Paris-Roubaix : le dernier défi de Wiggins

Bradley Wiggins - AFP
Bonnet sur la tête, veste noire sur le dos, mine renfrognée et épaisse barbe rousse. Même à l’aube de la dernière course de sa carrière, Bradley Wiggins n’a rien changé à ses habitudes ni à son look de rockeur. Le Britannique, qui mettra fin à sa carrière sur route dimanche après Paris-Roubaix, n’avait pas franchement envie de venir s’exprimer face à la presse ce vendredi. Il a d’ailleurs failli sécher son rendez-vous avec les médias, alors qu’il est pourtant la star de la 113e édition de la « reine des classiques ». En l’absence de Tom Boonen et Fabian Cancellara, qui pèsent à eux deux sept victoires à Roubaix, le coureur de la Sky sera la grande attraction d’une course très ouverte.
D’autant plus que le vainqueur du Tour de France 2012, qui compte aussi trois titres olympiques sur piste, n’y vient pas pour faire de la figuration. Neuvième l’an passé pour sa première participation, il compte bien cette fois terminer en tête dans le Vélodrome de Roubaix et ainsi devenir le onzième vainqueur du Tour à triompher dans l’ « Enfer du Nord ». Le premier depuis Bernard Hinault en 1981. Un détail qui n’a pas échappé à Wiggins, incollable sur l’histoire de son sport et qui rêve de triompher sur Paris-Roubaix, comme Johan Museeuw (1996, 2000 et 2002), qu’il avait en poster dans sa chambre lorsqu’il était jeune et avec lequel il a échangé quelques mots ce lundi. « Bien sûr, je pense toujours à ce genre de choses, avoue-t-il. Je rêve de ça depuis que je suis gamin. Si je peux être dans la même position que l’année dernière au Carrefour de l’Arbre… Je suis prêt à y aller ! »
Prudhomme : « Ce serait exceptionnel »
Pour rentrer au panthéon de l’histoire du cyclisme, Wiggins a axé toute sa saison sur ce Paris-Roubaix. Ainsi, il n’est plus le coureur presque squelettique qui volait sur les routes montagneuses du Tour mais a pris du poids pour gagner en puissance. Mais cet objectif unique, conjugué au fait qu’il s’agira de la dernière course de sa carrière, peut-il lui mettre une pression trop forte à supporter ? « Je me concentre juste sur la course, j’essaie de ne pas penser à ça parce que ça peut devenir négatif, explique-t-il. Je finis ma carrière dimanche et pas avant, donc j’ai besoin de me concentrer sur la course. »
« S’il rajoutait à son palmarès ce que plus personne n’a fait depuis Bernard Hinault ceint de son maillot arc-en-ciel en 1981, il y a 34 ans, ce serait exceptionnel, estime de son côté Christian Prudhomme, le directeur de course. Surtout que si on se dit qu’avant Bernard Hinault, celui qui avait fait ça s’appellait Eddy Merckx, on a un peu conscience de l’enjeu et de l’exploit que cela représenterait. » Un dernier sur la route, avant de s’attaquer au record de l’heure dans les mois à venir puis à la conquête d’un nouveau titre olympique sur piste en 2016 à Rio. Mais pour Wiggins, le chemin pour le Brésil passe forcément par les pavés du Nord de la France.