Critérium du Dauphiné: "Ils ont pris des risques inutiles", Pogacar dézingue la stratégie des Visma

Il ne fallait pas le fâcher. Agacé par les attaques "dangereuses" des Visma en descente, Tadej Pogacar a attaqué dès le pied de la montée finale vers Valmeinier pour s'adjuger l'étape-reine du Critérium du Dauphiné samedi et conforter son maillot jaune à la veille de l'arrivée finale. C'est presque au petit trot que le champion du monde a franchi la ligne, quatorze secondes seulement devant Jonas Vingegaard.
En réalité, il y avait un fossé entre les deux rivaux, visible à l'expression de leurs visages: serein pour le Slovène et déchiré par un rictus de souffrance pour le Danois. "Je ne voulais pas taper trop dans les réserves, il faisait super chaud et j'ai donc géré les derniers kilomètres", a expliqué Pogacar qui, au classement général, compte désormais 1'01" d'avance sur Vingegaard, 2'21" sur l'Allemand Florian Lipowitz et 4'11" sur Remco Evenepoel.
Comme la veille à Combloux, Pogacar a fait la différence sur une seule accélération, en danseuse cette fois, à douze kilomètres du but. Et comme la veille, Vingegaard, le seul à réagir, a lâché au bout de quelques mètres seulement. "J'ai essayé de suivre mais comme hier j'ai dû ralentir", a rapporté le Danois. "Mais je reste content de ma performance." Son équipe Visma a pourtant tout essayé en attaquant dès le kilomètre zéro avec Victor Campenaerts, en envoyant Sepp Kuss dans l'échappée dès le col de la Madeleine et en durcissant dans la dernière partie du col de la Croix de Fer avec Matteo Jorgenson.
"Disons que c'est le cyclisme moderne"
Ses grandes manoeuvres ont non seulement débouché sur rien, elles ont en plus eu le don de fâcher le patron, mécontent de voir les frelons tenter de le décramponner dans la descente de la Croix de Fer. "Ils ont essayé de me lâcher dans le haut de la descente et franchement c'était dangreux. Disons que c'est le cyclisme moderne... Quand Pavel (Sivakov, son équipier) est revenu, il a remis de l'ordre", a expliqué Pogacar, à l'aise au point de remonter un bidon dans la vallée à Sivakov comme un vulgaire gregario.
"Franchement, ils ont pris des risques inutiles dans cette descente. C'était vraiment limite. J'ai dû laisser un peu d'écart au cas où ils n'allaient pas réussir à prendre les virages. C'est vrai que ça m'a donné une motivation supplémentaire dans le final", a insisté le Slovène après avoir décroché sa 98e victoire, plus qu'aucun autre coureur en activité. Elle confirme la forme déjà éclatante du leader d'UAE à trois semaines du début du Tour de France (5-27 juillet) qui pourrait tourner à la démonstration s'il continue sur ces bases.
Interrogé pour savoir s'il fallait s'attendre à un Tour ennuyeux, d'autant qu'il y aura le renfort de grimpeurs de la trempe de Joao Almeida et Adam Yates, il a répondu: "Je signerais pour ça, mais je ne pense pas. Rien n'est facile dans le cyclisme".