réchauffer même s’il y avait le soleil." Le Français de Bahrain-Victorious a tout de même réussi à repartir pour tenter plusieurs attaques dans la montée finale vers la Loge des Gardes, suivi par Jonas Vingegaard.

Le Danois, nouveau maillot jaune de Paris-Nice, conteste la reprise de la course: "Personne n’a aimé cette étape, certainement la plus froide que je n’ai jamais connue. La course aurait dû être arrêtée!", affirme le leader de Visma-Lease a Bike. "Les freins ne fonctionnaient pas bien. Peut-être qu’on aurait dû plus discuter entre coureurs et être plus solidaires", a regretté Vingegaard, agacé en conférence de presse.

Gouvenou: "Il y a des images d’archives de Paris-Nice où les coureurs sont au milieu de plusieurs centimètres de neige!"

Les organisateurs ont effet échangé pendant la neutralisation avec les deux représentants désignés des coureurs pour la sécurité au sein du peloton. Ce mercredi, il s’agissait de Matteo Trentin et Oliver Naesen. Jonas Vingegaard a lui été repris à quelques mètres de la ligne d’arrivée par Joao Almeida, vainqueur de l’étape. Preuve que l’avis du Danois n’est pas unanime au sein du peloton, le Portugais d’UAE Emirates estime lui à l’inverse qu’au moment où la course a repris, il n’y avait plus de soucis de sécurité pour les coureurs et que l’étape pouvait donc continuer normalement.

"Par le passé, jamais la course n’aurait été arrêtée dans ces conditions-là", ajoute Thierry Gouvenou. "Il y a des images d’archives de Paris-Nice où les coureurs sont au milieu de plusieurs centimètres de neige! Sinon, on devient comme le tennis et on met une bâche dès qu’il y a de mauvaises conditions, mais on perd l’âme du cyclisme. Peut-être que les coureurs passent trop de temps en stage au soleil et ne sont plus habitués aux conditions d’une fin d’hiver en France…"

Les organisateurs disent rester vigilants pour l’étape de ce jeudi entre Saint Just-en-Chevalet (Loire) et La Côte-Saint-André (Isère), également escarpée et annoncée humide.

Kévin Morand, à Laprugne