Tour de France: quel rebond pour Pinot, après sa défaillance et des doutes sur sa carrière?

"Aujourd'hui, c'est peut-être un tournant dans ma carrière": Thibaut Pinot n'a pas caché sa détresse à l'arrivée de la huitième étape du Tour de France ce samedi, après avoir subi une défaillance importante dans la montée du premier col hors-catégorie de cette 107e édition. Abattu par "trop d'échecs", qui l'ont notamment conduit à abandonner en 2016 et 2019, le grimpeur français a semé le trouble sur son futur plus ou moins proche.
"Cette phrase est importante, mais il faut peut être laisser un peu temps à certaines cicatrices physiques et mentales", estime Cyrille Guimard, membre de la Dream Team RMC Sport. "Ça va être dur à digérer", abonde l'ancien champion français Jérôme Coppel dans Intégrale Tour.
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"On connaît aussi les capacités d'un Marc Madiot à remotiver un coureur", souligne néanmoins Cyrille Guimard, observant par ailleurs que Thibaut Pinot n'en est pas à sa première déconvenue et qu'il a "réussi à se relever à chaque fois".
Une analyse partagée par Jérôme Coppel, qui fonde aussi des espoirs sur les qualités de management du dirigeant de l'équipe Groupama-FDJ: "L'année dernière, il avait déjà eu des mots comme ça en disait qu'il allait arrêter et qu'il en avait marre. Marc Madiot avait su le remobiliser pour le relancer. Souvent, en plus, quand il a de gros pépins, il repart encore plus fort. Il a quand même un gros mental, arrive toujours à se remobiliser et à repartir."
Les victoires d'étape et le maillot à pois dans le viseur
Faute de pouvoir jouer le classement général, l'entrée dans la course au maillot à pois à été suggérée par Marc Madiot. Mais Thibaut Pinot ne devrait-il pas plutôt abandonner pour se relancer sur le Giro ou la Vuelta? Cyrille Guimard n'y est pas favorable, et pense qu'il y a encore des objectifs à remplir sur la Grande Boucle: "Il s'est déjà retrouvé dans cette situation et il est allé gagner des étapes dans la dernière semaine." C'était à l'Alpe d'Huez en 2015.
Sauf qu'il n'était pas blessé à l'époque, que sa chute en toute fin de première étape le fait encore souffrir du dos aujourd'hui et qu'il ne peut plus compter sur son ange gardien William Bonnet (qui a abandonné durant cette huitième étape). "Il faut que son équipe fasse le bilan médical pour prendre les décisions, plaide Cyrille Guimard. S'il y a une évolution positive, il faut qu'il reste. Il va y avoir une étape de montagne, du repos, quelques étapes de plat avant qu'on attaque vraiment les Alpes. Il pourra rejouer un rôle. Rappelez-vous de Bardet, l'année dernière. On se demandait s'il ne devait pas abandonner parce qu'il était à la rue. Et à la sortie, aux Champs-Élysées, il a le maillot de meilleur grimpeur."
Au-delà du cas personnel de son leader, l'équipe doit néanmoins se persuader qu'il y a d'autres objectifs à remplir. Y compris en l'absence d'Arnaud Démare sur les épreuves de sprint. "C'est sûr que ça va être la soupe à la grimace à l'hôtel, reprend Jérôme Coppel. Mais les équipiers marchent fort et vont se remobiliser. Ça va donner des cartes à d'autres coureurs. Je pense à David Gaudu et Rudy Molard, qui vont pouvoir faire comme Nans Peters et se glisser dans les échappées et essayer d'aller gagner des étapes."