RMC Sport

Tour de France 2025: "Heureusement qu'on a des coureurs qui font le spectacle", le génie Van der Poel raconté par son clan

placeholder video
Quatre ans après avoir éclaté en larmes en souvenir de son grand-père Raymond Poulidor, Mathieu van der Poel a retrouvé le maillot jaune, ce dimanche, en s'imposant à Boulogne-sur-Mer. Un drôle de paradoxe pour ce champion à la relation si complexe avec le Tour de France.

"C'est juste tellement d'émotion…" Corinne van der Poel n'en dira pas plus devant les journalistes. Mais ses quelques mots veulent tout dire. Probablement par pudeur, la mère de Mathieu van der Poel préfère laisser la lumière à son fils, coureur de génie et nouveau maillot jaune du Tour de France. L'histoire se répète pour le dragster néerlandais, qui avait fait chavirer le cœur du public il y a quatre ans en allant chercher la plus belle des couleurs. Une réponse à la promesse faite à son grand-père, Raymond Poulidor, lui qui n'avait jamais porté le maillot de leader en 14 participations, et s'était éteint en 2019.

Signe du destin, c'est encore sur la deuxième étape que van der Poel a levé les bras ce dimanche à Boulogne-sur-Mer, sur un tracé fait pour lui, en devançant à nouveau ce diable de Tadej Pogacar. Autre clin d'œil: ce touche-à-tout surdoué avait fait coup double en 2021 du côté de Mûr-de-Bretagne, une terre qu'il retrouvera vendredi prochain. "La première fois, il était très fier d'avoir le maillot jaune, mais déçu que son papy ne puisse pas le voir", confiait au pied du bus Alpecin-Deceuninck un Adrie van der Poel très touché par la victoire de son cadet.

"Vous savez, pour lui, le Tour n'est pas la course la plus importante. Il est comme moi, il aime les classiques. Parfois, ça ne marche pas sur le Tour. L'an passé, aucune étape ne lui convenait mais il a travaillé pour Jasper (Philipsen). Il faut quand même le faire, de savoir penser aux autres quand on ne peut pas gagner. Lui il le fait avec beaucoup de plaisir. Wout (van Aert) fait pareil. Ce sont des coureurs extraordinaires, ils peuvent faire briller le soleil chez les autres. Je dis, chapeau!", ajoutait le paternel, lui-même double vainqueur d'étape sur le Tour, en écho au travail à nouveau fourni par Mathieu pour Philipsen, vainqueur en patron samedi à Lille.

Une relation amour-haine avec le Tour

Pour l'homme aux huit Monuments, le Tour reste "un bonus", un jour source de frustration, un autre théâtre de quelques-uns de ses plus beaux exploits. "C'est une course qui ne me passionne pas. À part essayer de gagner des étapes et de porter le maillot jaune, il n'y a pas grand-chose à gagner pour moi dans le Tour. Je préfère faire cinq courses où je suis en mesure de gagner que 20 étapes où je ne peux pas jouer la victoire la moitié du temps", avait froidement reconnu le champion du monde 2023 en début d'année auprès de la presse belge.

"Des étapes comme aujourd'hui, on voit du spectacle. Sur les étapes de montagne, on voit les mêmes personnes devant. Sur les étapes de sprints, on voit aussi les mêmes coureurs. Des étapes comme hier et aujourd'hui, c'est différent, c'est pour ça qu'on se met devant la télé. Pour les étapes de sprint, je ne regarde qu'une heure. Les étapes de montagne, ça rappelle l'époque de Sky. Heureusement qu'on a des coureurs qui font du spectacle!", appuyait Adrie van der Poel, avant de basculer sur la personnalité de Mathieu.

"Il est toujours tranquille. Parfois, on va jouer au golf ensemble, on va boire un café avec des amis, ça lui fait du bien de ne parler de vélo, de se détendre. Il ne peut partir s'entraîner une heure et passer le reste de la journée chez lui, il n'est pas comme ça, il a besoin de bouger." Et de s'amuser en course. Soit en se muant en poisson pilote cinq étoiles pour mettre sur orbite son pote Philipsen, dont les proches étaient les premiers à féliciter ceux de Mathieu dimanche. Soit pour s'en aller lui-même concasser la concurrence et rappeler son statut aux plus gros poissons du peloton.

"Pour lui, l'équipe est très importante"

Avec toujours cette volonté d'honorer son équipe de toujours, avec qui il est sous contrat jusqu'en 2028, et ses deux patrons, les frères Philip et Christoph Roodhooft. "On gagne toujours en tant qu'équipe", insistait le premier après être tombé dans les bras d'Adrie. "Il n'y a pas de grand secret, on travaille chaque jour avec le but de faire du mieux possible. Il y a des jours où ça se passe très bien, d'autres où les résultats ne sont pas là alors que le travail a été le même. Pour Mathieu, l'équipe est très importante. C'est un grand champion et on est fiers de l'avoir avec nous. On ne peut pas dire que ce soit une grande surprise qu'il soit là. Mais le maillot jaune, ça reste très spécial."

Et la suite, alors? "Sauf accident il va le garder demain", répondait Adrie van der Poel. "Il faut profiter des bons moments. Si c'est fini demain, c'est fini. Lui a pris le maillot jaune, l'équipe a gagné les deux premières étapes, il faut en profiter."

Rodolphe Ryo, à Boulogne-sur-Mer