"Nous nous sentons en danger": inquiétude sur la Vuelta pour la sécurité des coureurs après les manifestations pro-Palestine, la contestation monte autour d'Israel-Premier Tech

L'inquiétude croît sur les routes de la Vuelta. D'autant plus depuis ce mardi et la chute du coureur Simone Petilli alors que des manifestants pro-palestiniens ont fait irruption au milieu de la route pendant le passage du peloton. L'Association des coureurs professionnels (CPA) a publié ce mercredi matin un communiqué, condamnant fermement la mise en danger des coureurs, et exprime sa profonde inquiétude pour la suite de l'épreuve.
"Il est inacceptable que des associations, quelles que soient leur nature ou leurs motivations, se permettent de compromettre la sécurité et l'intégrité physique des athlètes sur la route. La CPA ne tolérera jamais les actions irresponsables et dangereuses d'une minorité qui mettent en danger la vie de ses membres."
"On aimerait neutraliser"
De son côté, le grimpeur de l'équipe belge Intermarché qui s'est retrouvé au sol a fait part de son inquiétude sur ses réseaux sociaux. "Je comprends que la situation n'est pas bonne mais hier j'ai chuté à cause d'une manifestation sur la route. S'il vous plaît, nous sommes juste des coureurs cyclistes qui faisons notre travail et si ça continue comme ça notre sécurité n'est plus garantie. Nous nous sentons en danger. Nous voulons juste courir ! S'il vous plaît", a insisté Simone Petilli.
Une réunion avec des représentants de coureurs et de l'organisation s'est tenue quelques minutes avant le départ fictif de l'étape de ce mercredi à Bilbao. Une nouvelle manifestation pro-palestinienne a d'ailleurs bloqué le passage du peloton pendant quelques instants sur ce départ fictif.
Et ce n'est pas la première fois que cette 80e édition de la Vuelta est perturbée par des manifestations pro-palestiniennes. Lors du contre-la-montre par équipes de la 5e étape, des militants portant banderoles et drapeaux palestiniens avaient tenté de bloquer les coureurs de la formation israélienne Israel-Premier Tech à Figueras, en Catalogne.
"On a senti une façon de protester de plus en plus virulente au fil des journées. Depuis mardi soir, on discute de l'attitude à adopter face à ça, on aimerait être unis (entre coureurs) pour décider d'une action si ça devient dangereux pour nous, a déclaré au micro du diffuseur Eurosport Julien Bernard, le Français de l'équipe Lidl-Trek, avant le départ ce mercredi. Ce qui est sûr, c'est qu'en tant qu'équipe, on est d'accord que si la course est vraiment bloquée et que ça devient dangereux, on aimerait neutraliser l'étape parce que ça n'a pas de sens de prendre des risques."
Un membre d'une formation française présente sur la Vuelta nous confirme d'ailleurs que le peloton bruisse de ces inquiétudes et relate: "En cyclisme, les coureurs ne sont pas habitués à cette sécurité, et ne sont pas là pour ça. Mais cela doit surtout être pesant pour l'équipe Israël-Premier Tech qui entourée de beaucoup de forces de l'ordre."
Le malaise Israel-Premier Tech
Depuis le début de la guerre à Gaza, la présence dans le peloton World Tour de la formation israélienne - qui se veut être une vitrine de l'État hébreu - est la cible de nombreuses critiques, ses opposants souhaitant une mise à l'écart comme cela a été fait pour la Russie après l'invasion de l'Ukraine. La ministre de la Jeunesse espagnole Sira Rego a par exemple refusé de condamner les manifestations contre une équipe soutenue par un État accusé de "violence systématique" dans l'enclave palestinienne.
Des incidents similaires avaient eu lieu en juillet dernier lors du Tour de France, où un militant pro-palestinien avait perturbé l'arrivée de l'étape à Toulouse, et au Tour d'Italie en mai. Lors de l'arrivée de la 15e étape du Giro à Naples, deux militants pro-palestiniens avaient tiré une corde en travers de la route pour protester contre la guerre à Gaza, alors que les coureurs s'approchaient de la ligne d'arrivée.
Une succession d'événements qui ont poussé les organisateurs et autorités à renforcer la sécurité autour des coureurs d'Israel-Premier Tech. Depuis plusieurs semaines, plusieurs anciens cyclistes de la formation israélienne ont pris la parole pour faire part de leur gêne d'avoir fait partie de cette équipe. Jakob Fuglsang, sous contrat de 2022 à fin mai dernier, s'est dit soulagé "de rouler sans le logo d'Israël" tandis qu'Alessandro De Marchi a rappelé l'intention de l'équipe de "mettre en valeur la beauté du pays", tout en occultant la crise humanitaire à Gaza.