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Tour de France 2025: Vingegaard peut-il surprendre Pogacar sur le contre-la-montre de Peyragudes... grâce à son matériel?

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La 13e étape du Tour de France ce vendredi se résumera presque à une course de côte avec un contre-la-montre très court de 10,9km menant jusqu'à l'altiport de Peyragudes. L'occasion pour Tadej Pogacar de tuer un peu plus le suspense, à moins d'un sursaut et d'une prise de risque de Jonas Vingegaard... sur son matériel.

Il a déjà assommé le suspense, mais il peut cette fois le démolir pour de bon. Au lendemain de son coup de force à Hautacam, Tadej Pogacar a l'occasion ce vendredi de se rapprocher un peu plus qu'un quatrième sacre sur le Tour de France après 2020, 2021 et 2024. Placé au cœur du triptyque pyrénéen, le chrono au menu de la 13e étape a le profil parfait pour régaler l'appétit sans limite du champion du monde.

Car après 2,9km de plat au départ de Loudenvielle, il faudra se farcir une ascension de 8km à 7,9% jusqu'à l'altiport de Peyragudes et son panorama désertique. Cette montée sèche pour un contre-la-montre, avec des passages à 16%, convoque le souvenir de 2004 quand Lance Armstrong, avant d'être déclassé bien plus tard, avait englouti les pentes de l'Alpe d'Huez, dépassant même un Ivan Basso parti deux minutes avant lui.

>>> Le contre-la-montre de la 13e étape en direct

"Cyclisme total" et revanche dans l'air

"C'est vrai que ça fait au moins vingt ans qu'on n'a pas eu un contre-la-montre aussi atypique. On sera sur du cyclisme total, avec un effort incroyablement dur dans le final. L'idée, c'est de compenser le premier chrono à Caen qui était très, très plat. C'est bien de se renouveler", observe Thierry Gouvenou, directeur de course du Tour de France. Simplement devancé par Remco Evenepoel, Pogacar avait donné une leçon à Jonas Vingegaard à Caen, et il se verrait bien écraser pour de bon le Danois, déjà relégué à 3'31" ce matin au général.

Une histoire aussi de revanche par rapport à 2023, lorsque le Slovène avait été balayé sur le chrono de 22km de Combloux, en Haute-Savoie. Pas question pour lui de revivre ce traumatisme. Ni de redonner une once d'espoir à la concurrence. L'objectif sera plutôt de rafler une quatrième victoire d'étape sur ce Tour et de mettre le champagne au frais en vue des Champs-Élysées. Vingegaard, lui, doit au moins pour ses supporters - et l'honneur de la Visma - esquisser un début de réaction, et s'appuyer sur ce qui avait si bien fonctionné il y a deux ans, notamment en termes de stratégie.

Vélo de course ou coup de poker ?

À l'époque, sa préparation pour Combloux avait été optimisée dans les moindres détails, avec un travail spécifique autour de sa position aéro, quelques grammes gagnés sur le poids de son vélo en enlevant… de la peinture, et le choix payant de ne pas changer de vélo en cours de parcours. Aérien comme rarement, il avait visé juste en gardant la même monture de chrono du début à la fin, tandis que Pogacar avait continué de perdre du temps en lâchant sa machine de chrono pour une monture plus classique au moment d'attaquer la dernière partie montante.

Le profil diffère cette année et la logique voudrait que les coureurs s'alignent tous avec leur vélo de route, plus léger. Car avec seulement 2km de plat en entrée, la question de l'aérodynamisme est a priori reléguée au second plan. Sauf que Vingegaard et la Visma ont entretenu le doute sur leurs intentions cette semaine, au point de laisser penser qu'ils pourraient opter pour une tactique étonnante. Mardi, lors de la journée de repos, Victor Campenaerts a ainsi montré le leader des frelons néerlandais à l'œuvre sur ce qui ressemblait à son... vélo de chrono. Simple coup de bluff ?

"Normalement, sur ce genre de parcours très dur en bosse, tu pars avec ton vélo de route et éventuellement des prolongateurs pour la première partie. Il faut le matériel le plus léger possible, et une combinaison bien aérée pour la chaleur afin de ne pas être en surchauffe", estime notre consultant RMC Jérôme Coppel, champion de France du contre-la-montre en 2015. "Mais j'ai le souvenir du chrono de Chris Froome en 2016 à Megève sur le Tour. Pinarello avait sorti un vélo uniquement pour ce contre-la-montre au poids minimum à 6,8kg. Il y avait une première partie sur le plat et des portions suffisamment rapides pour avoir de l'aéro. Froome était le seul à avoir fait ce choix."

"La clé, c'est d'avoir le matos le plus léger"

"Ce qui peut être intéressant pour Vingegaard, c'est de prendre un cadre de route, donc un cadre léger, avec un cintre de chrono. Le seul problème, c'est que Vingegaard aime bien se mettre en danseuse et le chrono sera dur. Or avec le cintre de chrono, tu ne peux pas te mettre en danseuse comme avec le vélo de route. La clé, c'est d'avoir le matos le plus léger possible. Pas besoin en revanche de mettre un casque de chrono, ça ne va pas aller si vite. Je partirais sur un casque de route fermé, qui est un peu aéré, sans être une cocotte-minute comme le casque de chrono", étaye Coppel.

Rendez-vous à 17h03 très exactement pour le départ de Vingegaard. Dernier partant, Pogacar s'élancera à 17h05. Pour une nouvelle démonstration ?

Rodolphe Ryo, à Loudenvielle